Accueilli très chaleureusement au théâtre du Petit Saint-Martin par un jeune homme diadémé (de vrais diamants, j’ai croqué pour voir), le spectateur venu voir « Doris Darling » découvre un plateau contemporain : projection d’images de poissons, un phacochère tout de blanc vêtu et orné d’antennes psychédéliques, de gros poufs blancs eux aussi qu’on aimerait bien essayer, et un immense escalier, façon cabaret ou descente d’avion. Au choix.
D’emblée le ton de la pièce est donné : une quinquagénaire gaulée comme une déesse descend de ces escaliers vêtue d’un corset rouge, de compensées de la même couleur, et d’une énorme ceinture noire qui accessoirise l’ensemble. Cette apparition n’est autre que Doris Darling, une journaliste qu’il vaut mieux avoir de son côté : son ton acerbe et sa répartie en ont déjà détruit plus d’un. Doris est une femme exigeante qui ne peut que se morfondre face à la vanité du monde du spectacle. Personne ou presque n’échappe à sa plume, d’ailleurs aujourd’hui doit-elle encore aller se justifier devant un tribunal pour ses frasques verbales.
« Quand les chiens se dévorent entre eux, vérifie toujours que la pire chienne assise à la table, c’est toi » !
Secondée par une gentille secrétaire, la cousine de Zézette de la troupe du Splendid, ou encore un comptable en kilt, on ne peut que rire de ces personnages atypiques, de ce latino lover de 30 ans son cadet qui fait le zébulon sur scène … des caricatures qui ne sont pas sans nous rappeler les personnages de la commedia dell’ arte. La méchante, le souffre-douleur, le fripon, le fourbe, le barbon …
Des personnages bien campés qui en prennent tous pour leur grade par la fameuse quinqua’. On rit de son cynisme, on pouffe de sa méchanceté. Après tout, ce n’est que du théâtre, tout n’est qu’illusion dans ce theatrum mundi. Du moins voudrait-on le croire, car ce qui se déroule sous nos yeux est le reflet de notre société contemporaine. Vanité, tout n’est que vanité.
Et puis, alors qu’on était sur le point de se demander si la pièce n’allait pas s’essouffler à un moment donné (après tout, les vacheries, ça va un temps, mais le comique de répétition peut perdre de sa force à terme), voici qu’arrive un tournant dans la pièce. Outre cette satire des temps modernes, voilà que la pièce se la joue thriller. Après tout, peut-on être une bitch sans qu’il y ait des conséquences ? S’ajoute une autre problématique intéressante ici : qu’est-ce qui définit un bon comédien, ne jouons-nous pas tous un rôle ?
La pièce repart alors de plus belle, les actions s’enchaînent et les réparties fusent là où l’on ne s’y attendait pas : chacun se dévoilant sous un nouveau jour.
On ressort de là enchanté par le dynamisme des comédiens, la verve de leur personnage souvent comique à leur dépend.
Doris Darling est une vraie bitch que vous adorerez détester.
Une comédie anglaise de Ben Elton avec Marianne Sergent
Traduction, Adaptation, Mise en Scène : Marianne Groves
Au théâtre du Petit-Saint-Martin
Actuellement
Du mardi au samedi à 21h
Le dimanche à 16h30
Durée : 1h45 sans entracte
Tarifs : 35 €
Voici ce que d’autres en disent :
Jubilatoire ! (…) la mise en scène au couteau de Marianne Groves est servie par un quatuor de comédiens remarquables (dont l’irrésistible Eric Prat), entourant une extravagante et dévastatrice Marianne Sergent. Télérama
«Délicieusement détestable» Vogue
«Exceptionnel de drôlerie» Pariscope
«Brillante et libérée» toutelaculture.com
«Jubilatoire» Reg’Arts
«On frôle la perfection» Sortir à Paris
J’avais déjà lu un commentaire très élogieux sur le blog de Denis… Je crois que je vais me laisser tenter !
Le blog de Denis ? Je ne connais pas, tu as l’adresse ?
http://www.leblogdedenis.com/2012/10/05/doris-darling/
Voilà…
Bon week-end !
Merci !