Je crois que je n’ai jamais autant lu de livres sur la cuisine en si peu de temps : après la cuisine mexicaine de Chocolat amer et celle du Cameroun avec Soulfood équatoriale, me voici plongée dans les recettes indiennes avec ce recueil de nouvelles !
Une jolie façon de voyager dans son hamac !
Derrière ce titre au drôle de nom se cachent 12 nouvelles épicées. L’avant-propos de l’auteur donne le ton :
(Elle parle de sa grand-mère, sa dida.)
Une de ses recettes favorites était le chou-fleur aux cinq épices, un plat délicat, couleur d’or pâle, aux saveurs subtiles. Elle garnissait chacune de nos assiettes de monceaux de chou-fleur et de luchi, et les posait sur un plateau de cuivre qu’elle faisait glisser vers la salle à manger où nous attendions, l’eau à la bouche.
« Mange … mange … tu es tellement maigre », disait-elle en nous regardant attraper les assiettes comme des phoques bien dressés. Sa nourriture très simple, sans garniture ni couleur, nous était particulièrement chère, parce que c’était sa façon à elle de nous caresser sans se polluer les mains.
Le recueil sera à l’image de ce souvenir et sa recette fonctionne à merveille :
- Prenez une dizaine d’histoires indiennes qui donnent aux lecteurs occidentaux un aperçu de cette civilisation.
- Ajoutez un zeste d’humour qui clôt certaines histoires et fera naître un sourire sur les lèvres du lecteur, l’invitant à poursuivre sa lecture.
- Terminez chaque nouvelle par une recette (pas trop élaborée afin que le lecteur ait l’eau à la bouche et veuille faire toutes les recettes.)
- Servez chaud : inutile de faire mariner le livre sur une pile de livres.
La qualité de ce livre (une fois son originalité mise à jour) est de ne mettre en avant ni les recettes ni les récits : les deux s’emboîtent parfaitement. Après nous avoir mis l’eau à la bouche, nous avons la possibilité de créer à notre tour ces plats ! Hormis quelques ingrédients comme le ghi ou d’autres épices qui me semblent difficiles à trouver en France, il est tout à fait possible de reproduire les recettes données.
Le style clair n’a rien de désagréable, et même si certaines nouvelles comme « En Sandwich » ou « L’épreuve du train » ont ma préférence, ce recueil est un bel aperçu pour le lecteur qui voudrait découvrir les us et coutumes de l’Inde. Le lecteur aura la possibilité de découvrir comment le repas d’un mariage peut être l’occasion de montrer sa richesse, comment un homme se trouve pris en sandwich entre la nourriture infâme de sa femme et celle un peu plus comestible de sa mère, comment une jeune orpheline fait preuve d’abnégation pour la famille qui l’a recueillie, et plein d’autres histoires encore. Elles tournent toutes autour des femmes, de leurs conditions de vie mais aussi de leur façon de gérer le foyer. Finalement en brossant le portrait de ces femmes dans leur cuisine, c’est tout un pan de la civilisation indienne que nous avons sous les yeux.
Ed. Picquier poche diffusé par Harmonia Mundi, 6€50, 202 pages.
Ce livre est un maillon de proposé par Armande. Merci pour cette découverte !
Quelques autres maillons : Keisha a été le premier maillon de la chaîne et a aimé, Yoshi a aimé les ambiances différentes et l’humour.
Sinon pour vous mettre encore plus l’eau à la bouche, Rose a ajouté une photo d’une des recettes. A table !
Recette des aubergines frites (p. 85)
2 grosses aubergines rondes
1 grande cuillère de farine
poudre de curcuma
sel
poudre de piment
3 grandes cuillères d’huile
Après avoir coupé les aubergines en tranches rondes, d’épaisseur moyenne, enduisez-les d’un mélange de poudre de curcuma, de piment et de sel sur chaque face, puis trempez-les dans la farine. Faites frire à l’huile bouillante. Disposez sur du papier absorbant qui retiendra l’excès d’huile. Mangez immédiatement, bien chaud, seul ou accompagné de riz. Ces aubergines frites sont servies en hors-d’œuvre dans tout festin bengali qui se respecte.