Ranger la grisaille
Détricoter la laine
Faire fondre la polaire
Quitter le cocon de soie
Offrir son duvet blanc
A Hélios le divin
Artémis la chasseresse
Se chausse de sandalettes
Et bat le pavé
De sa légèreté retrouvée
© Leiloona, le 18 mai 2014
Jacou : Belles gambettes
Cécile MdL : C’était elle, c’était moi, Barbara et Marie
Jean-Charles : Un rêve illusoire
JAK
Le texte de Mélissa :
LA LIGNE 9
Petite, je plaquais ma main sur la vitre rayée du métro et je regardais en détail les femmes restées sur le quai. Elles étaient belles ces femmes. Et puis, il y avait quelque chose de magique quand le son du départ résonnait dans les galeries, les femmes devenaient floues et laissaient place à un long tunnel sombre. Tous les jours, je les observais mais elles ne me remarquaient pas. Parfois, dans un métro pris au plus grand des hasards, j’en reconnaissais une ou deux que j’avais déjà croisé.
Et bien sûr, sur la ligne 9, il y avait les habituées.
J’aimais beaucoup cette grande blonde, toujours avec un livre dans la main. Elle semblait être dans un autre monde lorsque ses yeux verts parcouraient à travers ses lunettes, les pages à peine jaunies.
Il y avait aussi celle qui souriait à tous les hommes. Mon père l’aurait trouvé belle, en même temps, elle avait des fossettes. Papa adorait les fossettes de Maman, il disait que celle de sa joue droite était plus prononcée que l’autre. Moi, sur les rares photos que j’avais pu voir, jamais je n’avais fait la différence.
Si je n’ai vu que des clichés abîmes d’elle, c’est parce qu’elle est partie quand j’étais bébé. Papa m’avait dit qu’elle reviendrait un jour et que je ne devais pas m’inquiéter car elle me reconnaîtrait sans hésiter, même si j’étais dans une foule.
C’est pour cela que j’avais choisi le métro. S’il disait vrai, normalement, elle serait là, parmi les gens et au moment où elle tournerait son regard vers moi, elle m’aurait reconnu, souri et m’aurait prise dans ses bras. Comme dans les films!
Mais je l’attends encore.
C’est aussi pour ça que j’aimais regarder les autres femmes. J’imaginais laquelle aurait pu être ma maman. Lucie, c’était le prénom que j’avais donné à la brune aux fossettes. Elle avait l’air gentille, mais c’est vrai qu’elle souriait tout le temps. Parfois, ça m’agaçait, parce qu’elle n’aurait pas été prévisible comme maman. Elle n’aurait jamais été fâchée contre moi si j’avais fait une bêtise. Papa, lui, il l’aurait apprécié, comme tous les hommes qui attendaient sur le quai en face d’elle.
A l’inverse de Lucie, il y avait «Charlotte-la-crotte». Elle quand je la croisais j’étais soulagée qu’elle ne soit pas ma maman! Elle était moche avec son nez tordu et ses sourcils épais. Ça faisait comme un oiseau sur son front et puis quand elle n’était pas grincheuse, elle avait l’air sévère. Au fond, je suis sûre qu’elle était méchante et malheureuse cette femme.
Emma, Anna et Stéphanie n’étaient pas intéressantes. Elles étaient fades, ne regardaient que leurs pieds et ne faisaient qu’attendre le métro.
Au final, de toute, je préférais Nelly. Nelly, c’est joli comme prénom et ça lui allait bien. C’était la blonde aux livres. Chez elle ça devait être très lumineux, pas grand, mais agréable. J’imaginais son immense bibliothèque recouvrant un mur entier où j’aurais pu y déposer mes livres d’enfant et prendre les siens. Elle était jeune, elle aurait pu être ma sœur mais je la préférais en maman. Elle lisait souvent des romans d’amour ou d’aventure et je le devinais à ses couvertures qu’elle tenait délicatement entre ses doigts.
Un jour Papa m’annonça que l’on devait déménager mais qu’on reviendrai ensemble. Décidément, il ne fallait pas le croire, mon père.
En effet, après 15 ans je décidai à revenir seule, dans ma ville natale. J’ai rapidement trouvé un travail en tant que libraire mais mon appartement se retrouva à l’autre bout de la ville. Tous les jours je prenais la ligne 9, sans me souvenir que j’avais été fasciné par des femmes, dans l’espoir d’y trouver une maman.
Et là, debout sur le quai, prête à grimper dans la première rame qui arriverait , je fus paralysée. Le métro s’arrêta et le temps aussi: Une petite fille, de dix ans à peine, me faisait face de l’autre côté de la vitre. Elle me fixait de ses petits yeux avec un timide sourire. Je crus me voir à mes dix ans et c’est à ce moment là que je réalisai que moi aussi, petite, je plaquais ma main sur la vitre rayée du métro et je regardais en détail les femmes restées sur le quai.
L’amie du petit déjeuner…
On aurait aussi pu chanter : « On dit que j’ai des belles gambettes… » mais c’est d’une autre génération.
Voici ma participation : http://hisvelles.wordpress.com/2014/05/19/4641/
Ah oui, effectivement je ne connais pas cette chanson. J’irai regarder sur le net.
C’était une publicité pour la Ricorée..
Blblblbl !
une chanson guillerette et une émotion nostalgique… une photo et des histoires si différentes
je n’ai pas eu le temps de finir mon texte qui partait sur une leçon de sirtaki !
bonne journée
Ah oui ? Le point de vue était rigolo, c’est dommage !
Un regard sur le monde, j’aime cela.
Merci !
Hum, si à cause de toi je fredonne le slogan d’une célèbre pub pour le reste de la journée, tu vas m’entendre !
Sinon, des gambettes et de la légèreté, youpi c’est le printemps, ma saison préférée
C’était fait exprès ! Gnark, gnark !
Ce texte léger est charmant. Il va bien avec les beaux jours.
Celui de Mélissa plus mélancolique fait penser aux jours enfuis.
Merci !
Vive le retour de l’été, qui permet, un peu d’effacer la grisaille, de la vie et ses tracas.
Un peu, oui. Disons que nous les voyons sous un autre angle.
Bonsoir,
J’adore ton texte !
Voici le mien
http://randonnezvousdansceblog.blogspot.fr/2014/05/atelier-decriture-chez-bric-book-une.html
Ici, du coup la pluie est revenu, la photo de Marion semble d’un autre temps…
Bonne semaine
Zou, je t’ajoute !
Ici aussi, et j’ai même attrapé froid avec mes petites bretelles …
Hommage au retour de l’été qui voit les filles dénuder leurs jolies jambes! Chez nous on a une expression, on dit qu’elles ont « dépaillé les cardons »… (les cardons sont des légumes que l’on entoure de paille l’hiver)
Je ne connaissais pas cette expression, j’adore !
Voici le lien de mon article
Bonne journée
http://wrviolette.blogspot.fr/2014/05/pour-atelier-decriture-n126-de-leiloona.html
Je l’ajoute ! Désolée de mon temps de réaction, pas mal prise ne ce moment …
@ Mélissa : bien aimé cette narration mélancolique du point de vue d’une enfant.