Un goût de cannelle et d’espoir, Sarah McCoy

gout cannelle espoirPour un article, Reba a besoin du témoignage d’Elsie, une ancienne allemande partie de son pays après la seconde guerre mondiale. Mais la vieille femme est réticente à dévoiler son histoire, Reba prend alors conscience que si elle veut des confidences, il faudra qu’elle aussi elle en fasse …

Retour en arrière. Nous sommes en 1944, en Allemagne. Elsie est une jeune femme qui se fait courtiser par un officier nazi. Si elle ne l’aime pas, au moins apporte-t-il un semblant de protection. Toutefois, après une soirée, le destin se charge de faire basculer sa vie. Elle a en effet la possibilité de sauver un enfant juif des camps. Le cacher fait alors d’elle une ennemi du Reich …
Comment vivre alors avec ce secret ? N’a-t-il pas changé à jamais sa vie ?

Un goût de cannelle et d’espoir fait partie de ces romans qu’on lit pour leur intrigue. Si le style n’est pas mauvais, il n’a pas non plus de souffle et de musicalité particuliers. Aussi faut-il davantage se concentrer sur les péripéties de l’histoire … Et elles sont nombreuses. Aussi, si j’ai mis du temps avant d’être vraiment captivée par l’histoire (la mise en place était soporifique et sans intérêt pour moi, même si l’action est bien au rendez-vous avec cet officier qui souhaite abuser d’Elsie …), j’ai par la suite bien aimé suivre l’histoire d’Elsie.
En revanche, les faits actuels ne m’ont pas du tout intéressée, et si ces parties apportent une touche moderne au roman, avec les préoccupations actuelles, elles auraient pu être moins longues.
Entre la vie d’Elsie en 1944 et celle de Reba en 2007, l’intérêt romanesque est vite vu …

Voici donc un roman porté par le personnage d’Elsie, on aime autant la jeune femme qu’elle était que la personnage âgée qu’elle est devenue … On aimerait d’ailleurs aller manger ces délicieuses pâtisseries et papoter un peu avec ce personnage … Un livre sans réelle force narrative, ni style particulier. Si je devais le classer, je le verrais bien du côté des livres de France Loisirs … Typiquement leur sélection.

Editions Escales
Parution : 17/04/2014
 432 pages
21,90 €
EAN13 : 9782365690409

Un livre lu dans le cadre du Prix Relay. Vous pouvez toujours voter ici. prix relay europe 1

Tatiana de Rosnay a été bien plus tendre que moi : 

« Un bijou de roman, aussi beau que déchirant, écrit juste comme je les aime : le passé qui revient hanter le présent, des héroïnes attachantes, une fin lumineuse pleine d’espoir. Vous allez le dévorer d’une traite ! »

« Un roman aussi délicieux que complexe. »

The New York Daily News

La Petite Communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon.

OLY 1976 NADIA COMANECI

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Redonner la voix à ce film presque muet qu’a été le parcours de Nadia C. entre 1969 et 1990. 

De Nadia Comaneci, Lola Lafon, tout juste 40 ans, ne peut avoir de vrais souvenirs, puisqu’elle était bien trop jeune au moment où la jeune athlète était au sommet de sa gloire. Pourtant, elle signe là bien plus qu’une biographie plate et sans saveurs. En lisant Le petite communiste qui ne souriait jamais, c’est toute la vie de Nadia Comaneci, pensées comprises, qui défile devant nous …

A mi-chemin entre le biopic souvent inintéressant (sauf pour les mordus) et le roman (trop éloigné de la réalité), l’auteur s’est documentée sur cette athlète en lisant notamment ses lettres, et a comblé les blancs existants.
S’ouvrent alors à nous toutes les pensées de cette jeune fille aux couettes.
Son travail acharné, sa relation avec Bela, son régime strict, ses blessures, ses joies, son moral d’acier, son envie de réussir et de se dépasser encore et toujours, mais aussi sa relation avec le gouvernement de Nicolae Ceaușescu …

Tout sonne vrai et juste. La narratrice semble avoir fait corps avec la jeune athlète, fouillant au plus profond de ce que la jeune roumaine a pu ressentir. Sans doute grâce aussi à certains procédés utilisés  : le récit est émaillé d’échanges fictifs avec Nadia Comaneci qui démontrent à quel point l’athlète entretient le halo de mystère qui l’entoure encore aujourd’hui … échanges remplis de contradictions, d’envies de retirer des parties, de se confier sur d’autres, mais aussi d’affronter deux regards, ceux d’une femme de l’Est, l’autre de l’Ouest … le lecteur n’imagine que trop bien que ces échanges auraient pu vraiment exister.

En réalité, ce roman est bien plus que le récit fascinant de la jeunesse de Nadia Comaneci : véritable mythe roumain, machine de guerre d’un gouvernement mégalomane, tout y est disséqué. La jeune femme incarne alors une époque révolue où un petit pays a fait de la résistance à deux grandes puissances avant de devenir ubuesque.

En fait, le roman de Lola Lafon est à l’image de l’athlète : tout en équilibre, gracieux et fascinant. Le lecteur referme ce livre fasciné par un tel destin, mais aussi profondément attristé face à ce monde de complots, de comédies et de drames permanents au nom  du pouvoir, qu’il soit personnel, mondial, voire interplanétaire. 

Auteur : Lola Lafon
Genre : Romans et nouvelles – français
Editeur : Actes Sud, Arles, France
Prix : 21.00 €
272 pages

Date de sortie : 08/01/2014
GENCOD : 9782330027285

Le roman concourt pour le Prix Relay / Europe 1 ! Vous pouvez aller voter ici. prix relay europe 1

Clara : Subtile, vive, aérienne et maîtrisée, l’écriture explore à merveille toute la complexité et la fragilité du personnage dans son contexte.

Theoma : Incarné, maîtrisé, féroce. Un roman d’une piquante intelligence, bravo Lola Lafon !

 Valérie est moins enthousiaste.

Réparer les vivants, Maylis de Kerangal

reparer les vivants kerangalLe roman d’une transplantation … mais que diable allait faire l’auteur dans cette galère ? Quelle idée d’écrire sur une transplantation ! Et pourtant, voici un récit qui restera fiché à tout jamais dans mon corps, tant son empreinte sera indélébile.

Simon n’avait pas prévu, en se levant ce matin, qu’un accident lui ôterait la vie. Éjecté de la camionnette, voltige sur la route, mort cérébrale, mais organes en parfait état de marche.
Une machine s’accélère alors après les résultats démontrant les prochaines transplantations. Le corps de Simon n’est pas encore tout à fait un objet, il faut encore prévenir les parents, leur faire comprendre que leur fils est bien mort, même si les mouvements lents de sa respiration et sa carnation contredisent les paroles médicales.

Puis, si acceptation il y a, c’est une toute autre oscillation qui débute. Appels à différents hôpitaux, listes d’attente qui s’amenuisent, soulagements à l’autre bout du fil. Le tout avec un professionnalisme déconcertant …

Réparer les vivants se fait donc le récit du passeur. Les phrases sont rêches, âpres comme ces cauchemars que nous faisons tous. Aveuglés par cette lumière blafarde, il ne sert à rien d’aller contre l’inéluctable.  La réalité se fait alors prégnante. Les sens sont démultipliés : grincements de portes, raclements des pieds de chaises, vrombissements de mouches, blancheurs des hôpitaux … comment ne pas amplifier la réalité et la prendre de plein fouet, dans ces moments où le destin bascule ?

Les phrases pourraient alors être issues d’un roman de Robbe-Grillet. On flirte avec le nouveau roman, on grossit les traits, la poussière devient montagne, une larme un océan. Et voici que le livre nous colle aux mains. Le lecteur lui aussi est en apnée face à cette histoire, face à ces mots aussi. On manque un battement de coeur quand celui de Simon cesse de battre, on saigne, on crie face au désarroi, on espère aussi tant que la greffe prenne, on retient notre souffle, puis on repart …

Réparer les vivants est un roman magistralement terrifiant. La musique des phrases peut rebuter, de prime abord, tant leur âpreté pourrait heurter l’envie de fluidité de certains lecteurs. La forme ici fait corps avec le fond, elle l’épouse et offre aux médecins un très bel hommage, et nous montre une fois encore la beauté et la fragilité d’une vie.

Auteur Maylis De Kerangal
Editeur Verticales Phase Deux
Date de parution 02/01/2014
ISBN 2070144135
EAN 978-2070144136
281 pages
18 € 90

Ce roman est en lice pour le Prix Relay Europe 1 2014

prix relay 2014

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Clara a aussi adoré.

Kathel a aussi été séduite par le style.

Prix Relay 2014

logo prix relay

Depuis trois ans, à la même période, je reviens vous parler d’un prix dont les internautes sont un peu les auteurs : le prix Relay.
Depuis hier, vous pouvez voter ici pour votre livre préféré parmi les 4 encore en lice. Mi-juin, nous connaîtrons le gagnant de ce prix Relay 2014.
En votant (jusqu’au 15 juin), vous pouvez remporter une liseuse, un I-pad, un an de livres, un an de presse, et même des bons Relay … bref, de quoi avoir envie de voter pour son livre préféré !prix relay 2014

Les prochaines semaines, vous verrez ici les chroniques des 4 livres, et quels livres, ma foi ! Deux faisaient déjà partie de ma wishlist !

Réparer les vivants de Maylis de Kerangal

La Petite Communiste qui ne souriait jamais de Lola Lafon

Un goût de cannelle et d’espoir de Sarah McCoy

Le revenant de Michael Punke

 

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A très vite (dès la semaine prochaine) pour les 4 chroniques !

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