Tout était flou, comme si le monde autour de lui s’effilochait doucement, irrémédiablement. Il eut la nausée. Plus rien n’avait de sens. Antoine était persuadé de n’avoir reçu que deux choses de la vie : l’aptitude à nuire, la maîtrise de cette faculté.
Snow, ou plutôt Antoine Kingué est un homme pour qui l’apparence compte énormément. Ses cheveux décolorés sont même le symbole de cette perte identitaire.
Que cherche-t-il à fuir ?
Quand il était plus jeune, Snow a d’abord été envoyé en pension, puis au Mboasu, sa mère étant trop occupée à vivre une histoire d’amour avec un nouvel homme.
C’est contre elle qu’il lutte, mais aussi contre le Mboasu, pays resté à jamais étranger pour lui.
Outre ces cicatrices encore visibles sur le jeune adulte qu’il est, Snow est persuadé que son frère Maxime a eu la chance d’être aimé, lui.
Ce dangereux cocktail a fait grandir de travers cet homme. Un de ceux qu’on déteste dès qu’on le connaît un peu. Il vit comme une star, dans un monde où l’apparence et la futilité sont des armes maîtresses. Et surtout il vit aux crochets des autres, profitant de leurs faiblesses pour prendre leur argent.
Mais une décision de Maxime viendra bouleverser sa petite vie à paillettes.
Avec Blues pour Elise, Léonora Miano emportait son lecteur vers des rivages assez étonnants, le ton beaucoup plus léger laissait même entrevoir un virage dans la production de l’auteur. Avec Ces âmes chagrines, le récit se fait de nouveau plus sombre, même si dans cette histoire c’est un des personnages qui apporte cette noirceur.
Dans ses précédents romans, les protagonistes étaient lumineux, ils éclaraient même la situation tragique qui les entourait. Le lecteur était porté par leur aura. Là, le contexte n’est plus aussi sombre, même si la société moderne décrite n’est guère réjouissante ; seul Snow, dont l’histoire familiale a rejailli sur lui, est une âme noire.
Comme il me fut difficile d’entrer dans cette histoire. Outre ce personnage haïssable, je n’ai pas retrouvé ce souffle épique qui animait les premiers romans de Léonora Miano. Auparavant, il y avait une sorte d’urgence à dire et à écrire que je n’ai pas retrouvée.
La seconde partie du roman m’a toutefois davantage plu. Peut-être parce qu’enfin ce personnage entrevoit un peu les racines qui feront de lui un homme moins torturé ? On y comprend la détresse de Snow, on espère même qu’il en sortira grandi. La résilience peut-elle fonctionner sur un tel être ?
Finalement je préfère la plume de l’auteur quand elle se focalise sur l’Afrique, sur ses affres et ses cicatrices à ciel ouvert. Seulement là je retrouve, paradoxalement, la beauté vertigineuse de sa plume.
Ce roman est « un roman de jeunesse » de l’auteur, puisqu’elle l’a écrit il y a dix ans. A cette époque, ce roman n’avait pas obtenu un accueil assez enthousiaste pour être publié. Voici une interview de l’auteur :
Auteur : Léonora Miano
Editeur : Plon
Date de parution : 18/08/2011
EAN13 : 9782259212878
Genre : LITTERATURE FRANCAISE ROMANS NOUVELLES
Nombre de page(s) : 288
20 €