Ils sont trois adolescents. Des adolescents que la vie a malmenés. Des enfants perdus qui se retrouvent tous « Au bout du monde », une ferme en plein travaux tenue par Marlène. Cette éducatrice a une manière bien à elle d’aider ces jeunes : elle leur demande d’écrire chaque soir leur journée dans un journal.
Il y a d’abord Malo, un jeune garçon de 11 ans. Il ne sait pas trop pourquoi il est là mais il tient à écrire tous les soirs dans ce journal, même si c’est difficile. Son lieu de prédilection est les toilettes, ce qui a l’art d’énerver Solam. D’ailleurs Solam appelle Malo du charmant surnom de « Boule puante ».
Solam quant à lui incarne l’adolescent en marge. Le début de son journal ressemble ainsi à une suite d’insultes savamment organisées. Organisées parce que Solam sous ses airs de ne pas y toucher est plus calé qu’on le croit … mais pour le moment, nous sommes au début du livre, et il est encore bien empêtré dans son monde violent. Ses pages s’adressent à Marlène, et elle a intérêt d’avoir le cœur bien accroché pour les lire.
La troisième arrivée est Jul. Jeune fille repêchée de la rue, au cœur et au corps parsemés de bleus … Son journal se présente elle aussi sous forme de lettres, puisqu’elle écrit à un dénommé Ley, un homme qu’elle aime profondément.
Ces quatre êtres vont apprendre à vivre ensemble, et le lecteur apprendra au fil des pages leur histoire.
Marlène est tout aussi secrète que les adolescents qu’elle a recueillis. Elle aussi a été malmenée par la vie. Peut-être est-ce pour cette raison qu’elle a envie de les aider, tous les trois ?
Au fil du récit, les langues se délient, et même si on ne connaîtra pas tous les détails de leur vie antérieure, le lecteur saura lire entre les lignes.
Il est toujours touchant de lire les histoires de jeunes malmenés par la vie. L’écueil possible de ces romans est que ça sonne vite faux. Dans celui-ci, ce n’est pas le cas : les trois narrateurs ont tous leurs particularités stylistiques et on a vraiment l’impression d’avoir le témoignage de trois jeunes paumés, avec toute la tendresse qu’ils peuvent inspirer. Mais les lettres ne tombent jamais dans le pathos. Au contraire, même, car on s’aperçoit de l’avancée de chaque jeune, de leur cicatrisation.
Même si les thèmes abordés ne sont pas toujours faciles, ce fut toujours avec avec plaisir que je retrouvai ces trois jeunes quand je le pouvais, essayant de trouver tous les moments possibles pour me retrouver moi aussi, là bas, au bout du monde.
Un livre qui touchera certainement les adolescents mais aussi les adultes. Un livre qui sonne juste.
Auteur Maud Lethielleux
Editeur Flammarion – Père Castor
Date de parution novembre 2010
Collection Tribal
ISBN 2081248506
508 pages
10 €