Commentaires sur La plus belle histoire des femmes

Raconter l’histoire de la condition féminine, de la Cro-Magnonne à nos jours, montrer l’évolution des mentalités, tel est l’objectif de La plus belle histoire des femmes. Voici donc sous la forme de plusieurs récits entrecoupés de questions un portrait multiple des femmes. 

Dès le début, alors que les hommes vivaient encore dans des cavernes, la femme était déjà considérée comme le sexe faible, nous raconte l’anthropologue Françoise Héritier. Mais d’où viendrait cette idée de deuxième sexe ? Alors que la femme apporte, grâce à la cueillette de baies et de fruits, l’essentiel de la nourriture, qu’elle subvient aux besoins de la tribu, c’est à l’homme que revient tout le mérite grâce à la viande qu’il a rapportée de la chasse.
Mais de façon plus ancienne encore, il semblerait que cette femme qui perd son sang de façon régulière soit perçue comme le sexe faible : c’est la vie qui s’écoule de son corps, tandis que l’homme symboliserait la force, la chaleur.
D’où cette idée d’un sexe faible qui remonterait aux origines de l’homme, idée véhiculée et transmise de génération en génération.
Bien entendu, on pense à ces civilisations matriarcales qui peuplent les légendes antiques. Malheureusement, ces légendes avaient surtout pour but de montrer à quel point cette société ne pouvait fonctionner. (En outre, ces femmes ressemblaient tellement à leurs homologues masculins qu’elles étaient plus des hommes que des femmes …) 

Le dialogue entre Nicole Bacharan se poursuit ensuite avec Michele Perrot, historienne, puis avec la philosophe Sylvaine Agacinski. 
On se rend bien entendu compte de l’évolution constante des femmes, de la place qu’elles occupent dans la société. Au fil des siècles, elles ne sont plus obligées de rentrer dans les ordres pours échapper à un mari dont elles ne veulent pas. Dès le XVIIè, avec Mlle de Scudéry et sa carte du Tendre, les mentalités évoluent. L’homme doit patienter et multiplier les attentions afin de progresser dans cette carte. Au XIXè, des auteurs comme George Eliot ou les soeurs Brontë sont reconnues, mais il faudra attendre encore un siècle pour que des philosophes femmes existent. On avance à pas de souris. 
Lentement mais sûrement. 

Un chemin long, parsemé d’embûches, et si on se réfère aux statistiques des ménages actuels, il n’est pas rare de voir que la femme s’occupe encore en grande partie des tâches ménagères. Et dans les foyers plus aisés, cette tâche n’est-elle pas confiée à une autre femme ? La femme de ménage ?

Conçu comme un dialogue à quatre voix, voici un essai vivant sur l’évolution de la femme au sein de la société occidentale. Loin d’enfoncer des portes déjà ouvertes, le récit est souvent émaillé d’anecdotes intéressantes. Histoire, vie quotidienne, littérature, anthropologie, philosophie : les différents domaines abordés permettent de dresser un portrait complet de la femme à travers les âges. 
Sans aucune austérité, pathos ou excès, la plus belle histoire des femmes est avant tout un message d’espoir : la femme a depuis la nuit des temps évolué, gagné ses galons auprès des hommes, et il n’y a pas de raisons que cela change …

  

Auteur : Heritier, Francoise ; Perrot, Michelle ; Agacinski, Sylviane ; Bacharan, Nicole
Editeur : Seuil
Date de parution : 05/05/2011
EAN13 : 9782020495288
Genre : HISTOIRE ESSAIS 
309 pages
19 €50

 

 

12 comments

  1. Hélène Choco says:

    Est-ce un livre que tu conseilles? Il n’est pas trop revendicateur ou féministe? J’avais trouvé que Le conflit, de Badinter, était vraiment trop virulent (alors que j’étais plutôt un public a priori conquis…).
    Voilà en tout cas une thématique qui m’intéresse beaucoup!

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  2. Laure says:

    très apprécié de nos lectrices à la bibli, qui m’en font un retour positif, mais pas encore lu, et je ne peux pas tout lire

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  3. Choco says:

    Aaaah, un beau retour positif ! Je ne sais pas encore comment je vais réussir à faire mon billet… il y a tellement de choses passionnantes à dire : impossible de tout expliquer !

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  4. Cynthia says:

    Ton avis et l’enthousiasme de Choco donnent envie, je note ! Je me disais justement que j’allais essayer de voir le film « La domination masculine » ce weekend…

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  5. Choco says:

    Comme tu le dis à Cynthia, pas trop tranché en effet mais Agacinski est tout de même contre les mères porteuses et la prostitution, et pour la parité par les quotas. Même si je suis d’accord avec elle, je suis sure que certaines y trouveraient à redire

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