Quand Oussama Kandar, chef de la brigade criminelle de Kaboul, arrive sur les lieux d’un meurtre d’un petit trafiquant, il est étonné de voir qu’un ministre soit aussi présent. Pour cet homme au regard perçant, ce paradoxe fait mouche, et il compte bien tirer au clair cette histoire. Présence d’un ministre ou non.
Pour les autres hommes, il est clair que Wali Wadi se soit suicidé. Pour Kandar, il faut encore que ce geste soit prouvé.
Il ne savait pas encore que son acharnement à mettre à jour la vérité l’emportera dans de sombres aventures qui le mèneront même dans une région reculée aux mains des Talibans.
Marié à une femme d’esprit libre (elle est infirmière et la burqa n’est pas son vêtement préféré), et père de deux enfants partis d’Afghanistan, c’est un homme à la croisée des deux mondes. Un homme intègre dans un pays fragile et en sang.
Très vite, il se rend compte que mener cette enquête ne sera pas de tout repos, et il lui faudra parfois faire appel à ses talents de sniper pour sauver sa vie. Autour de lui, les hommes de confiance se font rares, et ce n’est pas l’aide inattendue du mollah Bakir, un taliban, qui l’aidera à rester serein face à ce sac de noeuds.
Même si Kandar ne le sait pas encore, il n’est pas le seul à enquêter sur cette affaire. Un analyste suisse, Nick, se retrouve lui aussi confronté à cette histoire. Un homme vient de disparaître et les moyens pour le retrouver sont disproportionnés … Lui aussi tente de savoir pourquoi on assassine des innocents pour retrouver cet homme disparu.
A cet instant de l’histoire, les deux enquêtes n’ont rien en commun. Mais au fil des pages le lecteur comprendra que tout est lié …
Voici un roman policier qui nous plonge dès les premières pages en Afghanistan. De ce pays, on connaît bien sûr les Talibans et aussi l’invasion des troupes soviétiques au début des années 80. Pays marqué par les conflits et les morts, pays meurtri et encore en pleine révolution, c’est un cadre tout trouvé pour un policier. Si l’enquête est déjà un noeud gordien, le cadre de ce roman ne fera qu’accentuer cet enchevêtrement inextricable.
A qui faire confiance ? Au gouvernement en place ? Aux Occidentaux ? A ce haut responsable taliban ?
Le lecteur suit l’enquête de Kandar et il ne sait plus où poser ses yeux : peut-être que derrière ces pages, une mine est cachée et explosera, tout comme dans le livre ?
Et en Suisse, même si on ne redoute pas de tomber sur des Talibans au coin de la rue, là encore personne n’est en sécurité. Nick, en brillant analyste arrive à remonter pas à pas la piste afghane, mais ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’un arrêt de mort plane sur sa tête. Terrible épée de Damoclès.
Bref, un joli sac de noeuds oriental et occidental que le lecteur se plaira à résoudre.
Outre cette enquête rondement menée, le lecteur s’attache à cet afghan particulier. C’est un homme complexe, ayant vécu de sales moments avec les Soviétiques, et il aspire avant tout à faire régner la paix et la vérité dans un pays bien fragile. C’est aussi un homme respectueux des autres : sa relation avec sa femme, très indépendante pour une afghane, l’illustre.
Un homme résolument moderne pour ce pays, mais aussi respectueux des traditions.
En tournant les pages, on sent que l’auteur s’est documenté avant d’écrire ce livre : il n’a pas juste planté son décor en terre étrangère pour écrire un roman exotique. Non, c’est une véritable plongée en terre inconnue qu’il nous est donné de lire. Kaboul mais aussi des régions plus reculées, c’est tout un pays qui s’étale sous nos yeux. Avec toute la violence qu’il peut parfois contenir.
Une enquête bien fichue et dense, des personnages attachants, un cadre réaliste, un état des lieux de ce pays meurtri, le lecteur a de nombreuses raisons d’aimer ce livre.
Pour l’amateur de voyage extrême et féru d’espionnage.
L’homme de Kaboul
Auteur Cédric Bannel
Editeur Robert Laffont
Date de parution 03/03/2011
ISBN 2221117158
21 €
398 pages
Lu dans le cadre d’un partenarait avec et , d’autres blogueurs de canalblog ont déjà lu ce roman : Liliba en a fait un coup de coeur, d’autres chroniques sur le site officiel du livre ici.
Sandrine aussi a aimé.