Paris en ce moment, c’est un chouille désert. Preuve à l’appui avec cette photo prise il y a quelques jours sur le pont de Grenelle. Dans l’année, cette vision relèverait de l’utopie.
Z’avez remarqué le monument derrière le lampadaire gauche ?
En plus grand ça donne :
Plus petite que l’originale ; mais le voyage est moins cher pour la voir.
J’ai mis du temps à m’habituer à la vie parisienne. Enfin, j’ai surtout eu du mal à m’habituer à la conduite des parisiens. En gros, c’est la jungle !
L’an dernier, je devais plusieurs fois par semaine prendre un certain rond-point.
Celui-ci :
J’avais plusieurs défauts :
1. Être une femme
2. Être blonde
3. Être immatriculée 14
Du coup les premières fois, j’avais des sueurs en arrivant près de l’Arc. Profiter de la vue ? Mwahahahahaha ! Non.
Roule ou crève.
Une des premières choses à savoir : ne jamais s’arrêter ! JA-MAIS.
Sinon tu ne repars plus.
Maintenir donc une certaine vitesse tout en regardant à gauche et à droite simultanément. Comment ? En développant le caméléon qui est en chacun de nous. Aussi depuis que je conduis à Paris, je peux à loisir bouger l’œil droit indépendamment de l’œil gauche.
Avec l’œil gauche, je regarde les voitures qui ne sont pas prioritaires (car sur ce merveilleux rond-point, la priorité est à droite). En gros, cet œil n’apporte pas grand chose. Si ça vient de la gauche, c’pas grave, je fonce. Ils s’arrêteront bien.
La technique est donc d’entrer sur le rond-point à fond les ballons, histoire de montrer qui est le chef ! (Puis si je rentre doucement, j’ai 15 000 voitures qui me klaxonnent.)
L’œil droit par contre est indispensable. Car de la droite vient le danger. (Vous remarquerez que jamais un romain n’aurait pu dire ceci. Pour lui, de la droite vient le bon augure.) Et il y en a des VPD (voiture potentiellement dangereuse) !
Alors voilà, une fois insérée dans la circulation, il faut à la fois regarder les voitures qui viennent de droite, sans jamais s’arrêter (important), mais aussi repérer l’axe de la sortie. Si on le loupe, on est bon pour un tour de manège gratuit. Là l’œil gauche qui ne sert pas beaucoup peut aider à repérer la sortie.
Je récapitule. Les mains à 10 h 10, les yeux de caméléon, le pied droit sur l’accélérateur.
Au début, c’était corsé. Au bout de quelques mois, ma technique était bien rodée. Maintenant, quand une copine monte avec moi en voiture, elle se demande si elle ne va pas laisser quelques plumes sur le rond-point.
Le rond-point de l’étoile ? Pfiuut, les doigts dans l’nez mon ami.
Et quand je retourne à Caen, mon frère se marre à côté de moi et me traite de parisienne.