Imaginez un monde où les habitants ne feraient en moyenne que deux millimètres ! Là, sur un arbre, des milliers d’êtres vivants, habitant pour certains dans la cime, pour d’autres les basses branches. Un vrai microcosme sur un vieux chêne !
Approchons un peu plus près, et regardons ce qui se trouve sur cet arbre …
Des maisons, des charançons, une boule de gui qui sert de prison. C’est vraiment un monde à part.
De ces habitants extraordinaires se détache une famille : les Lolness. Le père est un inventeur sympathique qui est resté très amoureux de sa femme. Ils ont eu un enfant : Tobie. Un petit être espiègle et aventurier.
Au début du roman, Tobie est poursuivi par une horde d’hommes violents et agressifs.
Pourquoi poursuivent-ils un enfant de 13 ans ?
C’est au cours des pérégrinations de Tobie que le lecteur découvrira, grâce à de nombreux retours en arrière, pourquoi il en est arrivé là.
Sous cette belle couverture qui met en relief les feuilles de l’arbre se cache une histoire des plus palpitantes.
Tobie – que le lecteur apprendra à connaître au cours des nombreux souvenirs évoqués – est un garçon débrouillard et attachant, mais ce livre ne tient pas la route grâce à ce seul personnage.
Tout est savamment orchestré et c’est tout un nouveau monde qui se déploie sous les yeux du lecteur. Un monde qui ressemble au nôtre avec les mêmes préoccupations. Ainsi le monde de Tobie est un monde qui va mal car les habitants de l’arbre ont oublié de préserver le sol ou plutôt les branches sur lesquelles ils vivent. Et malheureusement le père de Tobie qui souhaite prendre soin de l’arbre avant tout se voit maltraité par d’autres moins soucieux du bien-être du tronc.
Alors que les romans jeunesse utilisent souvent des sorciers, dragons ou autres monstres fantastiques, Timothée de Fombelle a choisi quant à lui d’écrire une histoire au plus proche de la nature. Et le concept fonctionne du tonnerre ! Comme quoi, parfois il n’est pas utile que la magie soit présente dans un livre pour la jeunesse. Bon, je caricature un peu, mais à l’heure actuelle de nombreux livres pour adolescents fonctionnent tout de même sur cette base fantasy. Bien-sûr, ce roman n’évite pas non plus le merveilleux puisque l’univers décrit n’existe pas, mais c’est un univers très proche du nôtre au final. Par le prisme d’un monde nouveau, l’auteur fait passer un message écologique aux jeunes lecteurs.
Ainsi le père de Tobie est alors vu comme un Darwin en puissance et ses idées bousculent les membres du conseil :
Son livre sur les origines avait été plutôt mal accueilli. Il y racontait l’histoire de l’arbre comme celle d’un être vivant. il disait que les feuilles n’étaient pas des plantes indépendantes, mais qu’elles représentaient les extrémités d’une immense force de vie.
Ce qui avait choqué les lecteurs, c’était que ce livre sur les origines parlait en fait d’avenir. Si l’arbre était vivant comme une forêt de mousse, il était terriblement fragile. Il fallait prendre soin de cet être qui leur ouvrait les bras.
Il devient donc urgent de prendre en considération le compte-rendu de Sim Lolness. Malheureusement, ses articles ne sont pas pris au sérieux …
Outre les nombreuses aventures vécues par Tobie et ces considérations écologiques, l’histoire regorge de personnages attachants. La petite et énigmatique Elisha par exemple ou encore Nils, un enfant délaissé par son père qui ne voit en lui qu’un enfant apeuré. Une mauviette.
Et puis, alors que tous ces ingrédients sont déjà le signe d’un bon livre, l’auteur se paie le luxe d’insérer en plus de-ci de là des phrases enchanteresses. Voici par exemple ce qu’il écrit quand le père de Nils prend conscience de la valeur de son fils : Tout ce que l’on sait, c’est que l’immense Norz Amen se mit tout à coup à aimer son fils. Comme si un pont de soie fine avait été jeté entre eux par une araignée céleste.
Et voici ce que ce dit Tobie quand il est enfermé dans une grotte :
Mais quand arriva le troisième jour, avec un petit pain dur, et une assiette de moisi et qu’il compta qu’il lui en restait cent dix-sept à tenir, il comprit qu’on ne vit pas seulement d’air, d’eau, de chaleur, de lumière, de nourriture et de conscience du temps.
Alors, de quoi se plaignait-il encore ? De quoi vit-on en plus de tout cela ?
On vit des autres.
C’était sa conclusion.
On vit des autres.
Malgré tout, c’est aussi un monde où la cruauté existe. Et c’est Jo Mitch qui l’incarne. Et comme il fait peur, de nombreuses personnes sont sous ses ordres. Il ne manquerait plus qu’il arrive au pouvoir …
Du coup, ce roman ne fait pas l’impasse sur de nombreuses violences infligées à des personnes faibles, mais là encore l’auteur n’a pas cédé à l’appel du glauque qui sévit souvent ces derniers temps. Et si violence il y a, elle n’est pas non plus effroyable. Il s’agit juste de montrer les travers de ce monde. Un monde où l’autre que l’on ne connaît pas est aussi perçu comme monstrueux. Avant de faire sa connaissance, bien-sûr. Du coup, le thème de l’Autre est aussi abordé dans cette histoire. Une histoire à étudier pour ses nombreux aspects.
Ainsi ce livre réuni tous les ingrédients d’un excellent livre : une histoire originale campée par des personnages attachants, un univers fouillé et crédible, mais aussi une manière poétique de voir le monde.
Bon, vous l’aurez compris, je compte bien lire le second tome des aventures de Tobie. Je suis tombée amoureuse de ce monde féérique.
Je finirai par cette magnifique phrase :
Il y a un proverbe pelé qui dit : Ce que l’on sème dans une plaie avant qu’elle ne se ferme donne une fleur captive qui ne meurt jamais.
Ed. Gallimard jeunesse, 16 €, 312 pages. Illustrations de François Place.
Roman sorti en poche. Aucune raison de se priver (il ne comptera même pas dans votre pile à lire car ce roman passera directement de la case « Librairie » à la case « Lecture ».)
C’était aussi un coup de coeur de Florinette.
Lael écrit à propos de Tobie : D’une créativité certaine, Tobie Lolness séduira les jeunes et les plus grands par sa fraîcheur et son originalité.
Une belle entrée en matière dans la littérature de l’imaginaire où la sensibilité est mise au service de la nature…
Bonne lecture !
Du coup, j’ai acheté le beau volume en papier recyclé qui regroupe les 2 tomes.
Il ne me reste plus qu’à lire le 2e !
@ Didi :
Oui, tu as de nombreuses illustrations dans le livre.
@ Faelys :
Une fois le second tome terminé, je regarderai aussi ce « Vango ».
@ Ana :
Oh tu verras, tu ne seras pas déçue !
@ Del :
Il n’y était pas, là où je les ai achetés. :/
@ Violaine :
Tu devrais t’y mettre d’ailleurs. 
C’est de la très très bonne littérature jeunesse.
@ Bladelor :
Hâte de connaître ton avis !
Et à celles qui ne connaissent pas encore : foncez les lire !
)
Ta fille a de très bons goûts !
@ Ori :
Vous voulez que je craque pour Vango, aussi, hein !
@ Emilie :
Oui, j’aime bien ce mot-là aussi quand il s’agit de bouquins !
@ Lancellau :
Aaaaaaaaaaah mais il fallait succomber, voyons !
J’ai adorée le tome 1 et surtout le 2 les illustrations sont superbes!!