Commentaires sur Le premier amour de Véronique Olmi

Alors qu’elle prépare un dîner d’anniversaire, celui de ses 25 ans de mariage, Émilie tombe sur une annonce dans le journal. Après l’avoir lue, elle laisse tout en plan chez elle : bougies, petits plats, champagne et bas résille. Et c’est en direction du Sud qu’elle prend la route.
Cette annonce qui a tant bouleversé Émilie est signée Dario : le premier amour de cette femme de 50 ans. Et c’est sans réfléchir qu’elle choisit d’aller le retrouver, suite à sa demande.
Commence alors un récit de voyage, si le livre avait été un film, on l’aurait classé parmi les road-movies : tout au long de l’autoroute, Émilie fait la connaissance d’être plus ou moins paumés. Elle, de son côté, a l’impression d’enfin vivre la vie qu’elle n’aurait jamais dû quitter, une vie en compagnie de Dario.
Ces gens rencontrés sur sa route ainsi que les paysages qui défilent sont l’occasion de faire remonter des souvenirs : la première fois qu’elle a vu Dario, la première fois qu’ils se sont embrassés, la nonchalance du jeune homme, qui, couplée à un certain savoir-faire, faisait de lui la coqueluche des filles du lycée …
En marge de ces souvenirs, le lecteur en connaitra aussi plus sur la vie actuelle d’Émilie : sa vie de mère de famille, sa relation avec son mari, avec ses trois filles, son regret face au temps qui passe, mais aussi les proches qu’elle n’a plus vus depuis de nombreuses années, comme sa sœur Christine atteinte de trisomie 21. 

Au début, j’ai eu du mal à croire à cette histoire : cette annonce sur laquelle tombe le personnage principal me semblait peu vraisemblable … En outre, les personnages croisés sur l’autoroute n’avaient pour moi que peu d’épaisseur et n’avaient pas de réel impact sur l’intrigue principale. Même Dario me semblait faux sous ses airs de ne pas y toucher. Et puis, il est vrai qu’en ce moment, je suis à mille lieues des préoccupations de cette femme qui quitte sa famille sur un coup de tête pour retrouver son premier amour.
Bref, cela commençait mal.
Mais au fil des pages, j’ai compris pourquoi Dario semblait peu crédible. En fait, ce personnage est vu à travers le regard de la jeune Émilie. Elle le décrit donc en l’entourant de ce halo de perfection comme le ferait n’importe quelle adolescente amoureuse. C’est ce point de vue qui m’a gênée au début, mais ce sentiment s’est effacé lorsque les personnages se sont étoffés. Quant à l’impulsion d’Émilie, si j’ai eu du mal à comprendre au début cette femme de 50 ans prête à tout pour retrouver son premier émoi amoureux – comme si elle devait à tout prix courir après le temps perdu – celle-ci est devenue finalement attendrissante, et puis le roman prend une tournure surprenante lorsqu’Emilie arrive enfin à Gênes puisqu’il ne s’agit plus seulement de retrouver ce premier amour, du moins pas comme elle l’avait imaginé …
Ainsi, même si j’ai largement préféré La Promenade des russes, les personnages de ce roman prennent au fil des pages une certaine épaisseur et je m’y suis attachée petit à petit. Ce livre n’est pas un coup de foudre, mais quelques passages, notamment sur le temps qui passe, sortent du lot.

Lorsqu’ Émilie parle d’une de ses filles :
Je me souviens de Zoé petite. Des yeux immenses. Des petites dents pointues sur des rires en permanence, des fantaisies, des inventions, des chansons, un monde en ébullition, « une boule de mercure » disait d’elle la directrice de la crèche. Quand et pourquoi a-t-elle cessé de l’être ?

Quand elle revient sur son départ :
Après l’annonce de Dario dans le journal, je suis partie là où ça bat, là où tout ce qui nous occupe habituellement devient dérisoire et disparaît, exactement comme si nous étions morts. Les dates des agendas, les chiffres de l’argent qu’on gagne, de l’argent qu’on perd, que l’on prête que l’on emprunte, nos vies en équation, les notions d’un espace réduit et d’un temps carnivore, je les oubliais tandis que je roulais …

Quand elle pense à sa vie actuelle :
J’avais rythmé ma vie dans le mauvais tempo …

Un roman de la maturité, sur le temps qui passe, sur les décisions passées ou à venir qui changent à tout jamais notre vie. Finalement un roman qui démontre que peu importe l’âge affiché sur notre carte d’identité : au fond de nous sommeille toujours un adolescent qui ne demande qu’à se réveiller.

Je remercie encore une fois Cuné pour son envoi. Elle n’a pas fait de billet, mais je crois bien que ce livre fut une déception pour elle aussi.
Antigone aussi partage notre ressenti …

34 comments

  1. Choco says:

    Bon je garde malgré tout mon envie de lire ce roman ci malgré vos avis mitigés… oui je suis têtue ^^

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  2. Leiloona says:

    @ Cuné et Cathulu :
    J’ai failli arrêter au début, mais finalement je ne regrette pas de l’avoir terminé car les personnages sont attachants (bon, la fin non plus ne m’a pas plus transportée que ça, cela dit. )

    @ Pimprenelle :
    C’est aussi ce que je me suis demandé … je ne sais pas.

    @ Choco :
    Oh mais tu fais bien de l’être ! )

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  3. Cappuccinette says:

    J’avoue que moi, ayant eu 50 ans il y a 11 jours, je comprendrais sans doute mieux ce que vit cette femme, même si je ne me sens pas du tout prête à avoir cette attitude d’abandon de tout au profit d’une chimère… Mais c’est vrai que seule l’enveloppe corporelle vieillit ; à l’intérieur, on reste la même.
    Bises de Capp

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  4. l'or des chambre says:

    De cet auteur je préfère attendre « la promenade des russes » qui ne va sans doute pas tardée à paraitre en poche ! De toute façon j’ai encore « sa passion » sur ma PAL. Il y a beaucoup d’avis négatifs sur celui là. A bientôt !

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  5. Aurore says:

    Les avis se suivent et se ressemblent beaucoup pour ce Premier amour… De très beaux passages, un brin de folie, et un plat final. Mais cette découverte ne me décourage pas, je vais trouver La promenade des russes, et retrouver la belle écriture de V. Olmi

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  6. sybilline says:

    Etonnant avec Véronique Olmi ! Elle peut faire montre d’une sensibilité, d’une empathie profonde (« Bord de mer ») mais aussi d’une froideur totale (« Mathilde »). Ne faut -il pas aussi faire preuve d’une froideur, d’une cruauté terrifiante pour partir ainsi sans un mot, indifférente au tourment et à la douleur de ses proches?

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  7. Géraldine says:

    Chère sun ans moon !!! très joli !
    Bon, magnifestement, ce n’est pas le cri du coeur pour ce livre, ni dans un sens, ni dans l’autre… Je passe, car je ne veux que de l’enthousiasme pur !!!

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  8. Paloma le chat says:

    Tu as l’air un peu déçue et pourtant ce que tu en dis me donne plutôt envie de l’ouvrir… Néanmoins, je vais en lire quelques pages à la Fnac avant de l’acheter.
    Bises
    Paloma

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  9. Gio says:

    J’avais rythmé ma vie dans le mauvais tempo …

    Très joli… As-tu fait exprès de « choisir » un alexandrin?

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  10. zarline says:

    Dommage, il me tentait bien mais je vais faire confiance à vos avis… et attendre une bonne trentaine d’années pour le lire. Ma PAL débordera peut-être moins d’ici-là

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  11. Lilibook says:

    J’étais tentée en le voyant dans un magazine mais avec quelques avis mitigés voir négatifs je ne suis pas sûre du coup de le lire. ça arrangera ma lal et ma pal d’ailleurs

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  12. Leiloona says:

    @ Antigone :
    Oui, espérons que son prochain soit meilleur (ou qu’il nous plaise plus, au choix. )

    @ Stéphie :
    Oui, ce serait mieux !

    @ Clara :
    Ah, désolée.

    @ Capp’ :
    Oui, peut-être … cela dit, on peut aussi avoir envie de tout abandonner avant d’avoir 50 ans : c’est une pensée qu’on peut avoir à tout âge, non ?

    @ L’or des chambres :
    Oui, attends sa sortie en poche. Hâte de découvrir sa couverture, d’ailleurs !

    @ Aurore :
    Quant à moi, je compte lire ses autres livres que je ne connais pas encore.

    @ Sybilline :
    Je ne connais pas « Bord de mer », mais ce sera sans doute mon prochain.

    @ Géraldine :
    Non, pas un cri du cœur. Je le regrette d’ailleurs.

    @ Paloma :
    Alors si je donne tout de même envie, c’est pas mal ! )
    Certains passages sont très beaux tout de même.

    @ Gio :
    Non, je n’avais pas fait exprès !

    @ Keisha :
    Je ne sais pas si ça suffit vraiment.

    @ LVE :
    La couverture ne me plaisait pas du tout, j’aurais p’tre dû écouter mon premier avis !

    @ Zarline :
    Mouarf ! )

    @ Eloah :
    Quand il sortira en poche, peut-être ?

    @ Lilibook :
    Mais peut-être aimerais-tu ?

    @ Marie L :
    Je le pensais aussi …

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  13. Marie says:

    Comme ma pal augmente à un rythme trop délirant, j’ai décidé de jouer les difficiles : allez, je vais passer mon tour pour ce titre !

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  14. Manu says:

    Je ne suis pas fan des road movies et comme tu es déçue, je ne note pas (je me sens plus légère !)

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  15. Antoine says:

    J’ai vu ce livre en bouquinerie, j’ai hésité à le prendre et puis j’ai renoncé en pensant à la déjà trop longue liste de livres qu’il me reste à écouler .

    Ton billet ne me fait pas regretter, je ne pense pas que ça m’aurait plu !

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  16. Leiloona says:

    @ Marie :
    Et tu as bien raison.

    @ Lancellau :
    Ah oui, je te le conseille celui-ci !

    @ Manu :
    Hé hé, ta PAL en est ravie !

    @ Antoine :
    Je pense moi aussi que tu n’aurais pas aimé … mais peut-être que je me trompe.

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  17. Shox R4 says:

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