Imaginez un terrible don : d’un simple regard faire éclore la vérité dans la bouche des autres. Voici un don qui pourrait en séduire plus d’un. Et pourtant Bang aurait terriblement aimé être « juste un type » ; au lieu de cela, il a ce don. Et il est seul.
Qui voudrait en effet être ami avec un homme qui dévoile chez les autres les secrets les plus inavouables ?
Bang marche alors les yeux rivés sur le sol. En attendant le prochain homme qui lui tapera dessus …
Un soir, dans un bar, il rencontre Nao. Et elle lui ment ! C’est une première pour Bang : le voici sous le charme de cette femme mystérieuse.
Une sacrée rencontre, donc.
Bang ne le sait pas, mais un médecin a annoncé le jour même à Nao qu’elle avait une tumeur au cerveau. Alors, pour ne pas passer ses derniers jours enfermée, Nao compte bien vivre sa vie intensément. Par les deux bouts.
Bang, lui, est heureux d’avoir enfin trouvé quelqu’un qui lui témoigne un peu d’humanité. Il n’est plus seul. Et puis, voilà quelqu’un qu’il peut regarder dans les yeux sans avoir peur des conséquences …
Et qu’importe si Nao a un projet bien particulier pour lui, il la suivra, il deviendra même un justicier pour elle.
Nao et Bang, voici deux être complètement perdus qui se sont bien trouvés. On pourrait presque croire qu’enfin le destin va leur sourire. Mais on sait bien qu’il n’en est rien : le cancer de Nao est une épée de Damoclès au-dessus d’eux, et ils auront beau croquer la vie par les deux bouts, elle n’en sera que plus vite consumée.
Au gré des rencontres, le lecteur se prend alors en pleine face les secrets les plus glauques de ces personnes rencontrées par notre petit couple. Des histoires sordides mais pas impossibles, malheureusement, qui peignent ici et là des portraits humains peu reluisants.
Un road-movie épicé commence alors, et ce sur plusieurs continents. Gare à ceux qui croiseront leur chemin : si la vie en fait baver à Nao, aucune raison pour que les autres non plus ne paient pas leur part …
Voici un roman au style très cru. On ne s’encombre pas de pincettes dans le monde de Nao, non, on suce la queue de Bang, parce qu’on appelle un chat un chat. Mais dans cette histoire le cru passe bien. Parce qu’il donne sens au livre et fait corps avec lui. Parler de la plus sordide des vérités avec un style ampoulé aurait été antithétique.
Le sujet, quant à lui, peut rebuter. Imaginez : des personnages secondaires qui ne feront qu’avouer leurs secrets les plus abjects, une tumeur au cerveau qui n’épargnera pas l’héroïne… Le Bon, la Brute etc. est un roman sur notre belle société contemporaine pas du tout égoïste et superficielle, et il est inutile d’y trouver une quelconque rédemption finale. Le monde est pourri, et ce, jusqu’à la fin.
Le bon, la brute, etc., véritable satire de la société, pourrait même se classer parmi les romans picaresques s’il avait été raconté à la première personne … Un sujet novateur, des personnages attachants, et pourtant le tout tourne vite court, et ce malgré certains rebondissements. Car on le sait d’emblée, le monde est pourri, et rien ne pourra l’assainir.
Un début francassant, novateur et plaisant qui s’émousse un peu trop vite. Une lecture « feu de paille », donc.
Auteur : Nollet, Estelle
Editeur : Albin Michel
Date de parution : 14/08/2011
EAN13 : 9782226229748
Genre : LITTERATURE FRANCAISE ROMANS NOUVELLES
342 pages
20 € 30
Allez lire le billet de Laurence : son avis est contraire au mien, cela pourrait vous donner envie de lire ce roman.
Lu pour le prix des Chroniques de la rentrée littéraire, catégorie roman français.