On change radicalement de ton dans le dernier roman de Miano. Exit le souffle épique de sa trilogie (L’intérieur de la nuit, Contours du jour qui vient, Les Aubes écarlates ) : place à une musique plus moderne !
Dans ce roman, l’auteur donne la parole à des femmes « afropéennes », des femmes parisiennes avec leurs doutes, leurs peines de cœur et leur joie.
Un mot ressort quand on referme ce livre : pétillement.
Un pétillement du aux personnages mais aussi à la structure du livre.
Chaque chapitre construit comme un morceau de musique apporte une couleur particulière. Ainsi le passage sur Malaïka se clôturera sur « H.A.P.P.Y » de Valérie Boston. D’autres passages seront bien-sûr plus mélancoliques. Le tout composera un album aux couleurs métissées, un album animé par l’amour.
L’amour et ses variations …
Malaïka, Amahoro, Akasha, Shale, Estelle, Elise.
Des femmes de différents âges, qui se positionnent toutes de façon différente.
Malaïka assume ses rondeurs et sa taille 46. Elle n’a pas la langue dans sa poche et dit même que la taille 38 est en fait la burqa des femmes occidentales. Malgré tout, quand son ami la demande en mariage, des doutes remontent : et s’il voulait se marier avec elle pour avoir des papiers ?
Amahoro, quant à elle, est en froid avec son mari. Celui-ci, suite à une gâterie qui l’a emmené au 7ème ciel, doute de la fidélité de sa femme. Mais où a-t-elle appris ce tour magique ?
Akasha ouvre ce roman. C’est une femme déçue par ses amours avec des subsahariens. Après avoir décidé d’aller à un speed- dating, elle reste finalement chez elle … Arrivera-t-elle à sortir de sa mélancolie ?
Et Elise, la doyenne du groupe et mère de Shale et Estelle, porte un lourd secret en elle. Et c’est l’heure pour elle de le révéler à sa fille.
Ces femmes possèdent des doutes propres à leur féminité, et bien-sûr, certains doutes naissent aussi de l’origine de ces femmes. Elles n’en sont pas moins françaises. Mais leurs origines leur confèrent une place particulière.
Au cours des années que dura leur union, au fil de la naissance des enfants – Akasha, puis ses deux frères, Ruben et Malcolm -, ce mot serait jeté à la figure de Marianne, comme un crachat glaireux. Elle ne serait qu’une canne à sucre. Une chose faite pour être mâchée, pressée, recrachée. Elle n’avait pas d’ancêtres identifiables, pas de divinités tutélaires, pas de totems, pas d’au-delà où se rendre après la mort, as de langue propre …
En fait, voici un roman qui donne la parole à ces femmes noires, un roman moins lyrique que les précédents, mais qui lui aussi se fait le porte-parole de femmes qu’on entend peu, ou alors de façon caricaturale.
Un roman contemporain qui soulève le problème de la place des Afropéens tout en démontrant que ces hommes sont avant tout des citoyens parmi d’autres, avec leurs peines, leurs joies et leurs états d’âme.
Néanmoins elle n’en démordait pas, les Afropéens devaient mettre un terme à leur tergiversations identitaires, cesser d’attendre d’être nommés et légitimés par la majorité. Ils devaient s’inventer, s’imposer, se dire.
Des notes fraîches, un tempo bien rythmé, vivement la saison 2 Paris Boogie !
Blues pour Elise
Léonora MIANO
Genre : Littérature française
Thèmes : Littérature
Date de parution : 07 Octobre 2010
Prix : 18 €
Nombre de pages : 210
Dimension : 132×201 mm
ISBN : 2-259-21286-7
Cuné aussi a aimé.
ce livre me tente bien : j’ai déjà lu de Léonora Miano Contours du jour qui vient. J’avais trouvé cela justement un peu trop lyrique et ancré dans la magie et l’étrangeté.
ici, thème moderne et lyrisme moins présent pourraient me plaire
ce livre me tente bien : j’ai déjà lu de Léonora Miano Contours du jour qui vient. J’avais trouvé cela justement un peu trop lyrique et ancré dans la magie et l’étrangeté.
ici, thème moderne et lyrisme moins présent pourraient me plaire
On dirait que canalblog s’amuse à multiplier les commentaires ces temps-ci ! J’hésite un peu à me lancer dans Léonora Miano, assez dure me semble-t’il, celui-ci pourrait être un bon début.
Je n’ai encore rien lu de Leonora Miano, mais je commence à être furieusement tentée, par ce dernier livre en particulier !
Je ne connaissais pas ce roman ni cette auteure avant de lire un billet à son sujet il y a quelques jours.
J’aime beaucoup ce que tu en dis, l’universalité qui finalement semble s’en dégager…
J’ai lu Soulfood Equatoriale de cet auteur, ce roman-là a l’air assez différent, mais tentant…
Fichtre ! Bien tentant !
C’est une auteur que je ne connais pas encore et ton billet me donne envie de commencer par ce livre-là, même si c’est le dernier.
Voilà un auteur que je ne connais pas du tout, mais ma LAL est bien trop chargée ces temps-ci, on verra plus tard…
Je ne connais pas du tout . Je le note
Pareil, je le note pour plus tard
C’est très intéressant. Vu que c’est ma prochaine lecture, ça promet!
J’ai vraiment hâte de le lire. C’est grâce à toi que j’ai eu envie de lire plus avant cette auteur découverte par le biais de nouvelles.
J’ai vraiment hâte de le lire. C’est grâce à toi que j’ai eu envie de lire plus avant cette auteur découverte par le biais de nouvelles.
ce livre me tente bien Merci pour la découverte
rho la laaaaaaaa, je n’ai toujours pas lu cet auteur et pourtant j’ai un de ses livres sous la main, il faut que je m’y mette! Celui-là donne encore plus envie!
C’est selon moi son livre le plus abordable.
L’écriture est différente, c’est vrai. Le message peut être moins fort, aussi … mais s’il touche plus de monde, c’est peut-être plus important.
Tres tentee moi aussi !
J’aime beaucoup la couverture, j’ai bien envie de passer un moment avec ces femmes et je ne connais pas encore l’auteure.
Tiens, un nouveau livre que je n’ai encore vu nulle part sur la blogo ni ailleurs non plus. En tout cas, il me tente bien, je note.
Un nom d’auteur à retenir ! Je note.
Je ne savais pas que tu l’avais lu ! Pétillement est exactement le mot juste. J’ai adoré ce roman, le meilleur que j’ai lu depuis longtemps en littérature française.
Bravo et merci pour cet article, ça fait du bien de lire et de voir des choses comme celles-ci. On voit tellement de bêtises à gauche et à droite sur le web que quand on trouve un billet comme le votre on se doit de le dire. C’est pourquoi je me suis permis de déposer un commentaire, chose qui n’est pas des mes habitudes, mais là ça valait le coup. Merci et bonne continuation.