Nous sommes dans les années 30. Des prémisses de la guerre se font sentir, mais la famille Tallis mène une vie aisée des plus insouciantes. La jeune Briony a déjà choisi sa voie : elle sera romancière ! D’ailleurs elle compte bien mettre en scène une pièce de théâtre pour le retour de son frère.
Malheureusement, un événement imprévu va perturber la vie de cette famille.
En descendant les escaliers, Briony perçoit des bruits dans le bureau. C’est avec effroi qu’elle découvre sa sœur dans les bras du fils d’une domestique. C’est vrai qu’à cet âge-là, voir sa sœur fricoter avec un homme est perturbant … d’autant plus si, du haut de ses 13 ans, on en pince secrètement pour cet homme.
L’affaire aurait pu s’arrêter là. Mais à 13 ans, on ne mesure pas toujours la portée de ses actes … quand Briony dit à la police que Robbie (le fils de la domestique) est un violeur, c’est toute la vie de sa famille qui va se trouver chamboulée.
Joe Wright a su transposer à l’écran avec brio le roman de Ian Mac Ewan (Expiation). D’ailleurs au passage je ne comprends pas du tout le titre français … Tout le film est construit autour de l’expiation de Briony.
Quel intérêt alors de donner un titre mélo à ce film ? Pour se focaliser sur l’histoire d’amour entre Cécilia et Robbie ? (Bon, ok, le film est aussi une histoire d’amour entre Cécilia et Robbie, mais ce n’est pas trop ce que je retiendrai de ce film.)
Hormis ce titre que je ne comprends pas, le film est excellemment bien construit. La scène qui vient perturber la stabilité du début peut être vue de plusieurs façons. Aussi pour bien montrer la multiplicté des points de vue, cette scène est répétée deux fois, de deux points de vue différents.
Pour appuyer cette idée de la multiplicité des points de vue, certains scènes montrent en gros plan des objets réfléchissants comme une boîte tapissée de miroirs …
Le film joue aussi sur la mise en abyme et sur l’ambivalence entre la fiction et la réalité. La petite Brioni rêve d’être écrivain ; elle crée une histoire dans l’histoire. Le réalisateur a donc choisi d’accentuer cette histoire dans l’histoire en ouvrant le film sur une maison de poupées. Maison qui reproduit à l’identique la maison victorienne des Tallis. Et après quelques plans, le spectateur voit de nouveau cette même maison grandeur nature de loin, et les personnages (Brioni et Cécilia) ressemblent à s’y méprendre aux poupées aperçues lors du premier plan du film.
La musique participe aussi à la mise en abyme. Plusieurs fois c’est le bruit d’une machine à écrire qui rythme les pas des personnages.
Et que dire du jeu des acteurs ? Keira Knightley joue à la perfection son rôle de femme éplorée. Et la petite Brioni jouée par Saoirse Ronan est bluffante.
J’avais un peu peur du style vieillot que pouvait avoir cette histoire, mais le film est résolument moderne. Christopher Hampton, le scénariste des « Liaisons dangereuses » a fait là un bon boulot car rien n’est laissé au hasard.