Commentaires sur Ma rentrée en smileys

Si je savais dessiner, je vous ferais de jolis dessins. Mais comme je dessine comme un enfant de 5 ans, je vous la fais en smileys.

Lundi :
Angoisse quand je découvre mon emploi du temps. Les heures supp’ cumulées au latin, ça donne un emploi du temps qui n’est pas du tout conforme à mes vœux. Je fais plus de la moitié de mon service sur deux jours. Le seul avantage : j’ai une journée de libre. Espérons qu’elle ne serve pas à rattraper mes autres journées de foliiiie.

Mardi :
Chaque année c’est le même rituel.
Préparation de la tenue de la rentrée, mise en beauté avec un détour chez le coiffeur , petits soins des ongles ,petit masque à l’argile pour être pimpante le jour du débarquement des morpions.
Et la veille de la rentrée, je fais toujours le même cauchemar. Les morpions hurlent, grimpent sur la table … Cela dit, j’évite le rêve où j’oublie de m’habiller. C’est déjà ça !
Le jour J  : petit tremblement imperceptible mais vite dissipé.

Mercredi :
La reprise se fait déjà sentir … n’oubliez pas, je suis une fainéante de fonctionnaire !

Du coup, le blog est laissé de côté. Pour l’instant, je dois reprendre le rythme. Dès que j’ouvre un livre, mon esprit ne veut pas se brancher sur radio-bouquin. Non, lui il reste branché sur radio-école, le mufle ! Du coup au bout d’une page, je n’ai fait que penser aux élèves, à la brillante idée de cours que je pourrais avoir.

Ma bonne résolution de l’année ? Eviter de ne penser qu’aux élèves et m’occuper de moi. Cétypabo ?
D’ailleurs je retourne lire le dernier Morpurgo.

Qui es-tu Alaska ? John Green

Une couverture noire, une écriture enfantine, des paroles obscures et un labyrinthe ont attiré mon œil.
Que signifient ces phrases juste en dessous du titre ?
Premier ami
Première fille
Dernières paroles
Le petit détour vers la quatrième de couverture m’a définitivement conquise :
« Qui es-tu Alaska est LE roman de l’adolescence : les amitiés fortes, l’amour, la transgression, la soif de connaissance et la fondamentale quête de sens. »

***

C’est décidé ! Miles Halter souhaite partir loin de des parents pour pouvoir vivre de nouvelles expériences. Ici, en Floride, rien ne le retient. Hormis ses parents … mais à 16 ans, il a davantage envie d’être avec ses copains. Le problème est qu’il n’en a pas. Même lors de sa fête d’adieu, seuls deux élèves – à qui il n’a rien à dire- font acte de présence. Mais Miles s’en fiche. Ce qui l’intéresse ? Les dernières paroles des gens célèbres.
Lors de cette dernière soirée si insipide, Miles ne se doute pas encore qu’il vivra des moments inoubliables en Alabama …

Dès son arrivée au pensionnat de Culver Creek, son voisin de chambre, Chip, donne le ton.
– Ce ne sera pas avec moi que tu connaîtras les weekendeurs (* les branchés du lycée) !
Et d’entrée, il affuble Miles d’un sobriquet étonnant : Le Gros. Ce sobriquet le fait sourire … lui le maigrichon.
Dans l’heure qui suit, Miles fait la connaissance des deux meilleurs amis de Chip, alias Le Colonel : Takumi, un japonais qui a la manie de parler la bouche pleine, et Alaska. Coup de foudre de Miles quand il la voit. Mais comme le dit le Colonel, c’est chasse gardée car elle sort avec un étudiant depuis plus de 6 mois.

Cette fille est un réel mystère ! De souriante, elle peut passer à méchante … mais tout le monde semble avoir accepté le caractère lunatique de la demoiselle…

Les journées du petit groupe se déroulent sans anicroche et la vie de Miles est à un tournant. Il a enfin des amis ! Bien-sûr, ils ne sont pas conformes à l’idéal amical de papa-maman, mais avec eux il s’amuse ! Première cuite, première cigarette. Le tout sans se faire voir par l’Aigle (le proviseur). Alors ils planquent leur vodka dans du lait ou fument dans la salle de bain en faisant couler la douche. Le petit groupe aime aussi faire des blagues. Et les weekendeurs sont les premiers visés…

Cette première partie est celle qui m’a le moins plu. Les péripéties que je lisais étaient celles d’adolescents. C’était bien écrit, mais je n’arrivais pas à trouver cette fameuse emprise qu’on attend tous d’un roman.
Sauf que ce récit chronologique était curieusement daté. A chaque début de chapitre, il y avait un décompte.
Cent trente six jours avant …. Cent dix-huit avant… Hum … Mais avant quoi ? Comme je suis curieuse, je voulais au moins lire jusqu’au jour J.
Et je ne fus pas déçue, car c’est à ce moment-là que le livre prend tout son sens, à ce moment-là que je n’ai pas pu lâcher le livre.
Déclic.
Dans cette seconde partie, après ce fameux événement, le récit prend une autre ampleur. Le ton si léger de la première partie se fait moins présent.
Finalement, je suis contente d’être arrivée à ce fameux jour J. Contente de ne pas avoir lâché un livre qui est plein de surprises. Et je comprends mieux la quatrième de couverture.
La vie explose dans ce livre qui fait rire et fondre en larmes l’instant d’après et qu’on voudrait ne jamais finir.

Premier roman de John Green. Jeune homme à l’écriture prometteuse. Le roman est classé dans la littérature jeunesse : il vaut mieux le réserver à un public mature ( 15 /16 ans) car certaines scènes pourraient choquer les plus jeunes et la résolution du livre pourrait ne pas être comprise.

Ed. Gallimard Jeunesse (Scripto), 365p, 13€

Commentaires sur Découvrir Paris est un jeu d’enfant !

A la libraire du musée du quai Branly, j’ai acheté ce petit guide qui, ma foi, me convient bien. Il y a tellement de balades à faire dans Paris que, finalement, je ne sais jamais par quel bout commencer, et ce guide est assez complet pour satisfaire ma curiosité. Les thèmes du sommaire sont complets et peuvent plaire aux garçons comme aux filles.
« Animaux domestiques », « Art contemporain », Guerres mondiales »…
Plus de cinquante entrées !
Si je prends au hasard (oui, oui au hasard !) l’entrée : « Gaulois et Romains », je me rends compte que je peux aller dans 5 musées différents.
Au Louvre, forcément.
Le guide m’invite alors à accéder à la salle 30 du Louvre,  la galerie des mosaïques. Un petit résumé rapide et ludique m’indique ce que je trouverai dans cette salle.
En bas de page, le guide me conseille de me procurer le livre Le Carnet d’Ulysse, si je souhaite approfondir ma visite. 
Si je tourne les pages, on me recommande aussi le Musée Carnavalet (où je pourrai trouver une maquette de Lutèce, des stèles funéraires, des jouets d’époque gauloise), la crypte archéologique du parvis de Notre-Dame, les arènes de Lutèce, les thermes de Cluny.
Chaque visite est accompagnée d’une suggestion utile ; et les nombreux encadrés violets permettent de faire des points historiques.

Le plus de ce guide ? Toutes les visites conseillées sont faites « à hauteur d’enfant » et un pictogramme signale les visites accessibles aux moins de cinq ans.
Mais me direz-vous .. pourquoi acheter ce guide alors que je suis une adulte ?
Tout simplement car je les trouve plus attrayants.

Découvrir Paris est un jeu d’enfant d’Isabelle Calabre – Ed. Parigramme

Commentaires sur Les voisins

Les voisins, on ne peut y échapper … surtout en région parisienne où le moiiiiiiindre espace libre est tout de suite acheté par un grand opérateur mobile.
Du coup, j’ai des voisins. Comme tout le monde. Et comme tout le monde, je dois faire avec.
Même si je ne les connais pas beaucoup, j’ai déjà déjà repéré certains profils (j’ai toujours rêvé d’être profiler …)

Y a les voisins sympas, chez qui on peut refaire le monde autour de plusieurs quelques  bouteilles de rosé. Vu que nous avons les mêmes centres d’intérêt (pfffffff non je ne parlais pas du rosé), on peut rester longtemps à discutailler devant le portail ou dans le jardin.
Y a le voisin un brin casse-pieds qui vient sans avoir été convié et qui se tape l’incruste dès le premier soir, à 23 h, quand je suis toute seule …
Puis y a les voisins bizarres.
Alors oui, je suis une trouillarde. Mais ce qui suit est tout de même étrange.
Mes voisins germains (les plus proches) sont des êtres tout à fait normaux que je classerais parmi les gens sympas.
Sauf …
Sauf qu’ils vivent les volets fermés. Alors l’été, rien de plus normal.
Mais l’hiver !
On cherche tous le moindre rayon de soleil et on se plaint de devoir allumer la lumière dès 17 h (raaahhh et dire qu’on retourne bientôt en hiver) et eux, ils se la jouent volet fermés.
Du coup, mon côté détective privé (je regarde la série Véronica Mars en ce moment, ça accentue mon penchant) a pris le dessus.
Mais du coup je ne sais plus ce que je dois penser de cette découverte.
Alors que je lisais tranquillement dans le jardin, j’entendis un bruit chez les voisins. Zioup, à travers mes lunettes mouche, je regarde discrètos du côté du bruit et là … et là !!!! Le volet s’ouvre !
Miracle ?
Non. Car le volet était ouvert par une main munie d’un gant chirurgical.
*musique de psycho*

Pour moi l’équation est simple. Gant en latex = scalpel dans l’autre main.
L’horreur s’incarnait.
Et là mon cerveau travaille vite.
La voisine découpe des chats en guise de repas …
La voisine torture son mari
Ce sont des vampires et ils doivent vivre les volets fermés …

Bon, depuis j’en ai parlé à l’Homme qui a ri. Sa mère aussi. Ça doit être héréditaire.

Commentaires sur La Tête en friche de Marie-Sabine Roger

Petite visite chez un libraire que je ne connaissais pas. A 100 mètres de chez moi. Librairie claire, libraires gentils comme tout. Première cueillette dans cette libraire : La Tête en friche de Marie-Sabine Roger. Au départ le nom ne me dit rien. Puis l’information monte à mon cerveau et je me souviens avoir lu il y a quelques années La Saison des singes du même auteur. Effectivement, elle écrit aussi des livres pour nos chères têtes blondes.
A la librairie, ils ne connaissaient pas ce livre qu’ils venaient de recevoir.
Mais la quatrième de couverture m’avait déjà conquise.

« Ce qu’ils mettent au dos des romans, je vais vous le dire, c’est à se demander si c’est vraiment écrit pour vous donner l’envie. En tout cas, c’est sûr, c’est pas fait pour les gens comme moi.
Que des mots à coucher dehors -inéluctable, quête fertile, admirable concision, roman polyphonique …- et pas un seul bouquin où je trouve écrit simplement : c’est une histoire qui parle d’aventures et d’amour- ou d’indiens. Et point barre, c’est tout. »

Cette 4ème de couv’ qui est aussi un extrait de ce roman le résume bien.
En effet, ce livre raconte l’histoire de Germain. Le pas futé du village. A 45 ans, s’il n’a pas de contrat de travail, il passe sa journée à compter les pigeons, écrire son nom sur le monument aux morts et à boire chez Francine.
Sa rencontre avec Margueritte va bouleverser sa vie. Oooooooh mais Margueritte n’est pas une jeune femme. C’est une « petite vieille qui était du genre à jeter du pain aux pigeons ». La rencontre n’a rien de glamour, et pourtant Margueritte et Germain vont devenir complices.
Comment ?
Margueritte va faire découvrir les livres à Germain. La première fois, quand elle lui lit un extrait de la Peste de Camus, Germain ressent des émotions fortes.
« A peine elle avait commencé, moi je savais déjà que ça allait me plaire ! Je ne voyais pas trop le genre que c’était, une histoire d’horreur, ou un truc policier, mais ce qui était sûr, c’est qu’elle m’avait chopé par les oreilles, comme on fait avec les lapins.
Je le voyais ce rat crevé. Je le voyais ! (…) C’était pareil qu’au cinéma, mais pour moi tout seul, dans ma tête. »

Germain se prend au jeu des mots, à la lecture ; et ses copains -qui ont l’habitude de se moquer de son QI- le regardent bizarrement la première fois que Germain emploie le mot « teuton ».
Mais où a-t-il appris ce mot ? Est-il fiévreux ?

Ce roman est donc une histoire entre deux êtres que tout éloigne, sauf les pigeons. Une histoire qui vous tient en haleine le sourire aux lèvres. Plusieurs fois j’ai éclaté de rire tant les expressions utilisées par Germain sont tordantes.

Extraits :

« Et en plus, il y a plein de gens dans el monde pour qui le bonheur, c’est en voie de disparition, comme les Jivaro, les gorilles ou l’ozone. On n’a pas tous pareil, en quantité. Ça se saurait.
La chance, elle n’est pas communiste. »

« Au début je trouvais Margueritte marrante (…) et petit à petit je me suis attaché à elle par surprise. L’affection grandit sous cape, ça prend racine malgré soi et puis ça envahit pire que du chiendent. Ensuite c’est trop tard : le cœur, on ne peut pas la passer au Roundup pour lui désherber la tendresse. »

Des passages comme ceux-là, je pourrais vous en citer des tonnes ! J’ai fait des petites cornes au livre toutes les 5 pages ! Mais le mieux est encore de le lire.

Ed. du Rouergue, 218p, 16€50

Clarabel l’a lu avant-hier.

Commentaires sur Le cadeau du chat

Mon chat chasse. Normal pour un chat, me direz-vous ! Oui .. sauf que bien souvent il ramène ses trophées.
Et quels trophées !
Des papillons de nuit !
Le museau en coeur, il dépose à nos pieds tous les papillons qu’il trouve. Une fois la proie lâchée, il miaule vers nous. Miiiiiiiiiiiiiiiiiii regardez ce que je vous ramène. Alors on le caresse pour lui montrer qu’on aime ce cadeau. Mais il n’arrête pas. Miiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii. Du genre, mais prends-le, mange-le, vas-y c’est un cadeau

Du coup, vous n’auriez pas une recette de papillons à la crème dans vos tablettes ?

Commentaires sur La Sixième de Susie Morgenstern

29384365_pComme je bosse sur mes prochains cours de 6ème, je lis des livres sur .. la sixième.

Ce livre était donc tout désigné. 29383977_p

Margot est excitée, c’est bientôt la rentrée ! Elle a hâte de rentrer en 6ème et elle presse sa mère pour renvoyer au plus vite son dossier d’admission. Il ne faudrait pas qu’elle loupe cette rentrée ! Le jour J, une angoisse sourde l’envahit. Et si elle n’y arrivait pas ? 

Petit à petit elle fait connaissance avec ses camarades et ses nouveaux professeurs. Que c’est difficile de changer de classe toutes les heures et d’avoir un professeur pour chacune des matières ! Même la cantine est immonde !
Mais Margot s’accroche. D’ailleurs ce serait plus facile pour elle de travailler si sa classe n’était pas la dernière des 6èmes ! En classe ils bavardent et dans la cour ils fument !
Aussi n’est-elle pas étonnée quand ses professeurs se plaignent de la 6°6 au premier conseil de classe.

– Effervescents, difficiles à contenir, et leur manque de concentration est certain.
– Bavardages constants. Aujourd’hui j’ai donné quatre zéros pour bavardage. Je suis écœurée.
-Ils sont nuls.
-Carrément insolents.

Seule la douce prof d’histoire-géo est contente de cette classe vivante.
Margot qui a été élue déléguée se doit de faire quelque chose. Mais quoi ?

Ce roman brosse avec précision le portrait d’une élève qui entre au collège. Les sentiments sont bien décrits et les élèves de 6ème devraient s’y retrouver. En tant qu’adulte, j’ai trouvé que certains passages étaient longs et bien convenus comme cette comparaison entre le collège et la prison. Puis cette Margot est un peu la caricature de l’élève modèle. En somme, je me suis un peu ennuyée … Mais je peux comprendre que les profs le donnent à l’entrée du collège. Le regard des enfants est sans doute différent de celui d’une adulte !

Ed. L’écoles des loisirs, 137p, 5€

Commentaires sur La requête de la semaine

Mais qu’est-ce qu’un dek ?
Alors là je ne vois pas comment aider cet internaute.
Et surtout je me demande bien comment il a pu atterrir sur ce blog avec cette recherche.

Commentaires sur Mauvaise langue de Cécile Ladjali

Cécile Ladjali est professeur dans un lycée de Seine-Saint-Denis et elle explique dans Mauvaise Langue sa manière d’aborder les textes littéraires en classe.
Pourquoi « mauvaise langue » ? Ladjali rend compte dans cet essai d’un problème contemporain : le manque de vocabulaire des jeunes.
Une citation du philosophe Alain ouvre le livre et donne le ton.
« Tous les moyens de l’esprit sont enfermés dans le langage ; et qui n’a point réfléchi sur le langage n’a point réfléchi du tout. »
Sans langage, point de salut.
Pour Ladjali, la connaissance de la langue ne peut se faire que par l’intermédiaire des œuvres classiques. Il est important de confronter les élèves à des textes difficiles dans le but d’éradiquer le vide linguistique qui les menace. Si le professeur veut asseoir son autorité, il n’a pas à se mettre au niveau des élèves en étudiant un slam ou du rap car il se mettrait alors au niveau des élèves et ne leur apporterait rien.
En outre, lorsqu’on regarde les jeunes dans la rue, on s’aperçoit qu’ils ont tous un MP3 vissé sur les oreilles, qu’ils se parlent assez violemment entre eux. La communication est brisée. Aux professeurs, alors, de leur montrer la beauté et la douceur de la langue.

Etudier les classiques est un passage obligé car la musique de ces textes
permet à l’élève d’écrire par la suite ses propres textes. L’élève a
besoin d’imiter un style et de s’en imprégner avant d’accéder à
l’écriture.
Rien n’est mieux construit qu’une œuvre classique, après tout.
Pour imiter un texte, il faut le lire et l’apprendre par
cœur. pas forcément le comprendre, mais entendre l’harmonie qui se
dégage du texte.
Là encore Cécile Ladjali cite Alain :
« Je suis bien loin de croire que l’enfant doive comprendre tout ce
qu’il récite. Prenez donc La Fontaine, oui, plutôt que Florian ; prenez
Corneille, Racine, Vigny, Hugo. Mais cela est trop fort pour l’enfant ?
Parbleu, je l’espère bien. Il sera pris par l’harmonie d’abord. Ecouter
en soi-même les belles choses, comme une musique, c’est la première
méditation. Semez de vraies graines et non du sable. »

Vient alors le problème de la poésie. Lorsque Cécile Ladjali  étudie un poème, ses élèves lui demandent souvent à quoi sert la poésie, car les élèves ont du mal à comprendre que l’une des valeurs de la poésie est la gratuité. La poésie est inutile. Et dans notre monde consumériste, ce genre est mal vu car la langue doit être information. Là encore le professeur, par sa motivation, doit montrer aux élèves la beauté de ce genre. 

Selon Ladjali, le barbarisme conduirait à la barbarie. La langue des textos ou des chats serait une forme de violence.  Ces adolescents qui hurlent ou lieu de parler montrent une certaine souffrance. Si l’adolescent n’arrive pas à se faire comprendre, il faudra bien qu’il se construise une identité. Comment ? Par la violence.
Comment alors ne pas être effrayé par cette langue qui fleurit sur les blogs ou chats ?
Salu comen sava ?
Ava et twa ?
La langue ici est tronçonnée ; la grammaire malmenée. Certains y voient l’émergence d’une nouvelle langue … mais peut-on la considérer comme l’évolution normale d’une langue vivante ? Un peu comme Céline en son temps qui a introduit l’oral dans ses écrits ? Pour Ladjali, ce n’est pas une nouvelle langue  … rien à voir avec la langue de Céline ou de Joyce.
Parler en SMS pourrait même avoir de fâcheuses conséquences quand cet adolescent entrera dans le monde adulte.  Comment se faire comprendre ? Cette langue dénuée d’artifices est très pauvre.

Pour finir, l’auteur revient sur le rôle de l’école. Auparavant les professeurs appartenaient au ministère de l’instruction publique, maintenant au ministère de l’éducation publique.
Eduquer c’est fournir des règles de vie, prendre le rôle des parents ; tandis qu’instruire revient à donner un savoir théorique dont l’élève se servira pour grandir, s’éduquer.

Pour toutes ces raisons, l’élève doit mémoriser les textes littéraires, entendre leur musique. Le rôle du professeur est de montrer aux élèves que la grammaire occupe la fonction de metteur en scène des phrases. De cette façon, l’élève comprendra les arcanes du langage et deviendra un adulte civilisé, policé.

***

C’est évident que les élèves (d’après mon expérience) aiment étudier de nouvelles choses. Au professeur de leur faire découvrir un univers inconnu. Cependant, l’enseignant est aussi là pour leur faire comprendre les textes … et parfois passer par la presse ou des textes moins ardus que les classiques permet de ne pas démotiver l’élève. L’alternance me paraît judicieuse. Surtout au collège.

D’ailleurs cet apprentissage par cœur des textes devrait intervenir très tôt dans la scolarité de l’élève. Si cet exercice n’est pas pratiqué dès l’école primaire, l’élève aura des difficultés à l’intégrer dans sa scolarité car le cerveau d’un petit est plus malléable que celui d’un adolescent.
Le rituel de l’histoire du soir est aussi important. A force d’entendre des phrases, la musique de la langue deviendra pour l’enfant une évidence, et sans s’en apercevoir il imitera la syntaxe des phrases entendues chaque soir.

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Commentaires sur Sator, l’énigme du carré magique d’Alain Le Ninèze

Sator, l’énigme du carré magique se déroule à Rome et à Jérusalem de 62 à 67 ap. J-C, sous le règne de l’Empereur Néron.
Lucius Albinus est alors le procurateur romain de la Judée (la future Palestine), trente ans après Pilate. Le climat n’est pas très serein car les habitants voient d’un mauvais œil l’occupant romain.
C’est dans ce contexte que Lucius reçoit une étrange lettre de son oncle Publius Balbus, resté à Rome. Véritable appel au secours, il lui demande de résoudre pour lui une énigme.
Le cryptogramme est un carré magique que voici :

Carré magique car ces mots latins se lisent de gauche à droite, mais aussi de droite à gauche, de haut en bas et de bas en haut.  Une sorte de palindrome en somme. 

Hormis « arepo » qui ne signifie rien en latin, ce carré se lit de cette façon « Sator tenet opera rotas » et il peut se traduire ainsi : « Le Semeur (Dieu) dirige les œuvres (des hommes) et les rouages (de l’univers). Les deux « tenet » (le verbe de la phrase) forme une croix.
Lucius renvoie de suite une lettre à son oncle pour lui faire part de sa découverte, mais surtout pour se moquer de lui.
N’a-t-il pas d’autres occupations à Rome ?
La réponse de son oncle lui fait prendre conscience que l’énigme n’est  pas du tout résolue.
Quel est ce mot « arepo » qui ne veut rien dire ?
Cette demande est loin d’être une lubie : si son oncle n’arrive pas à le décrypter, Poppée -l’épouse de Néron- le condamnera. Et rien de plus facile que de tuer un romain secrètement converti au christianisme …
Effectivement Publius n’a pu que bafouiller de vains mensonges face à l’accusation de sa conversion car des soldats romains ont trouvé ce cryptogramme, connu pour être un symbole de la secte chrétienne, dans sa maison ! 
Va alors commencer pour Lucius une enquête qui le conduira à rencontrer les derniers témoins de la crucifixion de Jésus.
En parallèle de la correspondance entre Lucius et Publius, le lecteur sera plongé dans un pan cruel de l’Histoire : la première insurrection juive contre l’occupant romain.

Voici un roman historique très bien documenté car chaque péripétie est appuyée de références historiques en note de bas de page. En fait, Alain Le Ninèze sait de quoi il parle, puisqu’il est agrégé de lettres classiques. Ainsi il citera Flavius Josèphe, Tacite et même Suétone, sans oublier les Evangiles.
Malgré tout, ce roman n’est pas difficile d’accès car les notes n’envahissent pas le livre et le récit est haletant.
Même si je connaissais la plupart des signes cryptés des premiers chrétiens (déformation professionnelle oblige), je n’avais jamais entendu parler du « carré sator » ; et l’explication de ce dernier à la fin du livre est plausible.

Je suis sûre que la curiosité de certains sera comblée quand ils apprendront grâce à la « guematria » ce que signifie le chiffre 666, mais aussi pourquoi le poisson symbolise les chrétiens.
En annexe, Alain Le Ninèze a ajouté une note sur cette technique de lecture ésotérique en revenant sur le code d’écriture « boustophéron » et sur la guematria. Dans un souci de vérité historique des dessins sont joints.
Un livre pour les passionnés d’énigmes et d’Histoire.
L’avis de Cuné.