Commentaires sur Reviens-moi (Atonement) de Joe Wright

Nous sommes dans les années 30. Des prémisses de la guerre se font sentir, mais la famille Tallis mène une vie aisée des plus insouciantes. La jeune Briony a déjà choisi sa voie : elle sera romancière ! D’ailleurs elle compte bien mettre en scène une pièce de théâtre pour le retour de son frère.
Malheureusement, un événement imprévu va perturber la vie de cette famille.
En descendant les escaliers, Briony perçoit des bruits dans le bureau. C’est avec effroi qu’elle découvre sa sœur dans les bras du fils d’une domestique. C’est vrai qu’à cet âge-là, voir sa sœur fricoter avec un homme est perturbant … d’autant plus si, du haut de ses 13 ans, on en pince secrètement pour cet homme.
L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais à 13 ans, on ne mesure pas toujours la portée de ses actes … quand Briony dit à la police que Robbie (le fils de la domestique) est un violeur, c’est toute la vie de sa famille qui va se trouver chamboulée.

Joe Wright a su transposer à l’écran avec brio le roman de Ian Mac Ewan (Expiation). D’ailleurs au passage je ne comprends pas du tout le titre français … Tout le film est construit autour de l’expiation de Briony.
Quel intérêt alors de donner un titre mélo à ce film ? Pour se focaliser sur l’histoire d’amour entre Cécilia et Robbie ? (Bon, ok, le film est aussi une histoire d’amour entre Cécilia et Robbie, mais ce n’est pas trop ce que je retiendrai de ce film.)
Hormis ce titre que je ne comprends pas, le film est excellemment bien construit. La scène qui vient perturber la stabilité du début peut être vue de plusieurs façons. Aussi pour bien montrer la multiplicté des points de vue, cette scène est répétée deux fois, de deux points de vue différents.
Pour appuyer cette idée de la multiplicité des points de vue, certains scènes montrent en gros plan des objets réfléchissants comme une boîte tapissée de miroirs

Le film joue aussi sur la mise en abyme et sur l’ambivalence entre la fiction et la réalité. La petite Brioni rêve d’être écrivain ; elle crée une histoire dans l’histoire. Le réalisateur a donc choisi d’accentuer cette histoire dans l’histoire en ouvrant le film sur une maison de poupées. Maison qui reproduit à l’identique la maison victorienne des Tallis. Et après quelques plans, le spectateur voit de nouveau cette même maison grandeur nature de loin, et les personnages (Brioni et Cécilia) ressemblent à s’y méprendre aux poupées aperçues lors du premier plan du film.
La musique participe aussi à la mise en abyme. Plusieurs fois c’est le bruit d’une machine à écrire qui rythme les pas des personnages.

Et que dire du jeu des acteurs ? Keira Knightley joue à la perfection son rôle de femme éplorée. Et la petite Brioni jouée par Saoirse Ronan est bluffante.

J’avais un peu peur du style vieillot que pouvait avoir cette histoire, mais le film est résolument moderne. Christopher Hampton, le scénariste des « Liaisons dangereuses » a fait là un bon boulot car rien n’est laissé au hasard.

Commentaires sur Ma vie en cinq chansons (bonus track inside)

Un tag muscial en ce dimanche qui me vient directement de la contrée de Clarabel.
Ma mission, puisque je l’ai acceptée, est la suivante …

  • Je choisis cinq chansons qui me ressemblent et je dévoile la raison de cet amûr.
  • Je fais une playslist avec ces mêmes chansons.
  • L’avant dernier point de cette délicate mission  : ajouter en bonus track MA chanson. Celle qui me colle à la peau et sans qui je ne serais rien. (Pfiuuu)
  • Le dernier point : passer le bébé à 5 autres personnes.

Toujours difficile de choisir une chanson parmi d’autres …

Tout d’abord une chanson d’une artiste qui n’a pas le succès qu’elle mérite. Il s’agit de Myrtille et de sa chanson « Murmures »

 

 

Une chanson animée d’une douce énergie …

M’ enfin l’énergie n’est pas toujours au rendez-vous et dans ce cas, je suis plutôt comme la chanson « River » de Joni Mitchell

 

Je peux me passer cette chanson en boucle …
Autre chanson qui me ressemble : « Merci » de Jeanne Cherhal :

 

Pour tout ces petits bonheurs indispensables, qu’il faut prendre le temps de savourer.

« Après moi » de Regina Spektor pour le rythme entêtant du piano, pour les vers de Boris Pasternak.

Февраль. Достать чернил и плакать !

Писать о феврале навзрыд,

Пока грохочущая слякоть

Весною черною горит.

Un homme et non le moindre …
La chanson parle d’elle-même « No Surprises » de Radiohead

 

Le bonus track :
Je ne pouvais passer à côté de « Tristana » de Mylène Farmer … cette chanson m’habite depuis que j’ai 13 ans.

Bon, un peu l’impression de me mettre toute nue avec ces chansons …mais telle était ma mission du jour.
Je dois maintenant redonner le bébé à cinq personnes.

  • Lolo
  • Alwenn qui m’avait donné le précédent tag (c’est de bonne guerre ! )
  • Rose et ses petits museaux
  • Antigone
  • Brize

Commentaires sur Errare humanum est …

Lorsque j’ai ouvert ce blog, c’était avant tout un pense-bête : je voulais garder une trace de mes lectures. Puis est venu le premier commentaire … de fil en aiguilles, je suis allée sur d’autres blogs. J’ai donc agrandi mon champ de vision lecture.

Le blog est aussi un cercle vicieux. Depuis son ouverture, je lis davantage. Parfois je me demande même si je ne lis pas pour écrire un billet. J’aime tant partager …

Il y a peu de temps, j’ai lu Les Pages Roses de Téodoro Gilabert. Quelques jours après mon billet, j’ai reçu un mail de cet auteur. Je vous laisse imaginer ma joie … Quel amoureux de la littérature n’a pas rêvé un jour de pouvoir parler directement avec un auteur ?
Puisque certaines intentions du livre (notamment la référence à « Pierrot le fou ») restaient sans réponse, Téodoro Gilabert me proposa gentiment de lui poser toutes les questions que je voulais.
Après plusieurs échanges, j’ai donc compris que j’étais passée à côté d’une dimension importante du livre. Je pense qu’il est important de revenir sur certains points …
Téodoro Gilabert m’a expliqué que le style haché du livre n’était pas dû à un manque de style.
Au contraire, une réelle intention se cache derrière.

Le narrateur aime par dessus tout les films de la Nouvelle Vague. En hommage à Godard, à ses plans coupés et ses arrêts sur image, l’auteur a choisi d’aller à la ligne, de hacher ses phrases.
Ne connaissant que très peu Godard (Me Pudet), je suis passée à côté de cette dimension cinématographique.
Il ne me reste plus qu’à regarder « A bout de souffle » et « Pierrot le Fou » pour combler mes lacunes.
La fin de « Pierrot le Fou » :

Commentaires sur La femme noire qui refuse de se soumettre (Rosa Parks) d’Eric Simard

J’ai reçu cette semaine la sélection du prix des Incorruptibles. Ce sont 5 livres que les 6èmes pourront lire à leur rythme durant l’année. Le but est d’élire le meilleur livre … et bien-sûr d’attiser le plaisir de lire.
Avant de les faire tourner au sein de la classe, je lis les livres. (ça c’est moi en salle des profs)

La femme noire qui refuse de se soumettre est l’histoire de Rosa Parks, racontée par le sourire de celle-ci.
Le sourire revient donc sur l’histoire de cette femme qui refusa un jour de céder sa place de bus à un blanc. De nos jours, cette phrase peut étonner mais en 1955, les lois ségrégationnistes obligeaient un homme noir à s’asseoir dans le fond du bus et à laisser sa place aux blancs si les places venaient à manquer.
Pour avoir violé cette loi, Rosa fut emmenée au poste de police et elle se vit forcée de payer une amende. Un jeune pasteur alors inconnu (Martin Luther King) fit appel aux autres hommes noirs pour commencer un boycott …

L’intérêt du livre est de retracer la vie entière de cette femme. Le jeune adolescent pourra alors s’identifier à cette jeune fille qui ne comprend pas pourquoi un homme noir n’aurait pas les mêmes droits qu’un homme blanc. Il est, je pense, important que les plus jeunes connaissent ce pan de l’Histoire.

Le style d’Eric Simard est très simple et les dessins faits par Carole Gourrat rendent le récit aérien.

Seul le narrateur (le sourire de Rosa) pourra dérouter les moins bons lecteurs …

Je connaissais l’histoire de Rosa Parks, mais je ne savais pas (ou plus) que le boycott contre la compagnie des bus avait duré plus d’un an ! (Comme quoi, les livres de la littérature jeunesse peuvent être utiles aux adultes.)

Le livre a déjà reçu le prix du Petit Théophraste des Benjamins 2007, le prix Télémaque de Corse 2007 (Niveau CM2 / 6ième) et le Prix Jury Jeunes Lecteurs du Havre 2007.

Extrait :

Rosa, va te coucher. 

– Non, je reste à côté de toi.

Rosa était blottie sur le sol près de son grand-père. Elle avait six ans. Il faisait nuit et on entendait parfois des cris dehors. On lui avait dit d’aller se coucher tout habillée au cas où il faudrait quitter la maison le plus vite possible. Mais au lieu d’aller au lit, elle avait rejoint son grand-père assis dans son rocking-chair près de la cheminée. Pas pour lui raconter des histoires… Pour être à ses côtés quand les Blancs surgiraient dans la maison. Des Blancs qui tuaient des Noirs.

Ed. Oskar Jeunesse, 45p

Pour les adultes, Eric Simard a aussi écrit en 2007 une biographie de Rosa Parks.

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Commentaires sur Claude Gueux de Victor Hugo

Parce qu’il est des classiques qu’il faut relire de temps en temps …
1834. Victor Hugo tombe sur un fait-divers relatant une mise à mort. Rien de bien étonnant car à cette époque-là, la condamnation à mort est répandue. Sauf que cette histoire intéresse Victor Hugo. Il a déjà écrit quelques années plus tôt Le Dernier jour d’un Condamné. Ce thème le passionne.
Il veut faire comprendre aux députés que la condamnation à mort est un acte barbare.

A travers cette nouvelle d’une cinquantaine de pages, Hugo accuse donc la société. Il la rend complice de meurtres.

Claude Gueux est un ouvrier qui, faute de travail, a besoin de voler pour nourrir sa famille. A cause de ce vol, il écopera d’une peine de cinq ans de prison. A Clairvaux, Claude travaille dans un atelier. Les autres ouvriers aiment cet homme : Il y a des hommes qui sont fer et des hommes qui sont aimant. Claude était aimant.
Seul le directeur des ateliers rejette cet homme. Pour lui faire mal, il lui annonce alors que sa maîtresse est devenue une fille publique (une prostituée), que personne ne sait où se trouve son enfant.
Je vous laisse imaginer dans quel effroi cette nouvelle plonge le prisonnier.
Mais ce n’est pas tout.
Claude Gueux s’est fait un ami dans cette prison. Albin lui donne chaque jour une partie de sa ration de pain et Claude lui en est reconnaissant. Sans cette ration supplémentaire, il ne pourrait tenir.
L’acte gratuit d’Albin montre que même dans une prison, la gentillesse existe.
Mais le directeur voit d’un très mauvais oeil cette amitié. Il décide alors de mettre Albin dans un autre atelier.
Lorsque Claude lui demande pourquoi, la seule réponse du directeur est « Parce que ».
Belle argumentation …
Claude lui pose donc un ultimatum. Albin doit revenir dans cet atelier le 4 novembre…

La fin de cette nouvelle est facile à deviner. Le directeur ne changera pas d’avis et Claude prendra une décision qu’il juge bonne …
Même si Claude devient un meurtirer, le narrateur l’élève au rang de héros. Ce n’est pas lui que le lecteur juge au fil de l’histoire mais bien la société.
Si le peuple mangeait à sa faim, un homme ne serait pas obligé de voler. D’ailleurs, peut-on condamner un homme pour ce vol ?
Victor Hugo a eu le culot d’écrire cette nouvelle à une époque où la condamnation à mort coulait de source. A travers cet apologue, le lecteur ne peut qu’être ému car Victor Hugo fait passer l’émotion comme personne (c’est tout de même Victor Hugo ! ) Claude Gueux n’est qu’une victime de la société.

Même si cette oeuvre a presque deux cents ans, le souffle de cette histoire est resté moderne.
Comment ne pas penser à Troy Davis qui est en ce moment même dans les couloirs de la mort ? 

Commentaires sur Les petits guides déjantés à l’usage des profs

Comme je vais régulièrement sur le blog Les toujours ouvrables de Soph’, j’ai bondi de joie lorsqu’elle a annoncé il y a quelques mois que bientôt des petits guides verraient le jour.

J’ai donc commandé deux albums sur les six parus : Survivre en salle des profs et Ils sont encore plus nuls que l’an dernier.


Survivre en salle des profs
répertorie donc toutes les astuces pour s’en sortir en salle des profs. Loin d’être un lieu où le prof se repose, la salle des profs est truffée de pièges semblables à une jungle urbaine.
Ainsi obtenir un fauteuil (il est trèèèèèès important de pouvoir relaxer ses guibolles après avoir passé deux heures à piétiner) nécessite d’établir une stratégie digne de Périclès. Grâce aux sept péchés capitaux astuces de Marie, le professeur peut alors espérer offrir à son postérieur un repos bien mérité. Dans le désordre, elle propose de prendre un fauteuil pour deux, d’appeler son collègue des toilettes -histoire de le faire lever du fauteuil- ou encore de jouer à Rain Man (en gros, tu joues au demeuré et les collègues te fuient comme la peste).

Les dessins de Soph’ illustrent les astuces de Marie mais ce n’est pas tout. Pour ne pas décevoir l’attente du lecteur de son blog, des planches autonomes ont été insérées.   
S’enchaînent alors d’autres astuces.
Comment pratiquer l’hypocrisie ? Comment savourer sa pause café ? Comment customiser son casier ? Comment gérer le collègue parano ? etc.
Bref, des situations que chaque professeur a déjà vécu. D’ailleurs ces situations sont vraies dans toutes les entreprises.
Malheureusement, comme les textes de Marie alternent avec les planches de Sophie, la redondance point parfois le bout de son museau. Dommage.
L’autre défaut est que cette alternance nuit au rythme. Sophie et Marie ont chacune un style particulier et j’ai parfois eu l’impression d’avoir une juxtaposition de travail plutôt qu’une collaboration.

 

Ils sont plus nuls que l’an dernier traite des différents élèves qu’un professeur peut avoir en classe. Le rebelle, le fayot, l’hyperactif, le mollusque mais aussi celle qui ne comprend rien.
Marie revient aussi avec ses astuces.
Comment gérer l’élève amoureux transi en fonction de son âge ? Comment gérer le couineur ou le bon élève ? Enfin, dans le dernier cas, ce serait plutôt comment ne pas perdre la face quand un surdoué pose une colle.

Ces différentes caricatures sont réalistes, les dessins de Sophie sont souvent cocasses, mais j’ai tout de même été déçue.
Quand je lis le blog de Sophie, je ne lis qu’une planche tous les deux ou trois jours. Dans les guides, j’ai 63 pages de caricature … et ça m’a lassée.
Lassée de voir que la caricature du prof camif n’a pas changé depuis 30 ans (voire plus), que celle des élèves tourne toujours autour du même thème.

J’en suis même arrivée à me demander si la publication de ces albums était à faire. Que va penser le parent quand il tombera sur ces guides en faisant ses courses ? Ne se dira-t-il pas que le prof est limite irrespectueux envers ses élèves ? Ce qui est étrange, c’est que sur le blog, je ne m’étais pas posé ces questions. Mais en lisant 63 pages autour du même thème, cela devient flagrant.

Le dernier point négatif concerne le format de ces guides. Pourquoi ce format riquiqui ? Pourquoi avoir sorti six albums de ce format plutôt qu’un seul plus grand ? Les planches de Soph’ auraient gagné en lisibilité avec un format normal …
Magnard gagnerait-il plus d’argent grâce à ce format ? C’est vrai que les six petits albums reviennent à 45 € … alors qu’un grand en coûterait une vingtaine …
Bref. Je suis déçue par le format et le rythme de ces guides.

Ed. Magnard, 63 p, 7€50 par guide.
Alwenn n’a pas été déçue et souhaite poursuivre la collec’. 

Commentaires sur Entre les Murs de Laurent Cantet

Hier matin, j’ai eu la chance de voir en avant-première le nouveau film de Laurent Cantet « Entre les murs » qui est l’adaptation du livre du même nom de François Bégaudeau. Un film sur les profs vu par des profs venus exprès faire la queue boulevard Poissonnière à Paris (Bon, on elle était facile, celle-là).
J’ai apprécié lire le livre, car le narrateur y a peint son quotidien dans un collège difficile, le tout sous couvert d’humour, fût-il grinçant.

Hormis la scène initiale, le spectateur se retrouve « entre les murs » du collège durant tout le film, en huis clos. Un an parmi les collégiens du collège Dolto à Paris. Tous les ingrédients sont réunis pour qu’une tragédie se mette en place. Mais elle n’aura pas lieu …
Nous suivons donc le quotidien de François Marin qui enseigne le français et qui est PP (professeur principal) d’une classe de 4ème. Entre rires et tensions, nous voici une petite souris dans une salle de classe.
Les adolescents sont à l’image de ceux que nous voyons en banlieue parisienne, et pour cause, les adolescents jouent leur propre rôle. Ce ne sont pas des acteurs professionnels, pourtant leur ton sonne juste.

Certains collègues qui ont déjà vu ce film se sont offusqués de l’image négative que renvoie ce prof. Il est en effet pas rare qu’il se fasse déborder, les élèves gardent chewing-gum et MP3 en cours, et une bagarre éclate même au sein de la classe.
Il est vrai que c’est difficile de ne pas juger ce prof quand on en est un. Moi non plus, je n’ai pas réussi à me détacher de mon métier. Bien souvent, je me disais que je n’aurais pas réagi de la même façon que François … mais chacun a sa façon d’enseigner après tout.

Que dirait un oeil extérieur ?  Justement, j’attendais impatiemment l’avis de l’Homme sur ce film. Aussi me suis-je empressée de lui demander à la sortie comment il voyait ce prof. Sa réponse m’a réconfortée car il m’a dit qu’avec ce film, les gens se diraient que le contact entre le prof et les élèves n’était pas rompu, que ce François Marin étudiait le français sans le couper de la réalité.
Le message du film n’est dont pas si pessimiste que ça.

Oui, bien-sûr que certains se demanderont comment un prof fait pour tenir devant de tels élèves. D’ailleurs la salle des profs est montrée comme le sas de décompression après un cours musclé. De mon côté, je trouve que ce prof a réussi à maintenir un contact entre lui et ses élèves en les faisant beaucoup parler, et ce même si faire de l’oral est plus propice au débordement.
L’autorité ne passe pas exclusivement par les sanctions.

Par contre, je n’ai pas retrouvé la fraîcheur du livre. Cantet a choisi de mettre en avant les moments de doute d’un professeur, ses failles. Le prof est un homme comme les autres qui se laisse déborder de temps en temps. 
J’attends maintenant la réaction des personnes qui ne font pas partie du milieu enseignant. Ma crainte est que le public prenne pour argent comptant ce film. Cantet et Bégaudeau ont beau répéter que ce film est une fiction, certains croiront qu’il est un miroir des salles de cours.

Pour moi le message du film est de montrer que professeurs et élèves peuvent cohabiter, ce qu’illustre la scène finale du film.
Entre rires et fatalité, ce film mêle plusieurs tons : il est à l’image du microcosme d’un collège.

Commentaires sur Les pages roses de Téodoro Gilabert

En fouinant chez le libraire du coin dans la section « rentrée littéraire », mes yeux ont atterri sur un livre rose. L’image du blog ne met pas vraiment la couverture en valeur, mais cette couleur m’a attirée (peut-être une réminiscence du club Barbie). Il me faut plus qu’un vilain rose pour me rebuter.

Je retourne le livre et je lis ça :

« Penser à son départ à la retraite avant d’avoir commencé à
travailler, c’est sûrement le signe d’une absence totale de vocation.
Mais envisager la fin avant le début, c’est aussi une question
d’esthétique. »

Roman d’un apprentissage, Les Pages roses est un hommage rendu aux étudiants, à Paris, à Nantes, au cinéma de la Nouvelle Vague, aux stars, à la langue latine, aux années soixante-huit, au Petit Larousse illustré, aux professeurs des banlieues, à la méthode Coué, à l’humour.

Mon désir grandit peu à peu aux mots « langue latine » (comment ça je suis prévisible !), « professeurs de banlieue », « Paris ». 
Adopté !

Les pages roses font référence aux pages … roses que chaque dictionnaire Larousse possède. Le roman est lui aussi scindé par des pages roses répertoriant toutes les citations latines et anglaises qui ouvrent les chapitres. 
Le livre commence par  « Alea jacta est ». Pourquoi cette citation ? Le narrateur explique que la découverte des pages roses a très tôt guidé sa vie.

Il en sera de même pour ce livre qui relate la vie d’un professeur de lettres classiques. De sa plus tendre enfance jusqu’à sa mutation à Nantes. Un chapitre, une citation latine.
Bien que le livre ait un semblant ordre chronologique, le narrateur insère des digressions sur tout. Ainsi le lecteur lit au fil des pages l’histoire de Larousse ou encore celle de Brigitte Bardot…

Ce livre est inégal. J’ai bien ri au début quand le narrateur parle des sections élitistes de la section des lettres classiques, puis je me suis lassée des nombreuses digressions, ne voyant pas trop où cela menait. Il en est de même pour l’écriture. De drôle et lyrique, elle tombe parfois dans le néant quand l’auteur s’acharne à aller à la ligne à chaque phrase, voire à chaque mot …
Pourtant je suis allée jusqu’au bout de ce livre car tel un chercheur d’or, je suis tombée sur quelques pépites …

Le narrateur est alors lycéen et il voue un culte à toutes les latinistes et hellénistes.
J’ai fait d’énormes progrès grâce à mon aréopage de Vénus et de nymphettes. J’ai surtout passé du bon temps à butiner ici ou là, à aller voir si la rose
J’ai mis à profit le jour présent, comme disent les pages roses.
Carpe Diem, c’est plus simple et plus joli. Un jour, où je ne pouvais plus garder pour moi seul un bonheur de vivre trop explosif, j’ai craqué.
J’ai pris la craie rouge, celle qui ne part pas au lavage. Profitant d’un intercours, j’ai écrit en grand sur le mur blanc du fond de la classe, à côté de l’Empire romain (…) J’ai écrit ma devise de chevalier servant promu prince du harem.

CARPE PUELLAM

 

 

J’imagine bien la tête du prof en revenant de pause.

Une fois le CAPES de lettres classiques obtenu, le voici muté dans un collège d’Aulnay-sous-Bois dans le 93. Et là le jour de la pré-rentrée, il a une apparition. L’auteur montre ici qu’il est capable d’élan lyrique …
Une silhouette sombre se dégageant des nuages de fumée.
Devant la lumière rasante du soleil matinal, au mois de septembre.
Qui transperçait le brouillard nicotinique de la salle des professeurs. Le contraste aurait été un peu trop puissant, s’il n’avait pas été adouci par un sfumato solaire du plus bel effet, formant le contour vaporeux de ses cheveux et des ses vêtements.

La quatrième de couverture parle de roman d’un apprentissage. Je ne suis pas vraiment d’accord … le personnage principal a l’air de subir son destin plutôt que de l’affronter. S’il choisit d’enseigner, c’est surtout parce que selon lui les lettres classiques ne mènent nulle part sauf à l’enseignement. Et la fin ne laisse guère envisager l’accomplissement du héros. Ou alors il le fait d’une drôle de manière. (D’ailleurs si quelqu’un pouvait me parler de « Pierrot le fou », ce serait sympa. )

En somme, certains passages sont vraiment drôles, mais c’est vraiment dommage que l’écriture et le contenu soient autant disparates. Comme l’écrit si bien le narrateur : Desinit in piscem (il finit en queue de poisson).

Téodoro Gilabert est professeur d’histoire-géographie. Je serais curieuse de savoir pourquoi il a choisi de peindre dans son premier roman la vie désordonnée et désappointée d’un professeur de lettres classiques … 

Si vous souhaitez lire les premières pages de ce roman, vous pouvez cliquer ici.

Ed. Buchet-Chastel, 14 €, 201p 

Commentaires sur La critique de LizaBuzz

Lu à l’instant sur le blog de Laurence (allez voir ses petites graines, ça vaut le détour), je suis allée moi aussi sur le blog de Lisa pour qu’elle fasse la critique de mon blog.

La voici :

  Le soir, certains vont au cinéma, d’autres au restaurant, d’autres les deux, d’autres regardent la télévision. Moi, j’écoute ma radio préférée en lisant et relisant Bric à Book, l’exploit blogosphèrique de Leiloona. Car oui, Leiloona est à l’internet ce que Coco Chanel fut à  la mode, un exemple, un inspirateur, la grande grande classe. signé LisaBuzz

Coco Chaleil, ça me va bien, non ?

Commentaires sur Animer un atelier théâtre

Cette année, j’ai la charge d’animer un atelier-théâtre. Comme mon expérience de la scène remonte à … pfiuu 15 ans ! J’ai dû me documenter cet été. J’ai alors acheté plusieurs bouquins. Celui de l’édition Retz Entraînement théâtral pour les adolescents est bien fait car il répertorie les différentes étapes d’une séance.

Les adolescents arrivent à l’atelier surexcités. Faire du théâtre est un jeu après tout.
La première étape a donc pour but de les relaxer.
En cercle, ils se donnent la main, ferment les yeux. Commence alors un travail sur la respiration. Une grande inspiration par le nez, suivie d’une grande expiration par la bouche. Le tout doit être fait très lentement. Une fois le calme rétabli, je demande alors aux enfants d’écouter la respiration du voisin de droite afin de calquer sa propre respiration sur lui.
Une fois ce travail fait, il faut échauffer le corps. C’est la deuxième étape.
Toujours en cercle, les jambes serrées et les talons joints, les apprentis-comédiens vont lever lentement les talons puis les redescendre lentement aussi en imaginant qu’un citron est venu se placer sous leurs talons. Le but est de presser ce citron. Le talon ne doit jamais toucher le sol car le fruit exerce une résistance. Petit à petit une chaleur parcourt le mollet. La partie inférieure du corps est maintenant échauffée.
La troisième étape consiste à se déplacer. Les adolescents doivent marcher en écoutant mes instructions. Ils commencent à marcher à droite à gauche (pas comme des brutes, ils ne sont pas en train de danser un pogo. )

– Vous marchez dans la rue, il fait beau, c’est agréable.
– Mais il y a de plus en plus de monde, la marche devient difficile.
– Il se met à pleuvoir des cordes, vous avez froid.
– Vous évitez les flaques. (attention aux élèves-tamponneurs.)
– Cette eau devient la mer, vous avez de l’eau jusqu’aux cuisses.
– Vous sortez de la mer et vous marchez sur du sable fin.
– Ce sable se transforme en galets … puis en oeufs (attention, ne faites pas d’omelettes !), puis en boue.
– La boue redevient du béton (je sais, oui je suis une alchimiste. Vous ne le saviez pas ?)
– Il neige, vous avez froid.
– Le soleil revient.
Après cette étape de mise en situation (importante pour que les apprentis-comédiens puissent se rendre compte de l’espace), la voix est le dernier organe à échauffer.
S’ensuivent donc des exercices pour échauffer la voix.

Je n’ai parlé ici que de trois exercices. Le livre en contient 50. Il y a de quoi faire.
Après cet atelier, je suis vi-dée. Je dois montrer aux apprentis ce qu’ils doivent faire et ma voix en a pris un coup. Déjà affailbie par une trachéo, elle a rendu l’âme ce matin.
J’ai le week-end pour la chouchouter. Peut-être vais-je employer la méthode de Céline Dion. Ne pas parler, ça fera des vacances à l’homme.