Bien des années plus tard, lorsqu’elle refit surface, Adie Klarpol n’aurait su dire comment elle s’était représentée les lieux.
Et plus particulièrement un lieu : la caverne.
Lorsque Steve avait appelé Adie, elle avait tout d’abord été étonnée : voici des années qu’ils n’avaient plus aucun contact l’un avec l’autre. Mais Steve voulait lui faire découvrir un nouveau projet appelé la Caverne – un simulateur d’univers 3D -.
Adie arrive donc sur les lieux du projet et signe un contrat avec la boîte de Steve.
Il s’en est fallu de peu qu’elle y renonce : cela faisait des années qu’elle en avait terminé avec l’Art, et ce que demandait Realization Lab était justement de créer des images. Mais la découverte de cette étrange pièce avait suffi à la faire changer d’avis.
Sur un autre continent, un autre homme entre lui aussi dans une pièce sombre. Mais celle-ci n’a rien de virtuel : c’est un cachot. Pourtant Taimur Martin avait d’autres idées en tête quand il est parti enseigner à Beyrouth. Mais nous sommes alors à la fin des années 80, et le Liban n’est pas une terre en paix …
C’est la première fois que je lis un Powers et j’avoue que je suis passée par de nombreux états en lisant ce roman.
Mon premier contact avec la quatrième de couverture m’a mis l’eau à la bouche. Assouline dit que Powers est l’un des écrivains américains les plus originaux de sa génération et Busnel parle d’une prose magnifique.
De quoi allécher mes papilles de lectrice !
Mon deuxième contact fut plus douloureux. Après une mise en bouche plaisante, la plongée dans la caverne fut fastidieuse. Je connais l’univers de la 3D pour partager ma vie avec un graphiste, mais là il y avait pléthore de termes techniques ! Mon pauvre cerveau de littéraire a failli y laisser des plumes.
Malgré tout, j’ai continué. Continué parce que le style de l’auteur était loin de me déplaire. Certes, c’était confus (d’ailleurs je me demande encore ce que signifie cette mise en page des dialogues : pourquoi sont-ils en italique ?), mais je ne voulais pas m’avouer vaincue au bout de 50 pages.
Au fil des pages vint une éclaircie.
Le roman alterne deux narrations : celle d’Adie et celle de Taimur. Bien que l’histoire de Taimur soit loin d’être joyeuse, j’ai retrouvé des termes moins sibyllins. Du coup, paradoxalement, les chapitres concernant Taimur étaient presque une bouffée d’oxygène. Je me suis même mise à corner des pages pour me souvenir de certains passages.
Bien-sûr, en apprenant le nom de ce projet, j’ai aussitôt pensé à l’allégorie de la Caverne chez Platon. Que dire de cette équipe qui travaille dans cette caverne ? Ces hommes ne ressemblent-ils pas aux hommes enchaînés du récit antique ? D’ailleurs le terme grec « eidôlon » apparait une fois dans le récit au sujet des images projetées dans la Caverne. L’eidôlon est une illusion, une sorte d’ombre de l’image elle-même. Je ne pense pas que ces termes apparaissent par hasard. Il s’agit bien ici d’expliquer quel peut être le rapport entre l’Art et le monde réel.
Un des thèmes du roman est de montrer qu’une des facultés de l’homme est de créer des images, de s’inventer des histoires, en somme de copier la réalité.
Et c’est là que les deux narrations se rejoignent : l’équipe d’Adie crée un univers virtuel, quant à Taimur il s’invente des histoires pour survivre. Deux conceptions de l’Art qui s’opposent : l’art pour le plaisir (ou la beauté) et l’art pour la survie.
Sur ce dernier point, Taimur m’a fait penser à Primo Levi dans Si c’est un Homme. Dans ce récit autobiographique, Levi retrouve espoir au moment où il cite un extrait de l’Enfer de Dante. C’est la poésie du texte qui l’a sauvé de la déshumanisation des camps de concentration. Dans ce roman, Taimur s’invente des histoires pour s’échapper spirituellement de cet univers carcéral. Deux hommes, deux époques différentes, et pourtant le même processus pour rester en vie.
On peut même aller plus loin …
Pour Platon, l’art n’est qu’une imitation de la Nature : n’en est-il pas de même avec le projet suivi par Adie ? N’essaie-t-elle pas d’imiter la réalité en créant des objets ? Bien-sûr que si. En outre, ce projet va plus loin puisqu’une des créations de la Caverne est justement d’imiter un tableau du douanier Rousseau. En somme une pièce qui reproduirait un tableau qui imite déjà la réalité.
De quoi en perdre son latin ou avoir le vertige !
Mais loin de s’arrêter à la peinture, le roman évoque aussi une autre forme d’art qui reproduit la réalité : la photographie.
Et quand Zimmerman parle de ses photos, il leur donne un caractère prophétique des plus étranges :
Il ne faut jamais représenter ce qu’on ne voudrait pas voir se réaliser.
Un peu plus loin :
C’est pour ça, vois-tu, que Dieu a jeté l’anathème sur les images. Il ne voulait pas que des amateurs fassent joujou avec une puissance qu’ils ne pouvaient maîtriser.
Et que font-ils dans cette Caverne ? Ils créent des images.
Finalement c’est un roman que j’ai lu à la manière d’un puzzle. J’ai d’abord été énervée par toutes ces pièces sans dessus-dessous, ensuite j’ai apprivoisé les pièces du puzzle en les rangeant, puis j’ai enfin réussi à emboîter les pièces les unes dans les autres. Même si au départ je n’ai pas aimé les termes employés par la première narration, force est de constater que la seconde n’aurait pas eu la même force sans la première. Et je ne serais pas allée bien loin sans la seconde narration. Les deux narrations forment donc un tout sans cesser de montrer les deux facettes de la création, mais aussi les pouvoirs qui lui sont liés. Un roman qui ne se laisse pas facilement apprivoiser, mais qui m’a plu au final.
Ed. Le Cherche midi, 431p, 22€ -avril 2009-
Amanda a davantage aimé l’histoire de Taimur, Cuné reste plutôt désarçonnée, Anna Blume le classe dans la catégorie Bof, et les neurones de Keisha ont chauffé mais au final elle a vraiment été captivée par ce roman.
André Clavel sur TV5 : On traverse ce roman en se disant que, décidément, Powers aime les
défis les plus audacieux. Mais il ne convainc pas toujours, même si la confession de Taimur, victime de la folie islamiste, est un grand
moment de littérature.
Si vous souhaitez lire les premières pages du roman, c’est par ici.
Malgré cet article bien argumenté, je passe mon tour… Je crois que le contexte de l’histoire ne me plairait pas.
en voilà un qu’on me recommande depuis longtemps.. je vais m’y plonger, je crois que j’aime bien les livres un peu durs à apprivoiser…
Je pense que moi aussi, je serais plus séduite par le récit de Taimur.
Ceci dit, ton billet est vraiment intéressant
Tu démontres brillamment combien c’est peu accessible finalement : et quand je disais qu’il me manquait une brouettée de connaissance pour apprécier ce roman, je ne me trompais pas
(Mais vraiment très beau et bon billet, bravo !)
Merci pour ton billet, en effet je pensais à la caverne de Platon, mais n’ai pas su la voir là où tu l’as vue (manque de connaissances littéraires, j’avoue) alors ton article est extrêmement éclairant quant au lien entre les deux parties.
Vertige : il me semble aussi avoir utilisé ce mot!
Conclusion : tu comprends pourquoi on aime Powers, non ? Quand lis-tu le temps où nous chantions?
@ Alwenn :
Ce qui est étrange dans ce roman, c’est que l’époque au départ est assez floue … plusieurs fois j’ai fait un parallèle avec la guerre en Irak. Je ne sais pas si le manque d’informations est fait exprès …
Je comprends qu’on puisse ne pas être intéressé. Les deux narrations sont particulières.
@ Pia P :
Il vient d’être traduit en français, mais cela fait longtemps qu’il est sorti en anglais.
Tu auras la chance de pouvoir le lire en anglais. Mais le traducteur a fait un joli travail ici.
@ Stéphie :
Merci. Te connaissant un peu, je pense aussi que le récit de Taimur te toucherait plus que celui d’Adie … même si l’histoire de cette femme est touchante aussi.
Mais le lecteur met plus de temps à la découvrir.
@ Cuné :
Je te remercie … mais je ne sais pas si c’est ainsi qu’il faut « décrypter » ce roman. C’est ce que j’ai ressenti en le lisant, mais peut-être suis-je sur un mauvais chemin ?
@ Keisha :
Merci aussi. ) J’ai commencé à avoir le vertige à partir du moment où mon cerveau a fait le lien entre toutes les formes d’art.
Mais c’est aussi là que j’ai commencé à adhérer au livre.
Je lirai un autre roman de cet auteur, mais pas tout de suite : là je suis en pleine digestion de Powers !
La présentation du roman, que j’ai découverte récemment dans le magazine « Lire », m’avait donné grande envie de le lire.
Je viens de parcourir, après le tien, les billets que tu as mis en lien. Compte tenu de ce que j’ai déjà lu en SF, je me dis que je ne serais peut-être pas trop décontenancée par la terminologie informatique et scientifique (ce qui ne signifie pas que je comprendrai tout : c’est comme quand on lit un livre en langue étrangère, on peut comprendre le sens global sans forcément connaître la signification de tous les mots !). Malgré tout, mon envie de lire le roman se fait moins pressante… et je crois que j’attendrai qu’il soit à la bibliothèque !
@ Brize :
Oh c’est le Lire de ce mois-ci ? J’irai voir ce que les journalistes en disent. Hormis sur les blogs, je n’ai trouvé aucune critique sur le net … le mieux serait encore d’avoir une interview de Powers dans une émission.
Très beau billet digne des plus grands critiques littéraires… Je pense comme vous que Powers est un auteur qui ne se laisse pas découvrir facilement. En fait, hormis « Le Temps où nous chantions », aucun de ses romans n’est simple (et encore celui-ci est loin d’être le plus hardu d’après l’éditeur). Finalement, il lui aurait été facile d’écrire seulement l’histoire de Taimur, cela aurait fait un très beau roman. Mais c’est ce qui fait tout le charme de cet auteur exigeant avec soi-même et ses lecteurs. Sinon, concernant les journalistes, des extraits ont effectivement été publiés dans le Lire d’avril mais sans critique. Il y a eu également un article d’André Clavel dans l’Express de la semaine dernière. Et puis vos nombreux billets à toutes… Mais attendez un peu, le livre n’est sorti qu’hier !
Petit oubli : il n’y aura malheureusement pas d’interview à la télévision cette année car Richard Powers ne viendra pas en France pour la promo de l’Ombre en fuite. En revanche, j’ai ouïe dire qu’il viendrait sans doute pour le suivant…
Je pense comme Cuné, ce livre ne doit pas me convenir faute de références à y rattacher… Tu m’éclaires un peu, là, et je vais donc essayer de persister !
Décidément, ce livre n’est pas pour moi, si je lis un jour Powers, je commencerai sagement par « le temps où nous chantions ». Mais ton billet est remarquable.
Je ne sais pas si c’est pour moi mais les considérations philosophiques me fascinent (comme l’épisode du tableau du douanier Rousseau)
@ Solène :
Oh merci !
Cela dit, ce billet reflète mon impression, je ne sais pas si c’est la bonne. Parfois on veut voir dans un livre des éléments qui ne s’y trouvent pas. Mais autant de coïncidences m’amènent à penser que Powers ne les a pas mises là par hasard.
Sans l’histoire d’Adie, le livre aurait été plus banal. J’ai cru comprendre que c’était un auteur qui aimait les défis, c’est vrai que ce livre en est un, tant il est particulier.
Dommage pour l’interview …
J’attends maintenant de lire de nouveaux billets ou des critiques de journaliste.
Merci encore Solène. )
@ Kathel :
Tu es en train de le lire ? J’ai vraiment accroché à la moitié du livre : avant je nageais dans des eaux troubles.
@ Aifelle :
Merci Aifelle. D’après ce que j’ai lu chez Cuné, il vaut mieux commencer par le livre que tu as cité, oui.
@ Sabbio :
Je n’ai parlé que du douanier Rousseau, mais il y a d’autres.
Un très bel article encore une fois mais je passe mon tour… « termes techniques », je fuis!
Austin Power, c’est bien également !
@ pimprenelle :
Je peux comprendre. Je crois que j’aurais moi aussi été dubitative si j’avais su que ce livre comportait autant de termes techniques.
@ Une ville – un poème :
Euh … oui. Mais ce n’est pas le même genre du tout !
Y a aussi les Power Rangers si on va par là !
Ton billet m’intrigue beaucoup… Tu sembles mitigée et en même temps plutôt enthousiaste !!
Je l’ai vu chez mon libraire cet aprem et je l’ai trouvé imposant. Comment as-tu eu l’idée de le lire ?
j’avais carrément peur après plusieurs billets mais ton analyse me donne le goût de m’y plonger plus vite que prévu… Bon, je vais attendre d’avoir à nouveau ma tête à moi mais quand même… thanks!
ca me donne envie de lire le temps ou nous chantions qui attend dans ma PAL depuis un moment
Une analyse fine et particulièrement intéressante.
@ Antigone :
C’est un livre étrange car j’ai eu « un déblocage » au milieu du livre. A la 200ème page environ, j’ai compris certaines choses, puis je me suis attachée à Adie. En fait, le lecteur en sait très peu sur les personnages, il apprend à les connaître au fur et à mesure de l’histoire … et cet attachement prend du temps. Les personnages ne sont pas des hommes qu’on aime d’entrée … ces scientifiques / graphistes sont vraiment dans leur monde.
Un monde de geeks en fait, et je n’évolue pas vraiment dans cet univers.
Puis j’ai compris au milieu du livre que derrière cet univers assez aseptisé (ou technique …) se cachaient des réflexions sur l’Art en général, thème qui m’intéresse énormément.
D’où un billet très contrasté.
@ Stephie :
Il est imposant, oui … mais la quatrième n’est-elle pas alléchante ? (En fait, c’est ce qu’en dit Assouline qui m’a donné envie d’en savoir plus sur Powers.) Et j’ai lu chez Alfie que cet auteur était un incontournable pour Cuné. Et quand Solène m’a l’a envoyé, j’étais très contente de pouvoir enfin découvrir la plume de Powers.
@ Karine
Je suis contente de te redonner le goût de lire ce livre.
@ pom’ :
Je pense que « Du temps où nous chantions » sera le prochain.
@ Moka :
Merci ! (J’ai eu peur en écrivant ce billet de trop développer cette analyse sur l’Art … et je trouvais mon billet assez confus.)
Très beau billet. Malgré tout après Le temps où nous chantions que je viens de terminer (non sans passer comme toi par plusieurs états), je ne suis pas partante… du moins pas tout de suite…
Un roman a lire dans le calme, alors, histoire d’être bien concentré.
Bravo pour ce très beau billet sur un roman en effet difficile (comme le sont tous les romans de Powers, même les plus accessibles en apparence).
J’ajouterai simplement, pour tous ceux que le jargon technique rebute, qu’il ne faut surtout pas s’y arrêter. Il ne compte pas tant en lui-même mais plutôt comme objet d’une métamorphose poétique, comme programme à engendrer des images insolites. Je crois qu’à la façon de Spiegel, Powers aimerait beaucoup écrire un poème en C++
Bravo pour ton billet qui « dégoupille »cparticulièrement bien ce livre ! (j’avais lu l’avis de Cuné, et me sentais assez solidaire de son désarçonnage )
Maintenant, je me sens moins « niaise », et si j’ai l’occasion de lire L’Ombre en fuite, je reviendrais vers ton texte pour éclairer mes pas !
Je n’ai pas lu celui-ci mais Le Temps ou nous chantions est une veritable merveille… et tres facile a aborder ! Cinquante ans de l’histoire americaine, vue par le prisme de la musique et des luttes anti-segregation. Un must.
@ Theoma :
Je te comprends : il vaut mieux digérer un auteur avant de se relancer dans un de ses livres.
@ Jean-Yves :
Je vous remercie !
Oui, c’est vrai que Powers a navigué entre des études de physique et d’informatique tout en se passionnant pour les lettres (après avoir commencé son roman, j’étais intriguée par le parcours de cet homme et je suis allée voir sur le net).
Cela donne donc un mélange assez particulier et intéressant car cet auteur a des connaissances dans ces deux domaines.
Pour le traduire, je suppose que c’était assez compliqué … (mais le pari est réussi : l’écriture est fluide et imagée.)
Sinon croyez-vous qu’il y ait du Powers en Spiegel ?
@pagesàpages :
Je suis une dégoupilleuse, alors ?
Merci pour ton commentaire.
C’est un livre qui au départ peut désarçonner, mais vraiment il vaut le coup qu’on le continue jusqu’au bout.
Et la dernière phrase est le point d’orgue de tout le livre. )
@ Julie :
Décidément, il va falloir que je découvre ce livre que tout le monde cite.
@ Alex_Couassous :
Mince, je t’ai oublié … :/
Le style n’est pas des plus compliqués non plus. Mais les mots techniques peuvent désarçonner … puis on s’habitue car on arrive à suivre l’intrigue sans forcément comprendre tout ce que ces geeks font.
Bravo pour ton billet. Une intelligente analyse. J’aurais aimé avoir cette même capacité pour apprécier la lecture. J’ai vraiment butté sur la complexité du langage. Malgré cela, Powers reste pour moi un des plus grands écrivains américains de cette époque.
Merci Anna Blume.
Quand j’ai lu ton billet, je venais tout juste de commencer ce roman, et j’ai -ma foi- eu le même désappointement que toi au début de livre. J’étais perdue, un peu comme Adie, au milieu de ces informaticiens.
Je suis en cours de lecture (310 pages) et j’attirerai votre attention sur l’importance de l’histoire dans le roman ; nous sommes à une période particulière (la fin des années 80) avec la chutte du Mur de Berlin et la révolte estudiantine en Chine provoquant une euphorie au sein de la start up (dont je me souviens bien) rapidement mise à bas par le terrorisme (deuxième histoire) et le passage de la recherche fondamentale à la réalité économique d’une nécessaire rentabilisation de la ‘réalité virtuelle’ développée par les chercheurs du RL qui annonce la bulle informatique des années 90 (la technologie est là mais qu’en faire ?). Le roman est également traversé par des échanges particulièrement vivants et d’une haute tenue philosophique entre les jeunes chercheurs du RL qui rendent la lecture très agréable et recréent l’esprit régnant dans cette période où tout était possible et le cynisme n’avait pas encore envahi le milieu de l’entreprise.
j’ai lu les trois précédents livres de Powers traduits en français. Je suis impréssionné par la diversité des sujets et des personnages de l’auteur même si plusieurs thèmes semblent émerger de l’oeuvre : le rapport de l’homme à la technologie, au temps, au réel, à l’art, à l’Histoire (avec un grand H). Toutefois, « le temps où nous chantions » sort indubitablement du lot. C’est un roman dense à tiroir (les nombre de thèmes abordé est indénombrable) qui me fait penser à la Recherche de Marcel Proust : plusieurs niveaux de lecture sont possible, mais à la base, il s’agit de l’histoire d’un homme qui cherche sa voie à travers plusieurs directions (la musique, l’enseignement) avant de trouver finalement sa véritable raison de vivre dans la littérateur (comme le narrateur de Proust, il a une révélation au terme du roman où sa vie prend tout son sens dans le fait d’avoir raconté son histoire).
Conclusion, les romans de Powers sont toujours plus complexes et chargés de sens qu’une lecture au premier degré pourrait vous le faire penser. A lire et à relire pour s’en convraincre.
Je vous remercie pour ce long et instructif commentaire.
Ce roman de Powers peut être lu de plusieurs façons, et il recèle plusieurs couches de compréhension. Un roman très riche et complexe, oui !
Je n’ai pas encore lu « Du temps où nous chantions », même si je garde cette référence en tête.