Un homme et son fils arrivent sur une île perdue de l’Alaska. Une de ces terres sauvages dénuées de tout le confort auquel tout le monde est habitué. Autour d’eux, des arbres à perte de vue perchés sur des montagnes peu avenantes. Les voici donc dans le canot, laissant derrière eux l’hydravion et son pilote : « Tout ira bien », dit celui-ci à Roy, l’adolescent de 13 ans pas vraiment rassuré de laisser derrière lui les derniers signes de la civilisation.
Son père a en tête de vivre de pêche et de chasse. De temps en temps, des balades : une vie au plus proche de la nature. Pour fuir ? Pour se ressourcer ? Le lecteur le saura au fil des pages …
Pour le moment, il faut que nos deux personnages apprennent à se connaître : sur cette île, aucune échappatoire. Ils ont beau être à l’air libre, ils doivent faire face à une promiscuité jusque là inconnue.
Le roman commence par un joli conte expliquant comment la Terre est devenue ronde. Une histoire pleine de poésie qui tranchera avec la réalité de l’histoire puisque ce roman raconte surtout comment un projet au départ idyllique se transforme en périple infernal.
Une vraie descente aux Enfers sur Terre en somme.
Il y aura au départ des conditions matérielles pas franchement adaptées car mal évaluées. Cette île au Sud de l’Alaska n’a rien d’une sinécure et le père de Roy semble avoir mal jugé dans quelle aventure il s’embarquait. Parce qu’il a beau être le père, il n’a pratiquement aucun sens pragmatique. Certes, le matin il est empli de bonnes idées, mais celles-ci s’émoussent avec la course du soleil !
Puis il y aura aussi des accidents prévisibles dans cette contrée inhospitalière, et malheureusement quand les épaules et le mental ne suivent plus, un drame plus important et irrémissible arrivera …
Même avant ce drame, la tension et la souffrance sont palpables. Le décor relativement hostile facilitant lui aussi cette ambiance. Le lieu est en effet un catalyseur puisque cette île fonctionne comme un huis-clos. Ainsi la phrase « L’Enfer, c’est les autres » s’applique ici : sur cette île, ce n’est pas tant la vie quotidienne qui est infernale, c’est plutôt la présence de ce père qui agit comme un adolescent qui empoisonne la vie de Roy. Mais que faire face à un père défaitiste, voire même dépressif quand on a 13 ans ?
Il est intéressant de voir que la création littéraire se plaît en ce moment à décortiquer comment fonctionne le couple père / fils, lien déjà exploité récemment dans la Route de McCarthy par exemple.
Dans ce roman aussi, il s’agit en effet de montrer comment la filiation se fait : quelle leçon de vie donne un père à son fils ? Quelles armes pour s’en sortir dans la vie lui donne-t-il ?
J’ai eu du mal avec cette figure paternelle qui baisse les bras et qui ne donne aucune clé à son fils de 13 ans. Du côté du fils, l’amour pour son père est bien présent, mais Roy voit ce voyage comme une mission quasiment imposée par le Destin : Roy y pensa pendant plusieurs jours. Il se voyait en train d’aider son père, de le faire sourire, tous deux randonnant, pêchant, se promenant sur des glaciers scintillant dans les rayons du soleil. Sa mère, sa sœur et ses amis lui manquaient déjà, mais il sentait que tout cela dégageait un parfum d’inévitable, qu’il n’avait en réalité pas le choix.
Entre le huis-clos évoqué tout à l’heure et cette notion de fatalité, le registre tragique n’est guère loin …
En somme, le roman donne une vision très pessimiste de la filiation, et ce malgré tout l’amour que les deux personnages ont l’un pour l’autre. Un amour incompris et inavoué. Et puisque l’auteur a dédicacé son premier livre à son père mort, peut-être peut-on y voir là un appel d’amour lancé à ce père déjà disparu ?
Comme le roman se découpe en deux parties, le lecteur attend un tournant. Et il va l’avoir …
Malheureusement cette seconde partie cède trop aux sirènes de la facilité. En effet, si dans la première partie certains traits de la littérature contemporaine apparaissent, comme par exemple lorsque le garçon se masturbe (allez savoir ce que cela apporte à la narration ?), le récit reste tout de même structuré et logique. Mais dans la seconde partie, nous voici partis dans des descriptions répugnantes et nauséeuses. Voire même caricaturales. Un peu comme un film de seconde zone où le maquilleur aurait un stock de ketchup à écouler ! Pourquoi ajouter du sanguinolent là où une simple évocation aurait suffi ? A un moment, ces descriptions deviennent même grotesques.
Finalement, j’en viens à me demander si cet attrait pour le glauque est une caractéristique de la littérature contemporaine.
Ainsi entre cette profusion de descriptions dégoûtantes et ce père qui est l’incarnation même de l’anti-héros, cette seconde partie m’a laissée de glace.
C’est dommage car il y a tout de même de belles trouvailles narratives. Par exemple, changer de narrateur dans la seconde partie aurait pu être l’occasion de jouer sur la notion de point de vue : voir un même personnage sous deux angles différents. Mais finalement non, le père de Roy se révèle égal à lui-même …
David Vann signe là un premier roman sombre dont l’idée originale aurait mérité (pour moi) d’être travaillée plus en nuances.
Ed. Gallmeister, 192 pages, 21 €70.
Roman lu dans le cadre des Chroniques de la rentrée littéraire. Sur Ulike, la fiche de l’auteur.
J’ai bien l’impression que pour ce livre je vais jouer le rôle du vilain petit canard. Les avis sont souvent très bons, à l’instar de la phrase de Robert Olen Butler : Ce livre est l’un des premiers romans les plus marquants de mémoire récente, et David Vann est une nouvelle voix importante de la littérature américaine.
La blogosphère est quasiment unanime :
- Papillon a été choquée et bouleversée. Elle a même des palpitations rien que de penser à cette histoire.
- Stéphie en est restée interdite en débutant le seconde partie, mais elle note tout de même une surabondance des détails pas toujours nécessaire.
- Cuné dit que c’est un roman original et dérangeant.
- Brize dit que l’histoire est menée de main de maître.
- Cathulu parle de style tout en retenue et de maîtrise totale de la narration.
- Pour Ys, c’est un beau roman sur la paternité.
- Mango s’interroge quant à elle sur le rôle de la mère dans cette histoire. Effectivement, je me suis posé la question moi aussi.
Tu as raison quant à la dédicace car certains éléments de la mort du père de l’auteur ont été réutilisés dans le roman. Peut-être un roman qui l’aura aidé à faire le deuil.
Plus je lis de billets, moins j’ai envie de lire le livre. Remarque, je freinais déjà des quatre fers au départ. Je suis vraiment fatiguée de cette littérature qui en rajoute un maximum dans la noirceur. La vie c’est aussi autre chose. En tout cas, ton avis est très intéressant.
Contrairement à moi, tu sembles donc avoir préféré la seconde partie. Une chose est certaine, c’est que quelle que soit la lecture que l’on en a, ce livre dérange.
Les détails que tu évoques m’ont paru en phase avec la personnalité tourmentée du père, qui poursuit sa route en étant par moments aux marges de la folie.
Je dois l’avoir par une blogueuse, on verra; mais les avis sont variés quand même.
@ Stéphie :
Ah oui ? Je ne savais pas comment son père était mort. Merci de cet ajout.
@ Aifelle :
Cette abondance de détails glauques m’énerve aussi …
@ Pimprenelle :
J’ai préféré la première partie.
Oui, le livre dérange, pour moi ce n’est pas un signe de qualité, surtout quand on sombre dans l’extrême.
@ Brize :
Oui, le comportement du père est logique. Mais est-ce vraisemblable qu’il n’y ait aucun signe avant-coureur de cette fragilité ? La mère du petit pourrait-elle laisser Roy partir ?
L’origine de l’histoire est tout de même bancale … La mère, très effacée, aurait mérité qu’on parle un peu plus d’elle, à la fin, peut-être ?
@ Keisha :
Oui, j’ai lu sur d’autres blogs que tu voulais ardemment le lire. Je peux te l’envoyer rapidement, si tu veux.
J’aurais aussi préféré plus de nuances, même si cela m’a moins déplut qu’à toi. Mais je reconnais qu’il faut l’attaquer avec le moral!
C’est vrai qu’on préfère lire des romans sur des hommes forts, des hommes capables d’assumer leur rôle de père. Malheureusement, il y en a beaucoup d’autres, et ce sont ceux-là que David Vann a choisi de décrire. C’est un pari gonflé et réussi je trouve, pour un premier roman, c’est fort. Mais je comprends bien aussi que certaines descriptions sont nauséeuses dans la seconde partie, cependant, c’est très efficace pour figurer le basculement dans la folie.
Bon je reste perplexe! On verra s’il croise ma route!
Tout comme toi je me demande si ce n’est pas la mode du glauque en littérature actuellement! Ces parents modernes ne sont pas vraiment à leur honneur et la nature, bonne ou mauvaise, devient de plus en plus souvent un personnage à elle toute seule! Ici, nous sommes vraiment dans le règne de l’extrême et un bon souffle d’air est nécessaire après une telle lecture que j’ai trouvée bien étouffante!
@ Craklou :
Cela dit, je n’ai pas non plus été triste en refermant ce livre. Comme la seconde partie était pour moi caricaturale (j’avais même pensé que le père ferait pire …), j’étais presque extérieure à l’intrigue.
@ Ys :
Je parlais justement avec une copine de ces personnages bien antipathiques : est-ce « à cause » d’eux si on n’arrive pas à aimer un livre ? Un personnage doit-il forcément avoir un capital sympathie en lui ?
En tout cas, c’est une réflexion intéressante, Ys.
Et comme tu dis, pour un premier roman, il ne fait pas dans le consensuel, c’est osé !
@ Elfe :
En tout cas, c’est un roman qui interpelle.
@ Mango :
Ce côté glauque m’agace vraiment. Après la pornographie soft, ou moins soft) cela semble être la nouvelle tendance. Et je n’y accroche pas du tout. :/
Surtout quand elle est à toutes les sauces. Mais parfois j’adhère, comme dans le roman « La Route ».
Une histoire glaçante et apparemment très glauque… Je passe…
Cette scène de la première partie du récit est tout a fait justifiée à mon sens.
Ça nous rappelle pour tout le reste de l’histoire ce que c’est d’avoir 13 ans…
Plus j’y repense et plus je trouve intéressant ces rappports du père et du fils. Ca montre bien que souvent les enfants sont oblgés de suivre leurs parents contre leur gré. C’est le cas de Roy : c’est un gamin qui n’a aucune envie d’être là, il veut être avec sa mère et ses copains. il n’est là que parce qu’il n’a aps voulu faire depeine à son père. Mail il ne rêve que d’une chose : se barrer. Ce serait intéressant de savoir si david vann a voulu régler un comptre avec son propre père…
Seras-tu à la rencontre mardi prochain ?
Je pense (c’est du moins la réponse que j’ai apportée aux questions que je me posais moi aussi) que la fragilité du père n’était pas aussi manifeste : c’est la seule explication au fait que la mère ait autorisé l’aventure.
Beaucoup de blogeuses-eurs le lisent en ce moment, et les avis sont partagés.
Je ne sais pas si je vais le lire mais en tous cas je suis intriguée. La couv est très réussie, ce qui ne gâte rien. Ca va peut-être être dur d’enchaîner tout de suite avec « Père des mensonges » pour vous…
Je ne sais plus quoi penser de ce livre!!!
et bien finalement non je laisse tomber.
Très certainement une de mes prochaines lectures, enfin dès que j’arrive à mettre la main dessus. Donc je repasserai lire ton avis à ce moment là
@ Lali :
Selon moi, il y a d’autres moyens que ce geste pour expliquer comment se comporte un enfant de 13 ans. En fait, ça me gêne qu’on passe toujours par cette facilité. Mais ce n’était qu’un point de détail. )
@ Papillon :
La relation entre le père et le fils est intéressante à étudier.
Parfois, on a l’impression que le fils restera sur sa première décision (je n’en dis pas plus pour ceux qui ne l’ont pas lu), mais c’est son amour pour son père qui le pousse à agir autrement. Peut-être aurait-on pu avoir une réflexion de la part de Roy, puisque nous sommes en focalisation interne dans ce récit. Mais le lecteur en sait finalement très peu …
Je ne sais pas encore si je serai à cette rencontre (j’ai reçu un gentil mail m’y invitant tout à l’heure) car en ce moment, je ne prévois rien 12 H à l’avance !
@ Brize :
Oui, c’est la seule possible. Ou bien la mère était elle aussi très fragile et n’a pas vu dans quel état était le père.
Des questions sans réponse.
@ Alex :
J’ai davantage vu des avis positifs, si tu retrouves des liens plus négatifs, n’hésite pas à me les mettre ici.
@ Solène :
Ah bon ? Zut, alors !
Bon, je tente tout de même. Je comptais m’y mettre justement.
@ Jules :
A toi de te faire ta propre opinion, peut-être ?
@ Alinea :
Définitivement ?
@ 100 Choses :
Ah ! Tu perds des livres, toi !
J’attends ton avis, alors !
le voilà l’avis du vilain petit canard alors! lol
ce qui est sûr, c’est que ce roman fait parler et ne laisse pas indifférent!!
Un roman qui ne me tente pas du tout !
Rien à voir mais je t’ai envoyé un mail pour te dire que j’avais bien reçu « Le livre des choses perdues »
Lu et aimé aussi ! Perso, je n’ai pas trouvé ça caricatural et je n’ai pas été choquée ! Faut croire que je suis une jeune femme blindée contre les atrocités lol
J’hésitais un peu à propos de ce titre…je crois finalemnt que je ne vais pas le retenir…pourtant ton avis m’intrigue quand même!!
Le glauque maîtrisé ne me dérange pas, le gore davantage ! Faut voir… s’il me passe entre les mains, je le prends, mais je reviens de la bibli avec une cargaison, j’ai soudoyé la bibliothécaire et j’en ai eu plus que le prêt ordinaire (chuis bonne cliente
Décidemment pas pour moi!
rhooo ben je revenais voir par ici et je constate que j’ai bégayé :S
désolée, je sais pas comment ça se fait :S
en plus c’est à des heures différentes… étrange ^^
@ La Sardine :
Oui, entièrement d’accord.
J’ai effacé tous tes messages … en 5 exemplaires ! Un quinton, ça existe ?
@ Manu :
Je t’ai répondu à ce mail ! Merci de m’avoir prévenue. )
@ Choco :
Oh, mais je n’ai pas été bouleversée non plus … j’ai trouvé ça caricatural car extrême. Et puis, je n’ai pas cru à cette seconde partie …
@ Lancellau :
Oh, tu peux le lire, il n’est pas super long. Et heureusement d’ailleurs !
@ Lolo :
Alors là il s’agit davantage de gore. D’où les hectolitres de ketchup qui seraient utilisés si ce livre devait faire l’objet d’une adaptation au cinéma.
Il faudrait que j’aille à la bibli moi aussi : elle est à 50 m de chez moi !
@ Chiffonnette :
Je comprends tout à fait. Je suis tout de même contente de l’avoir lu.
Je suis en partie d’accord avec toi.
Mon article arrive très vite et je ne suis pas plus emballée que ça.
C’est plutôt que ne vivant plus en France, j’ai beaucoup de mal à trouver ce que je veux et je ne choisis pas les livres que je lis, ce sont eux qui me choisissent.
J’avais noté ce livre dans ma liste… mais ton avis me fait un peu hésiter ! Je vais attendre un peu…
En tout cas moi j’aime bien les vilains petits canards
Dans ce concert de louanges, il y a vraiment besoin d’un avis un peu plus modéré. Donc merci !
@ Béné :
Je l’ai lu depuis, et même commenté !
@ 100Choses :
Arff, ok, je n’avais pas compris ton commentaire en fait. Où habites-tu, si ce n’est pas indiscret ?
@ Marie :
Je suis loin de représenter la majorité, qui elle a aimé.
@ Emma :
Merci aussi.
Oui, il en faut pour tous les goûts, mais je m’attendais à aimer davantage tout de même. Dommage.
« Vilain petit canard », c’est clair! Tous les avis m’avaient jusque là séduite et là… ton avis fléchit un peu mon envie!
J’attendrai donc un peu………. (que ma pal diminue!)
Entre le côté vie en pleine nature qui ne m’attire pas et l’aspect huis clos et psychologie des personnages qui me tente, mon coeur balance
@ Marie L :
C’est ta PAL qui doit être contente de ne pas augmenter alors.
@ Cynthia :
Arff effectivement ces deux aspects sont représentés tous les deux.
Cela dit, dans la seconde partie, c’est davantage l’aspect psychologique qui a la part belle.
Ce titre me tente beaucoup. J’ai lu une critique alléchante, et la blogo est loin d’être en reste. J’espère ne pas rester de glace… Je verrai bien
@ Sylvie :
Oui, je crois être la plus mitigée pour le moment. J’espère que tu accrocheras à cette histoire.
J’aime beaucoup les éditions Gallmeister mais je ne sais pas si je lirai ce livre maintenant que j’ai lu ton avis.
J’avoue être lasse de ce courant de la littérature contemporaine qui veut qu’un bon roman doit contenir du sexe à gogo, du glauque et du sordide. Je ne dis qu’on doit passer sa vie à lire Jane Austen, mais bon, il y a un juste milieu.
Je regardais un bout de la Grande librairie dimanche, James Ellroy était invité. Lui j’ai justement cessé de le lire à cause de ça. je dois être un peu vieux jeu sûrement…
Alors nous sommes deux à être vieux jeu ! )
Moi ça m’agace de plus en plus … si encore il y avait un but derrière tout ça, mais généralement c’est gratuit !
J’ai bien lu ton billet et je le note !!!
Je n’ai pas été déçue par ce livre. J’ai été littéralement « estomaquée », comme beaucoup. Mais qu’est ce qu’il met mal à l’aise!!
Un roman que je viens de terminer, et que j’ai beaucoup aimé ! bon pour moi il n’y a pas du tout de surenchère dans le côté macabre, mais sans doute parce que je suis habituée à bien pire. Ça aurait pu être largement pire, et je trouve que l’horreur se situe bien ailleurs que dans les scènes qui décrivent le cadavre.
Je viens de le terminer. Je sais je suis en retard…
Bonne lecture pour moi mais qui ne laissera pas de trace.
Le garçon qui se branle contre un arbre, ça j’aime bien, tu dis que ça n’ajoute rien, mais si, du réalisme. Un garçon de cet âge bien constitué, régulièrement il se branle. Ce qui serait anormal, ce serait un roman sans sexe, s’agissant de deux hommes seuls.
Arff, oui, bien sûr, mais franchement ça n’apporte rien à l’histoire … ni à l’ambiance du récit.