Commentaires sur Une photo, quelques mots …

Et voici la première session de « Une photo, quelques mots ».

A partir de la photo de  ©Kot², il s’agissait de construire une histoire. Ni longueur ni thème imposés. 

J’avoue avoir réécrit l’histoire plusieurs fois. Comme j’ai aussi participé aux plumes d’été d’Asphodèle, j’avais envie d’un texte plus gai que celui que je venais d’écrire. Je ne voulais pas non plus repartir sur le même thème.
D’où ces multiples écritures. Mais parfois un texte s’impose et on ne peut que revenir dessus. D’où un texte guère plus drôle que le précédent. C’est ainsi … 

On ne se méfie pas assez du pouvoir de l’écriture …

Ci-dessous, mon texte, puis celui de 32 Octobre qui n’a pas relancé son blog d’écriture. 
Sous son texte, les liens vers les blogs respectifs d’Olivia, de Cabichou et Gwenaelle.

Passons à mon histoire …


*** 


On l’avait prévenue d’un texto lapidaire : 
« Céni’s – Montmartre ».
Cela faisait des mois qu’elle attendait ce texto. Enfin il arrivait.
Mathilda avait alors délaissé ses épluchures de pommes : la tarte attendrait bien quelques heures. Elle s’était essuyé les mains sur ton tablier avant de l’accrocher sur son crochet, avait rajusté la barrette qui maintenait ses cheveux blonds. Elle était passée devant le miroir, d’un geste automatique avait rajusté le col de son gilet, puis avait enfilé la première paire de mules.
D’une main tremblante elle avait alors pris son sac à main. Dernier accessoire avant le départ. Un sac trop lourd, mais elle ne se séparait jamais de ce qu’elle appelait « son nécessaire ».
Le Céni’s.
C’était ce soir ou jamais.
Elle sortit de l’immeuble à pas lents mais déterminés.
Perdue dans ses pensées, elle heurta de plein fouet un passant, se retourna à peine pour s’excuser. Ses mules heurtaient le sol d’un claquement sourd ; chaque pas la rapprochait de la libération. 
Montmartre n’avait rien perdu de sa fraîcheur, et sans ce funeste texto elle aurait même pu apprécier le brouhaha nocturne. 
Le Céni’s. 
Elle y était arrivée. 
Pour le moment elle ne distinguait personne, mais il était là : le message était formel. 
Elle resta là, quelques minutes, sur le trottoir. Le fraîcheur de la nuit était tombée. Elle avait froid, mais elle restait là. Un petit vent jouait avec les pans de sa jupe, et ramenait ses cheveux dans les yeux. 
Mais c’était trop tard. Il ne servirait à rien de jouer à l’aveugle. 
Elle savait. 
Dans quelques instants elle rentrerait dans le café, le trouverait attablé, il ne serait pas seul, et ne s’en cacherait même pas. Depuis quelques années ils étaient devenus des étrangers l’un pour l’autre. Mais elle aurait préféré qu’il ne la bafoue pas ainsi. En public. Dans un café. 
Alors elle s’approcehrait de lui, le pas lent et lourd, planterait des yeux accusateurs dans ses prunelles étonnées, puis d’un mouvement bref mais vengeur elle lui donnerait de la main droit un franc coup de sac. 
Oui, « son nécessaire » lui était assurément indispensable. 

©Leiloona, le 29 juillet 2011

***

Voici maintenant le texte de 32 Octobre : 

Camille passe ses vacances chez ses grands-parents.

C’est un garçon très curieux de leur histoire.

Il a tout voulu savoir de leur première rencontre et ainsi a fait connaissance avec Pâquerette. Puis il a commencé à feuilleter l’album de photo. Il a découvert une photo d’une plage avec un pin. Son grand-père lui a raconté cette fameuse journée de février 1968. Puis sa grand-mère a pris la relève en lui parlant de cette photo d’empreinte de pas sur le sable d’une plage. Elle lui a raconté l’histoire de cette photo ratée mais à laquelle elle tient beaucoup. Camille continue que de farfouiller dans les photos trouvées dans le grenier. Il veut mieux connaître Nestor et Natacha.

Mais laissons-lui la parole ou plutôt lisons ses mots écrits dans un grand cahier bleu.

 Extrait du journal de Camille.

  31 juillet 2011, au Resty

 Aujourd’hui, c’est mon anniversaire, j’ai 7 ans, je rentre en cours élémentaire 1ère année en septembre mais je vais certainement sauter une classe car je suis drôlement fort.

 Je sais lire et écrire et drôlement bien. (zut, je me répète drôlement beaucoup …).

Je vais demander à Papy Nestor de faire un blogue… mais je ne sais pas s’il va être d’accord. Ce serait pour faire comme Jen. Vous ne la connaissez pas ? Vous êtes drôlement nul… c’est Mamy Natacha qui m’en a parlé et qui m’a fait voir. Elle a 7 ans, Jen, comme moi et elle écrit avec sa maman… moi ce serait avec Nestor.

  Et le blogue s’appellerait « Nestor et Camille vous causent… » à moins qu’on l’appelle « Nestor et Camille racontent… » ou tout simplement « Nestor et Camille… ».

 Et on mettrait aussi les textes de Mamy Natacha, car là elle les met en commentaires un peu partout. Dur à suivre ma Mamy, « écrimaginatrice » qu’elle dit qu’elle est. Quel drôle de nom. Elle en invente toujours. Vous voyez, j’ai de qui tenir du haut de mes 7 ans.

  Je suis le spécialiste pour raconter des histoires avec les photos.

 J’adore les photos, j’adore lire ce qu’il y a d’écrit derrière les photos.

J’ai trouvé plein de photos dans le grenier.

 Et là, je viens d’en trouver une de drôlement bizarre.

 Je me demande qui elle représente.

Rien d’écrit derrière.

Et je n’ose pas aller demander à Papy Nestor.

 Pourquoi elle est de dos la dame ? Elle habite où la dame ? C’était quand la photo ? Qu’est-ce qu’elle attend la dame ? Qui sait le monsieur ? Son amoureux ? Pourquoi son sac à dos il est pas sur son dos ? C’est qui qu’a pris la photo ?

 Pourquoi elle est dans la malle dans le grenier la photo de la dame ?

 Dis, Madame, pourquoi t’es là ?

 Et si la dame, c’était la maman de Papy ou celle de Mamie. Et si c’était une princesse. Et si c’était…

Zut ! Faut que j’y aille ! Ils crient « à table ! ».

 Camille ferme son cahier bleu à grands carreaux.

Dessus, il est écrit : « Journal des vacances 2011 de Camille ». Il va le cacher dans la grande malle, sous les photos.

Camille a gardé dans sa main, la photo de la dame blonde, bien décidé à poser des questions sur l’inconnue. Mais il se demande comment il va faire.

 Camille a 7 ans, un sourire d’ange et sait y faire.

Il va y aller par petites touches puis soudain mettra sous le nez de ses grands-parents la photo de celle qu’il a déjà appelée « Queue de cheval ».

 « Qui c’est ? »

©32 Octobre

***

Et, comme je l’ai écrit plus haut, je suis honorée que Gwenaelle, Cabichou et Olivia m’aient déjà rejointe. 
Ci-dessous le lien vers leur texte : 
Olivia : Lumineuse distance.  
Gwenaelle 
Et Cabichou

 Dès demain une nouvelle photo ! 
 

16 comments

  1. Jean-Charles says:

    Je découvre à l’instant alors je participerai sûrement pour la semaine prochaine.

    @Leiloona : ouille, ouille un coup de sac pauvre garçon ! Une de plus qui a des comptes à régler !

    @32Octobre: Plein de surprises ici au travers d’un journal intime. Bonne idée.

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  2. clara says:

    Comme je suis contente de constater que l’écriture prend un spart plu importante dans les blogs ! J’ai raté ta 1ère session pour cause de vacances, mais j’en serai pour la suite, bien entendu !

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  3. Leiloona says:

    @ 32 Octobre :
    Oui, et comme le nécessaire était bien lourd …

    @ Clara :
    Demain, une nouvelle photo, et une semaine pour écrire son texte !
    Oui, j’avais envie de revenir à l’écriture, malmenée depuis un an. Hormis pour quelques concours, je n’avais pas pris ma plume. D’où ce rendez-vous que « je m’impose ».

    J’essaierai pour le prochain d’être plus joyeuse.

    Et je suis contente de voir que vous serez de la partie la semaine prochaine !

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  4. 32 Octobre says:

    de ce rendez-vous donné
    encore des univers différents à partir de la même photo
    une vraie richesse
    @ demain

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  5. La plume... says:

    J’aime bien l’idée de construire une histoire à partir d’une photo… Cela laisse tellement de possibilités!

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  6. Olivia says:

    32Octobre : fascinant, de découvrir de vieilles photos et de pouvoir inventer tout un univers, la réalité est tellement plus prosaïque.

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  7. Asphodèle says:

    Cette photo m’inspirait beaucoup de mélancolie (mais pas eu le temps, vraiment) j’essaierai pour lundi prochain (j’ose espérer !). Ton texte colle parfaitement à la photo es se lit d’une traite ! Ah ! Le sac de destruction massive !
    @32 octobre : bonne idée que ce journal et…les secrets de famille, une suite !!!
    P.S. : J’ai mis un lien vers ton blog et celui d’Eiluned dans mon billet d’aujourd’hui pour signaler vos ateliers du lundi. Quand on aime écrire et qu’on a le temps, c’est bien je trouve, surtout la photo, ça porte !!

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  8. Gwenaelle says:

    @ Leiloona : un texte qui colle à la photo dans ses moindres détails. Mais un coup de sac, je trouve ça un peu juste comme vengeance. Le monsieur mérite qu’on lui renverse tout un plateau sur le coin du museau!
    @ 32 Octobre : un texte qui m’a aussitôt fait penser au roman Un secret, de Grimbert. J’adore quand la curiosité et la naiveté des enfants déboulent dans le monde des sous-entendus et des non-dits sans prévenir…

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  9. Leiloona says:

    @ 32 octobre :
    Oui, à demain ! Sinon tu peux aussi répondre aux commentaires qu’on te fait sur ton texte, cela doit être frustrant de ne pas pouvoir dialoguer. N’hésite pas, hein, les commentaires sont là pour ça.
    J’ai bien aimé moi aussi ton axe d’attaque. L’album photo souvenirs est une mine d’or !

    @ Olivia :
    Oui, c’est vrai ! cela dit, Gwenaelle a fait un texte très drôle, mordant à souhait !

    @ Asphodèle :
    Oui, l’écriture prend du temps. Je serais contente si tu te joignais à nous pour la prochaine session !

    @ Gwenaelle :
    Mais mais c’est un sac très très lourd, là ! Mais c’est vrai que l’assiette sur le coin du museau, ce n’est pas mal non plus.

    @ MamanMarie :
    Oui, c’est marrant aussi de lire les différents textes produits !

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  10. L'Irrégulière says:

    Très joli texte ! Bon moi j’ai loosé pour cette fois (mais j’ai fini de corriger mon roman, alors j’ai une excuse imparable). J’essaierai de participer à mon retour de vacances !

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  11. Kot says:

    Bonjour à tous, je suis l’auteur de la photo.
    Tout d’abord merci à Leiloona pour son petit challenge, et bravo aux personnes qui y ont participé. J’étais curieux de voir quel point de vue vous alliez adopter pour raconter l’histoire.
    Celui de la dame, d’un observateur ou d’un narrateur. Eh bien je suis pas déçu !
    Vos histoires sont très réussies
    Pour le coté triste, je plaide coupable, forcément du n&b et de nuit ça aide pas
    J’attends la prochaine session avec impatience.

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  12. Leiloona says:

    @ L’Irrégulière :
    Je me doute que la correction doit te prendre du temps !

    @ Kot :
    Merci à toi surtout d’avoir bien voulu « prêter » tes photos pour l’occasion.
    D’ailleurs, si jamais cela te tente, tu peux aussi nous parler du moment de la prise de vue.

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