- Et puis vous êtes soeurs. Quand on a une soeur, on n’est plus jamais seule.
Il est des phrases qui résonnent en nous toute notre vie. Des phrases qu’on aurait aimé oublier, car elles ont cette faculté de pouvoir nous détruire, ou du moins de nous empêcher d’avancer.
Très tôt orphelines, les deux fillettes se créent une relation mortifère dont l’aîné serait la cheftaine. Oui, elles sont deux, et de cette union elles sortiront grandies. Du moins, il n’y a que l’aînée pour croire à tout ceci, l’aîné qui semble devenue folle depuis qu’elle est restée de longs moments avec le cadavre de leur mère … La petite, de par son plus jeune âge subit les extravagances de sa soeur. Au foyer, elle aimerait bien qu’une famille la prenne sous son aile, mais la grande fait tout pour anéantir la moindre démarche d’adoption.
C’est dans ce climat anxiogène que les deux grandissent, et leur vie d’adulte les montre tels des oiseaux mazoutés. Attachée par un lien imaginaire, la petite ne sait plus vraiment comment vivre vraiment sa vie d’adulte …
Le lecteur prend de plein fouet cet univers particulier. La faucheuse n’en a pas fini de tourner autour des deux jeunes femmes, on peine à se dire qu’enfin elles trouveront peut-être une certaine rédemption. Parfois la vie peine à laisser souffler ces êtres qui enchaînent les mauvais pas.
La mort d’une mère, la folie d’une soeur, l’absence d’un père. La petite peine à déplier ses ailes. Elle a tellement de mal à se tenir sur ses deux jambes qu’elle ne voit même pas autour d’elle ces personnes qui pourraient lui être salvatrices. Elle a tellement morflé qu’elle se ferme comme une huître de peur de souffrir de nouveau.
L’écriture âpre mime cet univers bancal, les mots familiers fleurissent ici ou là mais à bon escient. Comment la grande aurait-elle pu parler autrement qu’une langue agressive et dénuée de tendresse ?
Le Soleil à mes pieds se lit dans un souffle, on ne voudrait pas lâcher la petite, on voudrait l’appeler pour lui montrer quelles joies peut aussi apporter la vie, on aimerait bien prendre dans nos bras cet oiseau chétif …
Une lecture en apnée, la description de cette union mortifère sonne juste, et malgré tout, on se plaît à connaître à la fin du roman le doux prénom de notre personnage. Fait de rondeur et de jolies ailes.
Auteur(s) : Delphine Bertholon
Titre : Le soleil à mes pieds
Editions : JC Lattès
Collection : Littérature française
Date de Parution : 08/2013
Code EAN/ISBN : 9782709631082
Hachette : 4542270
Prix public : 16.00 €
Format : 130 mm x 205 mm
187 pages
Le livre a déjà fait la rencontre de pas mal de blogueuses :
Noukette : J’ai par moments eu l’impression d’être prise au piège de cette narration, du coup je ne saurais dire si j’ai aimé ou non ce roman. Il m’a marquée en tous cas…
Stephie : C’est un très beau texte dans la mesure où sa simplicité apparente permet de faire alterner des moments de douceur avec des moments d’une grande violence psychologique ainsi qu’avec l’extrême crudité des propos et actions de la Grande.
L’Irrégulière : Un très beau roman, très touchant, extrêmement bien écrit, qui explore avec beaucoup de subtilité ce qui semble être un des thèmes de prédilection de l’auteur, la famille. Un roman qui pourrait être sombre, mais qui justement parce qu’il a sa part d’ombre permet de mieux faire briller le soleil.
Clara : Un roman qui par son écriture et sa subtilité interpelle, émeut encore longtemps après sa lecture !
Mango : une écriture que j’ai ressentie comme artificielle pour une telle histoire et à laquelle je n’ai pu adhérer complètement.
Lucie : La prose de Delphine Bertholon teintée de rimes scande un rythme qui interdit au lecteur de lâcher cette histoire avant la fin. Elle devient entêtante, obsédante, comme une musique qui reste en tête…
Sophie : Un roman touchant et prenant à l’écriture souvent incisive et hachée, comme les pensées de la Petite.
Avec cette lecture, j’entame le 4 % du challenge de la rentrée littéraire. 19/24