C’est une vision romantique et sacrificielle que nous impose ce récit épistolaire. Lettre à sens unique, l’expéditeur est une femme qui restera anonyme. D’ailleurs quand le destinataire recevra cette missive, cette femme sera morte.
Lettre d’amour, mais aussi lettre-testament, le ton élégiaque domine.
Élégie amoureuse tout d’abord, puisque c’est la lettre d’une femme qui a aimé un homme toute sa vie sans jamais le lui avouer.
Et puis, c’est aussi une élégie triste et plaintive puisque l’enfant de cette femme vient de mourir de la grippe. « Mon enfant est mort hier » ouvre chacun des paragraphes, refrain mortuaire de cette femme qui semble avoir tout perdu.
Le destinataire de cette lettre est l’homme qu’elle a aimé depuis ses treize ans : c’est un romancier et il pourrait très bien être le double de Zweig.
Le sentiment amoureux est ici décrit à son paroxysme : c’est l’histoire d’une femme qui est restée dans l’ombre de ce romancier toute sa vie par amour. On pourrait presque dire qu’elle n’a vécu que pour lui, à travers lui et les œuvres qu’il a publiées. Certains diront que c’est un amour pur et désintéressé, en somme le vrai amour ; d’autres diront que cette femme est marquée du sceau de la folie.
Mais pourquoi être restée dans l’ombre tout ce temps si elle lui écrit cette lettre anonyme ?
En fait, cette femme vient de perdre son enfant, ce qui est le déclencheur de l’écriture : elle n’a plus rien à perdre. D’ailleurs, elle aussi sent les symptômes de la grippe la gagner.
En lisant ce livre, j’ai eu toutes les peines du monde à m’identifier à cette femme : quel sens de l’abnégation ! Et pourtant, sa démarche est compréhensible : elle sait que cet homme n’aime pas les attaches, que c’est un oiseau libre. Alors, plutôt que d’attendre une déclaration d’amour, cette femme préfère vivre les moments présents : un regard échangé dans l’escalier de l’immeuble, un livre qu’il vient d’écrire … Toutes les occasions sont bonnes pour vivre par procuration.
Même si passé le premiers tiers du livre, j’ai eu peur de ne lire que des lamentations, le récit s’élève par la suite puisque c’est aussi une narration : cette inconnue raconte toute sa vie passée en marge de cet homme.
Malgré tout, ce ne sera pas le livre de Zweig que je retiendrai. Je ne sais pas exactement quand il a écrit ce livre, mais je le trouve tout de même rempli de clichés romantiques. Bien-sûr, Zweig excelle toujours dans la description de la psychologie amoureuse, mais il m’ a manqué un petit je-ne-sais-quoi dans cette histoire. Du coup, je ne l’ai pas autant aimé que Le Voyage dans le passé.
Collection La Cosmopolite, pour Stock, 106 pages, 10 €
Gio a tout comme moi été déçue car elle a trouvé le style trop fade et attendu, Caro[line] a trouvé le texte somptueux, pour Malice, c’est aussi un chef d’œuvre.
Les deux photos en noir et blanc viennent du film. L’acteur masculin est Louis Jourdan. Sur cette photo, je lui trouve un petit air de George Clooney …
Une écriture fade ???? J’ai peine à y croire. Il faudra que je me fasse ma propre opinion parce que j’ai mis Zweig sur un piédestal après avoir lu seulement 2 de ses écrits.
C’est Gio qui parle du style trop fade …
Quant à moi, je n’ai pas été emportée comme j’ai pu l’être avec d’autres livres de cet auteur. Certes la description est toujours belle et bien écrite, mais pas bouleversante.
Une petite déception, du coup. Mais j’en attendais peut-être trop.
Je vais en rester au Voyage dans le passé qui est dans ma PAL, ça tombe bien !
Pour moi aussi c’est un chef d’oeuvre ! Je n’ai pas fait la même lecture que toi et c’est un livre que j’ai lu il y a longtemps.
Plus fort encore que l’abnégation, le renoncement peut être !
Bref, une lecture qui me fit vibrer dans tous les sens et que je n’ai jamais oubliée.
Oui, j’ai trouvé ce style fade en comparaison des Lettres Portugaises. Plus clairement, j’ai trouvé que le récit versait trop dans le sentimentalisme… Et pourtant d’habitude je ne suis pas une lectrice difficile à toucher…
Moi j’avais pleuré comme une madeleine évidemment…
C’est l’un de mes textes de Zweig préféré, l’un des plus marquant pour moi. Et comme toi, j’ai pris beaucoup de plaisir à relire Zweig avec la sortie inattendue du Voyage dans le passé qui ne m’a pas déçue.
Mon Zweig préféré avec « La pitié dangereuse ».
Je pleure à chaque fois. Je suis une petite nature. )
Pour faire original après Fashion, mon Zweig préféré avec « Vingt-quatre heures… ». Je l’ai trouvé bien plus émouvant et abouti que « Le voyage dans le passé ». Ca me fait penser que Grasset disait qu’il allait sortir un nouvel inédit de l’auteur cet automne, quelqu’un a des infos ?
Oh ! J’ai beaucoup aimé ce livre, c’est celui qui m’a fait découvrir cet auteur…
J’ai enchaîné avec « Amok » que j’ai trouvé tout aussi bien !! Par contre, j’ai moins aimé « La Pitié dangereuse », tout en aimant tout de même… Il faut que je lise tous ses autres livres !!!
Ce que j’ai pu aimer ce livre, c’est fou, fou, fou!!! Je trouve cette nouvelle extraordinaire, quant à moi. Mais bon, on s’entend que je ne m’identifie pas vraiment – du tout même – à cette femme!
Je l’ai lu en apnée, comme d’hab avec Zweig, grâce au style, mais bon ce n’est pas mon roman préféré…trop intense cette passion!
Bon je me demande du coup si je le lirai. J’ai toujours « Voyage dans le passé » sur ma PAL
J’avais été littéralement transportée par ce texte! Mais j’aime beaucoup Zweig alors…
@ Restling :
Qui sait, peut-être cette passion t’emporterait-elle ? )
@ Lolo :
Ah oui, le renoncement illustre très bien ce récit !
Je n’ai pas trouvé ce texte fort, mais c’est une question de point de vue. Peut-être en attendais-je trop ?
@ Gio :
Moi aussi d’habitude, je m’émeus assez facilement. Quant aux lettres attribuées à Guilleragues, je me souviens encore de leur analyse, et pourtant ça va presque faire 10 ans que je les ai découvertes. Un vrai bonheur.
@ Ori :
Arff, peut-être ai-je un cœur de pierre, finalement. ^^
@ Emmyne :
Pour moi, cela restera « Le Joueur d’échecs ».
@ Fashion :
Je ne connais pas « La Pitié dangereuse », je note !
@ Lilly :
Encore un inédit de Zweig ?
Ils ont trouvé un filon !
@ Lounima :
Alors je ne peux que te conseiller « le joueur d’échecs ». )
@ Karine
Je m’aperçois que nous ne sommes que peu à ne pas avoir été transportés par ce livre.
@ Keisha :
Ah ! Je pensais que seules Gio et moi étions trop hermétiques !
@ Stéphie :
Peut-être serais-tu plus sensible que moi ?
@ Chiffonnette :
Peut-être n’attendais-je pas autant de passion ?
Ou bien peut-être que cette passion me fait doucement peur ? (Voir jusqu’où peut aller l’Homme par amour …)
Je l’ai lu, je l’ai aimé comme tous les livres de Zweig jusqu’ici et pourtant je ne m’en souviens plus vraiment! M’en rendre compte m’énerve terriblement!:/
Adoré pour ma part mais je pense que le côté extrême de cette femme peut fasciner ou déranger, pas étonnant que les avis soient mitigés
Bon je crois pas que je le lirais…
Je possède ce livre, je ne sais plus comment je l’ai eu… Je ne suis pas une très grande fan de l’oeuvre de Zweig mais je le lirai, juste pour voir.
Je me souviens de cet livre qu ej’avais trouvé à la fois très beau et très dur.
j’avais adoré « Vingt quatre heures de la vie d’une femme » il y a bien longtemps maintenant et je me dis que je me « referais bien un petit Zweig » prochainement. Merci pour ce billet, bien que très modéré, il titille ma curiosité et mon côté fleur-bleue aussi, je dois l’avouer!!
je n’ai pas lu celui là. J’ai beaucoup aimé « le joueur d’échec’ et moins ’24h dans la vie d’une femme »
Je ne connais pas encore Zweig. Manifestement, ce n’est pas par ce roman ci qu’il faut commencer.
Vous semblez partagées donc pourquoi pas ?
je viens de lire « La peur », du même auteur que j’ai adoré!!
je note celui ci pour plus tard…
Quel dommage.
Enfin, s’il y a trop de clichés et de choses trop simples… cela peut gâcher l’intérêt de l’histoire.
J’ai vraiment très envie de le lire.
Je ne l’ai pas lu celui-là, mais j’apprécie beaucoup Zweig. On verra.
J’ai « Vingt-quatre heures de la vie d’une femme » dans ma PAL. « La confusion des sentiments » m’avait énormément plu.
Ce livre est d’une tristesse… Je l’ai beaucoup aimé! Moi aussi j’avais beaucoup aimé la Confusion des Sentiments.
Zweig a également écrit « Amok » (, » rel= »nofollow »>http://bouboubouquine.free.fr/?p=33, qui parle de la folie amoureuse et c’est superbe.
@ Mango :
Ah oui, ça c’est embêtant ! :/
@ Cynthia :
Cette femme donne tellement à cet homme que je ne peux pas la comprendre … je crois que c’est ça.
@ Lilibook :
Peut-être aimerais-tu ? A moins que ce genre d’histoire te déplaise ?
@ EmiLie :
Oui si tu l’as, tu aurais tort de ne pas le lire. )
@ Alex :
Beau, je ne sais pas … du moins, j’ai du mal à y voir de la beauté. :/
@ Lancellau :
Alors je n’ai plus qu’à te souhaiter une bonne lecture !
@ Gambadou :
Je n’ai toujours pas lu « 24 H de la vie d’une femme », il faudrait que je prenne le temps de le découvrir.
@ Géraldine :
Pour moi, le top du top est « Le Joueur d’échecs ».
@ Antigone :
Voilà, à toi de te faire ta propre opinion ! )
@ La Sardine :
Ah, je vais aller voir ton billet, alors !
@ Pauline :
En fait, je ne pense pas être entrée complètement dans l’histoire. J’avais donc un œil extérieur à celle-ci.
@ Edelwe :
Alors ne te prive pas !
@ Freude :
Alors peut-être aimeras-tu cette histoire ?
@ Manu :
Généralement c’est un auteur qui plaît. D’ailleurs, c’est assez étonnant car si on regarde bien, il n’était pas très moderne pour son époque … et finalement il a tout de même réussi à tirer son épingle du jeu.
@ Bouh :
Je vais aller lire ce billet.
Zweig excelle dans la peinture des sentiments, ce livre doit être assez envoûtant. D’ailleurs, le titre est assez particulier !
Il m’a encore fait de l’oeil lundi
fiche pas encore postée, je te fais signe dès que je la mets en ligne
J’ai résisté à la tentation, mais j’ai presque des remords maintenant!
Je te comprends. Ce n’est pas mon préféré. Sans oublier que parfois les portraits de femmes sont imaginé et écrit par des hommes. Evidemment une telle femme doit exister mais ressent-elle véritablement cette abnégation ?
@ Celsmoon :
Alors succombe à la tentation !
@ La Sardine :
Ok !
@ Maritournelle :
Il n’est jamais trop tard !
* Vile tentatrice*
@ Theoma :
Oh, il doit bien en avoir …
J’hésite depuis un moment pour lire ce livre. Voilà un avis qui n’est pas pour augmenter ma motivation !!!
Un de mes « Zweig » préféré, mais je suis loin de les avoir tous lus ! Intéressant de lire des avis différents… Je suis surprise qu’il ne plaise pas ou déçoive.
Ce récit existe en audiolivre, je ne sais plus qui le lit mais j’avais trouvé cette lecture magnifique.
@ Marie :
Ouille, désolée. :/
@ EmiLit :
Oui, je suis restée à distance de ce récit. Pourtant, cette histoire est forte. :/
il est sur ma liste, après La confusion des sentiments, le joueur d’échecs, j’ai vingt quatre heures de la vie d’une femme, les prochains ce sera lui et Le voyage dans le passé, merci pour ce beau billet
@ Lael :
Oh, merci. )
Te connaissant un peu à travers ton blog, je crois que ce récit te plaira. )
Dans Zweig tu trouveras toujours une part plus ou moins importante de romanesque et de romantisme, même dans ses biographies … C’est un auteur qui écrivait sur ce qu’il aimait, les gens, les autres, les femmes, les hommes, les sentiments ! C’est certainement un des plus grands auteurs du 20ème Siècle ! Chacun de ses livres est un moment de bonheur (pour moi, évidemment !) …
Je suis une fan de Zweig ! Surtout ses contes et nouvelles…
En revanche, comme toi, impossible de m’identifer à cette femme que j’ai trouvé néanmoins magnifique !!!
@ Nanne :
C’est vrai qu’il ua toujours une part de romantisme … d’ailleurs, il faudrait que je regarde, mais à l’époque où il écrivait, je ne sais pas comment ses œuvres étaient perçues. Vu que ce courant était déjà bel et bien terminé.
@ NatinChina :
Trop extrême à mon goût.
Disons que les affres de l’amour peuvent être terribles, mais c’est quelque chose qui me fait peur aussi. Un tel lâcher-prise !
Leiloona, les œuvres de Stefan Zweig ont toujours été très bien perçues, même lors de leur sortie au début du 20ème Siècle. C’était un auteur à succès et encensé par la critique. J’ai une biographie de Zweig, « Le voyageur et ses mondes » de Serge Niémetz qui existe en poche. Très complète et intéressante pour mieux connaître ce grand auteur.
Passant de post en post depuis que j’ai repéré le romans sur Zweig dans une de tes dernières notes je suis arrivée de nouveau chez toi ^^ Je me ferai bientôt mon avis sur ce roman et sinon oui pour l’air de George Clooney
Tu vas participer au challenge Zweig? (le « ich liebe dich » ou le « baby »)
Bonjour à tous .
Je voudras savoir si quelqu’un peut m’expliquer le dénouement de cette histoire parce que je n’ai pas trop compris là fin du texte .
Merci d’avance . = )
je viens de découvrir Stephan Zweig et je me demande encore comment j’ai bien pu passer à côté de cet auteur qui m’a totalement subjuguée Bon dimanche Peut-être viendras tu lire l’article que je viens d’écrire sur la première partie de romans et nouvelles