Comme la lecture du premier tome m’avait conquise, il me fallait continuer la découverte de cette pentalogie.
Après les camélias du précédent volume, nous restons au plus proche de la nature avec Hamaguri. Un coquillage qui symbolise la quête amoureuse. Dans le roman la petite Yukiko aime en effet jouer à réunir les deux coquilles complémentaires du coquillage : Chez les Hamaguri, il n’y a que deux parties qui vont bien ensemble. De même que les hamaguri , les hommes ne peuvent eux aussi avoir qu’un seul être complémentaire …
Alors que dans le premier tome, nous avions le récit de Yukiko par l’intermédiaire d’une lettre adressée à sa fille, le point de vue est ici celui de Yukio. Il apporte donc des éclairages sur la vie de ce petit garçon sans toutefois répéter ce que le lecteur a appris précédemment.
De son enfance, Yukio se souvient d’ELLE, une jeune fille de son âge qu’il a connue au parc. A cet âge-là, ils pensent leur amitié éternelle, aussi se promettent-ils l’un à l’autre. Pour sceller ce pacte, elle lui offre ce fameux coquillage dont les deux coquilles ont été réunies et scellées par un mince ruban de papier :
- C’est pour toi. J’ai écrit ton nom et mon nom aux creux des coquilles et j’ai mis un petit caillou dedans.
(…) J’agite le coquillage en le tenant des deux mains : kotokotokoto. (…)
- Ça me plaît beaucoup ! Je le garderai toujours ! Et je n’oublierai jamais que c’est toi qui seras ma femme.
Malheureusement ces enfants ne savaient pas encore à quel point la vie joue des tours …
Et il suffit d’un déménagement pour éloigner ces deux innocents.
Bien-sûr, le lecteur connaît déjà la suite de l’histoire, il sait déjà que ces deux enfants se retrouveront. Aussi le suspens n’est pas l’intérêt de ce deuxième tome, puisque le lecteur connaît déjà les grands pans de l’histoire de Yukio.
Mais j’étais contente et curieuse d’en savoir plus sur ce petit garçon énigmatique et replié sur lui-même.
Comment avait-il vécu ces différentes séparations ? Qu’était-il devenu après la bombe ? Autant de questions qui restaient en attente et qui ont été comblées grâce à ce tome : le puzzle se complète petit à petit.
Là encore les secrets de famille ont une grande place et il est intéressant de voir comment les êtres se constituent malgré ces secrets, malgré la curiosité de demander à l’autre de se dévoiler. Mais la pudeur et le respect passent avant la curiosité.
Cette pentalogie offre donc un regard sur le modus vivendi de ces deux familles asiatiques. Bien-sûr les secrets de famille existent sur tous les continents, mais peut-être fait-on moins attention à autrui, animé par le désir de savoir ?
Dans ces romans, le respect de l’autre, surtout celui du plus vieux, passe avant.
Mais le passé semble toujours se frayer un chemin, et si la parole révélatrice est absente, la découverte du secret se fera grâce aux objets.
Une lettre dans le premier tome, un coquillage dans le deuxième.
L’écriture toujours aussi gracieuse colle à merveille au personnage de Yukio et le lecteur parcourt ce court récit aussi avidement que le premier. La douceur et la simplicité s’opposent là encore à la complexité de la vie de cette famille, aux nœuds faits par ce secret.
L’écriture a cette petite chose en plus qui fait qu’on s’attache à ces deux familles liées entre elle par un secret, tel ce coquillage dont les coquilles sont maintenues ensemble par un mince ruban.
Ed. Babel, 112 p, 5€50
D’autres avis ?
- Papillon, Stéphie, Aifelle, Pimprenelle …