Combien d’heures
De jours de semaines encore
A rester derrière cette grille
Patienter
Retenir mon souffle
Fermer les yeux
Hiberner
Mais comment ne plus penser
A ton acide
Qui troue chacun de mes pores
Comment sortir de moi
Ton venin
Qui fait de moi
Ton esclave ?
Désirer
La grille n’est qu’une jalousie
Illusoire
Qui ne me protège de rien
Elle pose sur les objets
Et les êtres
Un masque de dentelle trompeur
Grime la réalité
Se leurrer
Si ce n’est toi
Qui ouvriras cette grille
Qui le fera ?
© Leiloona, le 20 octobre 2013
Morgane :
ESPOIR
Je me retrouve ici comme en pèlerinage … Pas pour prier non ; ça n’a jamais été mon créneau. Pour me rappeler où en était ma vie il n’y a pas si longtemps …
Deux ans plus tôt, j’étais rentré dans cette même église pour me protéger de la pluie battante qui régnait dehors. Les regards des bigotes alentours n’étaient pourtant pas encourageant à mon arrivée : je ne sais pas ce qui les dérangeaient le plus, mon aspect repoussant ou mon odeur nauséabonde. Elles ne m’ont pas poussé dehors à coup de mocassins vernis mais je sentais bien que l’envie était présente. J’ai baissé les yeux vers mes chaussures usées comme j’ai si bien appris à le faire dans la rue.
Une femme s’est finalement approché : Elle ne ressemblait pas aux autres. Elle a posé la main sur mon épaule et s’est assise près de moi. Elle m’a immédiatement parlé de l’association « Demain dès l’aube » : Des retraités qui accueillent à domicile des personnes écorchées par la vie : des femmes battues, des jeunes gens mis à la porte par leurs parents, des S.D.F. comme moi. Je n’avais pas adressé la parole à qui que se soit depuis des lustres : Cet instant me semblait presque irréel mais sa voix chaude et son regard tendre m’ont donné envie de lui faire confiance, de prendre la main qu’elle me tendait. Deux heures après, elle me présentait Bruno et Geneviève qui venaient de remettre sur les rails une jeune anglaise pommée ; ils étaient donc disponibles pour donner temps et énergie à un nouvel éclopé de la société tel que moi. Après plusieurs semaines où ils n’ont fait que me requinquer, est venu le temps de me remettre sur le chemin du travail toujours par l’intermédiaire de l’association. Je suis devenu veilleur de nuit dans un hôtel près de la gare. Six mois plus tard, je les quittais pour m’installer dans un studio, le cœur gros mais le torse fier.
Deux ans après, me voici assis dans la même église, exactement à la même place mais aucun regard malveillant ne se pose sur moi. Je suis devenu comme les autres : invisible finalement …
Je suis devenu moi aussi membre de « Demain dès l’aube » : je ne suis pas retraité et je ne peux pour l’instant pas accueillir qui que ce soit dans mon petit chez moi. Je fais ce que je peux : J’aide les bénéficiaires dans leur tâches administratives ou j’anime des groupes de paroles pour faire part de mon expérience : pour montrer que se relever est possible, que les lendemains peuvent être meilleurs, qu’il faut croire … En qui ? En quoi ? Je ne sais toujours pas … … Aux bonnes rencontres sûrement.
Jacou :
Prière pour un charbonnier
Pour faire une bougie, il faut un bougeoir.
Pour allumer une bougie, il faut un allumoir.
Pour éteindre une bougie, il faut un éteignoir.
Pour moucher une bougie, il faut un mouchoir.
Mais pour toutes ces bougies-là, que va-t-il me falloir ?
Essayons pour voir
Servons-nous d’un encensoir ?
Le mieux ne serait-il pas un aspersoir ?
Tout ceci n’est qu’enfumoir.
Il ne reste plus qu’à nous asseoir
Sur cet agenouilloir
Et prier devant l’ostensoir.
Espérant ne pas déchoir.
Mais où est donc passé le présentoir ?
Et moi, perché sur mon perchoir
Je ne broie plus que du noir !
En quoi vais-je pouvoir croir ?
Les liens vers vos textes, tous écrits à partir de la même photographie :
K Mill : L’oiseau des ténèbres
Jean-Charles : Une envie
Stéphanie : Vide
Yosha : Le jour où les lumières ont vacillé
Cécile MdL : La prière
Jak : Méditation
bon, je vois que je suis un peu en retard, j’avais pourtant travaillé…un peu, de très jolies participations toujours, mes préférées ce mois ci sont Morgane pour son ton si naturel et dépouillé et Yosha. Bravo.
La semaine prochaine alors ?
Et voici mon lien Bisous
http://www.milleetunefrasques.fr/2013/10/une-photo-quelques-mots-10/
Hop, je l’ajoute !
Des textes très différents, comme souvent, un peu mystiques, forcément ! Et un coup de coeur pour celui de Morgane qui m’a particulièrement touchée.
Oui, les bougies ont orienté notre plume.
@ Morgane : une jolie leçon d’optimisme !
@ Jacou : Bien vu ! Ton poème me fait penser à ceux que j’apprenais quand j’étais petite ! Y a du Maurice Carême en toi. ♥
Mais je vais être rouge comme une pivoine si vous continuez … Merciiiiiiiii !!!
Mon coup de cœur est pour Yosha qui nous fait trembler cachés derrière les bougies qui vont vaciller … Brrrrrrrrrrr …
Chapeau bas à Leiloona et à Jacou qui m’étonnent toujours avec leurs poésies.
Bonne semaine !!!
Jean-Charles : si tu passes par là … Je n’arrive pas à commenter chez toi.