Commentaires sur American clichés de Sophie Simon

Ah comme ils sont beaux et souriants sur cette photo. Papa revient du boulot, et Maman avec ses deux enfants courent vers lui pour l’embrasser, le sourire aux lèvres. En fond sonore, la musique de « royal canin ».
Pour un peu on y croirait !
Ils sont comme ça, les Américains ! Il faut sourire, ne rien montrer. Je vais bien, tout va bien. 
Mais en fait, non, si on gratte le vernis, ce n’est pas vraiment joli joli.  

Dans ce recueil de nouvelles, Sophie Simon revient sur certains clichés américains. Elle les décortique un par un pour le plus grand plaisir du lecteur.
C’est cynique comme il faut. Ni trop peu ni en excès. La juste dose.

Le lecteur découvre alors de multiples personnages : un père de bonne famille qui vient d’écraser involontairement un homme sur sa moto. Que faire dans ces cas-là ? Risquer de perdre sa petite vie bien établie ? Sa jolie petite famille ? Son verre de whisky quand il rentre le soir ? Ses hortensias qu’ils aiment voir pousser ?

Chaque jour, Ed quittait le bureau à dix-sept heures trente, sa vieille sacoche en cuir à la main, et gagnait le métro de la Gare centrale. Il retrouvait ensuite son train pour un trajet de vingt minutes jusqu’à sa petite banlieue du New Jersey, où Eléonore et leurs délicieuses fillettes l’attendaient dans leur modeste mais coquet pavillon.   

Une vie au rythme régulier et monotone qu’Ed ne voudrait abandonner pour rien au monde. 

Il y a aussi Howard. Un grand chanteur d’opéra. Mais inconnu. Sa femme ne partage pas la passion de son mari …On pourrait même se demander ce qu’elle aime chez son mari. Hormis le fait qu’il ouvre au chien quand celui-ci gratte à la porte la nuit. Aussi elle voit d’un très mauvais oeil l’achat de son mari : une chaîne stéréo. Voilà bien un objet inutile ! 
Mais qu’a donc en tête Howard avec cette chaîne ?

Et puis il y a Cary. 25 ans et toujours pas mariée :
A bientôt 25 ans, Cary n’était toujours pas casée. Enfin, elle l’était avec Sam, mais pour les parents Huston, ça ne comptait pas. C’était un caprice, une lubie qui devait cesser au plus vite. Mais force est de constater que Cary n’avait rencontré personne d’autre et que personne d’autre ne témoignait un grand intérêt pour leur fille aînée. Enfin si, un vague cousin, assez laid, un peu débile, mais futur héritier d’une belle exploitation pétrolière. Lorsqu’il fit sa demande, le père Huston approuva d’un grand « oui » sonore et enthousiaste, absolument ravi de cette alliance. Mais les larmes de Cary, et surtout sa grève de la faim, le persuadèrent de chercher le bonheur de sa fille plutôt que sa fortune.

Peter, lui, rêve d’Hollywood.Quant à Barbara, elle ne sait comment quitter son mari.

Des situations banales, des personnages qui pourraient être nos voisins tant ils nous ressemblent. Même s’ils sont américains. 
On pense souvent à la série Desperate, quand elle était encore cette satire jubilatoire de la société américaine. 
Un humour léger et grinçant, une plume qui manie habilement les péripéties et qui fait naître un certain suspens (à la limite parfois des nouvelles à chute) : un premier essai concluant pour Sophie Simon. 

 

Auteur : Sophie Simon
Editeur : Lattes
Date de parution : 06/04/2011
EAN13 : 9782709635172
Genre : romans et fiction romanesque
Nombre de page(s) : 219
17 € 

Livre lu dans le cadre du challenge « nouvelle » de Sabbio
Clara aussi l’a lu et a aimé. 
Sur le site de Marie-ClaireSophie Simon écrit avec un pinceau d’aquarelles des histoires terribles aux fins obsédantes. Des vies minuscules dont elle fait, par la force de son talent, des destins majuscules. Une révélation.

16 comments

  1. Stephie says:

    Je note alors, même si je me demande comment je vais faire pour lire déjà tout ce que j’ai en attente…

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  2. Sabbio says:

    Tout d’abord ta référence à Royal Canin m’a presque fait peur ^^’ (je t’expliquerai par mail ;D) et sourire.
    Ensuite, la couverture c’est très « Mad men ». Connais-tu? Si non il faut que tu essaies. Je ne suis pas fan mais je regarde et c’est exactement cette critique de la société US
    Enfin, merci pour cette belle participation à mon challenge et à ce billet intéressant!
    (petit P.S. : tu voudrais bien me le prêter? Please ^^)

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  3. Manu says:

    Je n’aime pas tellement les nouvelles mais peut-être celles-ci sont à tenter.

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  4. Tiphanie says:

    Je n’aime pas trop les nouvelles en général mais là le sujet m’intéresse donc pourquoi pas me laisser tenter

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  5. djak says:

    ah, ça, ça me tente carrément! en plus, je suis sûre que le genre de la nouvelle se prête très bien au thème choisi!

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  6. noann says:

    J’ai lu la première et ça m’a profondément fait chier.

    Il m’est tombé des mains.

    Le titre est bien choisi

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