La Petite Communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon.

OLY 1976 NADIA COMANECI

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Redonner la voix à ce film presque muet qu’a été le parcours de Nadia C. entre 1969 et 1990. 

De Nadia Comaneci, Lola Lafon, tout juste 40 ans, ne peut avoir de vrais souvenirs, puisqu’elle était bien trop jeune au moment où la jeune athlète était au sommet de sa gloire. Pourtant, elle signe là bien plus qu’une biographie plate et sans saveurs. En lisant Le petite communiste qui ne souriait jamais, c’est toute la vie de Nadia Comaneci, pensées comprises, qui défile devant nous …

A mi-chemin entre le biopic souvent inintéressant (sauf pour les mordus) et le roman (trop éloigné de la réalité), l’auteur s’est documentée sur cette athlète en lisant notamment ses lettres, et a comblé les blancs existants.
S’ouvrent alors à nous toutes les pensées de cette jeune fille aux couettes.
Son travail acharné, sa relation avec Bela, son régime strict, ses blessures, ses joies, son moral d’acier, son envie de réussir et de se dépasser encore et toujours, mais aussi sa relation avec le gouvernement de Nicolae Ceaușescu …

Tout sonne vrai et juste. La narratrice semble avoir fait corps avec la jeune athlète, fouillant au plus profond de ce que la jeune roumaine a pu ressentir. Sans doute grâce aussi à certains procédés utilisés  : le récit est émaillé d’échanges fictifs avec Nadia Comaneci qui démontrent à quel point l’athlète entretient le halo de mystère qui l’entoure encore aujourd’hui … échanges remplis de contradictions, d’envies de retirer des parties, de se confier sur d’autres, mais aussi d’affronter deux regards, ceux d’une femme de l’Est, l’autre de l’Ouest … le lecteur n’imagine que trop bien que ces échanges auraient pu vraiment exister.

En réalité, ce roman est bien plus que le récit fascinant de la jeunesse de Nadia Comaneci : véritable mythe roumain, machine de guerre d’un gouvernement mégalomane, tout y est disséqué. La jeune femme incarne alors une époque révolue où un petit pays a fait de la résistance à deux grandes puissances avant de devenir ubuesque.

En fait, le roman de Lola Lafon est à l’image de l’athlète : tout en équilibre, gracieux et fascinant. Le lecteur referme ce livre fasciné par un tel destin, mais aussi profondément attristé face à ce monde de complots, de comédies et de drames permanents au nom  du pouvoir, qu’il soit personnel, mondial, voire interplanétaire. 

Auteur : Lola Lafon
Genre : Romans et nouvelles – français
Editeur : Actes Sud, Arles, France
Prix : 21.00 €
272 pages

Date de sortie : 08/01/2014
GENCOD : 9782330027285

Le roman concourt pour le Prix Relay / Europe 1 ! Vous pouvez aller voter ici. prix relay europe 1

Clara : Subtile, vive, aérienne et maîtrisée, l’écriture explore à merveille toute la complexité et la fragilité du personnage dans son contexte.

Theoma : Incarné, maîtrisé, féroce. Un roman d’une piquante intelligence, bravo Lola Lafon !

 Valérie est moins enthousiaste.

Esprit d’hiver, Laura Kasischke, lu par Irène Jacob (Audiolib)

esprit hiverDès le début du roman, la narratrice plonge son lecteur dans un univers fantastique : depuis qu’ils sont revenus de Russie, quelque chose les a suivis : un esprit d’hiver … Le doute s’installe : quel pourrait être cet esprit ? Et pourquoi les auraient-ils suivis jusqu’aux Etats-Unis ?
Et  ce n’est pas la tempête de neige qui s’annonce en cette veille de Noël qui améliorera cet état de fait :  c’est tout un froid venu tout droit de Sibérie qui s’abat sur les personnages.

Comme il est étrange de suivre Holly, une américaine qui aimerait écrire mais ne trouve pas le temps de le faire … Elle ressemble à toutes ces femmes accaparées par leur petit bien-être. Une maison, un mari, une enfant de 13 ans qui vire adolescente, des ingrédients qui nous parlent, à nous lectrices européennes. Holly pourrait être notre amie, voire même nous-même …
Et pourtant chez Kasischke rien ne se passe comme prévu, car cet esprit d’hiver ne cessera de hanter cette prose, voire même de s’immiscer au plus profond de tous. Chez Kasischke, on flirte avec le fantastique, voire même on a en plein les pieds dedans … On doute, on s’effraie d’un rien, les yeux qui s’affichent lors d’un appel téléphonique deviennent tout à coup étranges et la réalité s’écroule, nous voici dans un tout nouvel univers dont on ne sortira pas indemne.

En cette veille de Noël, rien ne fonctionne. Dehors, la tempête empêche tout contact avec l’extérieur, le mari d’Holly va très vite être coincé à l’extérieur pour une urgence familiale, et Tatiana semble, en belle adolescente qu’elle est, vouloir faire la tête.
Holly repense alors à l’enfance de sa fille, à cette Sibérie qui a été son berceau, à son adoption, mais aussi à ces conditions de vie épouvantables de l’orphelinat.
Et si certaines choses s’étaient passées là bas ?

En effet, Esprit d’Hiver, loin de n’être qu’un récit fantastique mené de main de maître, insiste sur les conditions déplorables des orphelinats russes. Comment ne pas être outré alors face à ces descriptions, à ces portes qu’on interdit d’ouvrir ? Est-ce encore possible de nos jours ?

On comprend alors que cette vie sibérienne revienne dans les bagages de la famille d’Holly, on comprend qu’elle se soit infiltrée en Tatiana et qu’elle ne la lâche pas. Malgré ce nouveau pays, malgré des parents aimants.
De ce récit se dégage alors une force impalpable : sournoise elle se cache en cette veille de Noël, mais Holly n’est pas dupe et elle sait que ce jour sera bien particulier.

Esprit d’Hiver est un récit d’une force inouïe, le fantastique transpire par tous les pores des personnages. Parfois on se lasse du procédé, estimant que Holly serait sans doute devenue folle, jusqu’à l’épilogue, véritable coup de massue qui nous permet d’entrevoir le glauque dans toute sa splendeur. Reviennent alors en flash tous les moments où le doute s’immisçait. Et on termine alors l’écoute de ce roman avec un froid sibérien en nous. Et si cet esprit d’hiver rôdait derrière moi ?

La lecture de ce livre audio, en revanche, ne m’a pas du tout convaincue. La voix suave Irène Jacob et ses cris lors de montées de tension sonnaient faux …

Livre écouté dans le cadre du Prix Audiolib. Ce sera bientôt à vous de voter pour les meilleurs que nous vous aurons choisis. :)

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Saxaoul qui participe aussi au prix : Le seul aspect positif que je trouve finalement à ce roman est la maîtrise dont Laura Kasischke, l’auteur, faire preuve dans l’écriture et particulièrement dans la narration.

Kathel a adoré : Un huis-clos magnifique et prenant…

L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa, Romain Puértolas

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Crédits photo : Librium

Malgré la couverture jaune et bleue, ce roman n’est ni une publicité pour Ikéa, ni un plaidoyer pour l’Ukraine …
Comme l’indique le titre à rallonge, le lecteur s’apprête à suivre un fakir dans un périple digne d’un Ulysse à la sauce moderne. Ici, point de Dieux ou de monstres, mais des gitans aux dents aiguisées …

Mais comment diable un fakir a-t-il réussi à être enfermé dans une armoire Ikéa ?
Eh bien, sachez tout d’abord que Ajatashatru Lavash Platel (à prononcer « J’attache ta charrue, la vache ») est aussi fakir que vous et moi, et s’il est en France, c’est uniquement pour s’acheter un nouveau matelas à clous.
Avec un billet de 100 € en poche, la mission s’avère tout de même délicate. Comment donc va-t-il payer le taxi qui l’emmène au magasin Ikéa ? Eh bien tout simplement en l’arnaquant. Mais notre fakir ne sait pas encore  que le conducteur est un gitan, et ce dernier voit rouge quand il s’aperçoit qu’il a été trompé par un fakir.
Une course poursuite commence …

Le titre attire et donne le ton : on s’attend à trouver un récit loufoque et déjanté, et on est servi. Dès le début du roman, le narrateur se plaît à reprendre tous les noms des personnages indiens par exemple … On aime ou on déteste. Au bout de la 50ème fois tout de même, le comique de répétition a fait son oeuvre et on lève les yeux au ciel de dépit …
L’histoire, quant à elle, joue sur de nombreux tons : on passe des remakes de films de Pierre Richard aux réalités sociales crues comme le passage de clandestins à la frontière, le tout donnant un patchwork assez étonnant. Il ne manquerait plus qu’une histoire d’amour pour compléter le tout, et comme le monde est bien fait, notre fakir tombe amoureux de Marie …

La lecture, faite par Dominique Pinon, rend très bien le côté dynamique de l’histoire. Rythme soutenu, ton pêchu,  la voix de l’acteur m’a permis de ne pas arrêter mon écoute en cours de roman.
Autant le dire sans détours, je n’ai dû esquisser qu’un quart de sourire en 6 heures d’écoute. Autant j’ai trouvé l’histoire fraîche et divertissante, autant j’ai trouvé l’humour assez lourd et convenu. Un ingrédient comique étiré à l’extrême est lassant.

En somme, voici un audiolib que j’ai apprécié uniquement pour le lecture expressive faite par Dominique Pinon. Une histoire à lire entre deux gares, lu le temps d’un voyage et vite oublié.

 CD: 5 h 42 d’écoute
Editeur : Audiolib (19 mars 2014)
Collection : Littérature
Langue : Français
Lu par Dominique Pinon
ISBN-10: 2356417060
ISBN-13: 978-2356417060
19 €

Livre écouté dans le cadre du Prix Audiolib 2014 prix audiolib 2014

Sandrine a eu le même ressenti que moi.

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