De cette histoire, je ne connaissais que son adaptation par Jeunet. Vu il y a quelques années tout de même, je me souvenais d’une Audrey Tautou émouvante, de quelques larmes laissées dans un mouchoir pris à la va-vite, de couleurs chaudes, dans les tons jaunes, tout comme sur l’affiche du film.
L’intrigue m’avait plu, le roman allait-il me plaire lui aussi ? Les choix pris par Jeunet ne seront-ils pas paradoxalement pour moi les originaux ?
Dès les premières lignes, le lecteur est plongé dans l’Histoire. Il suit cinq condamnés à mort dans une tranchée à Bingo Crépuscule. Quel drôle de nom pour une tranchée. Pour le moment, le lecteur ne sait encore rien d’eux, mais il s’attachera très vite à ces cinq hommes que le destin a choisi de réunir.
Leur crime ? Avoir voulu échapper à la guerre en se mutilant la main.
Fuir les bombes, les explosions, la mort, la boue, les rats, la vermine : est-ce vraiment un crime pour tous ces hommes ?
Mais le tribunal a été clair : ces hommes seront condamnés à être jetés, mains attachées dans le dos, devant la tranchée ennemie.
Parmi ces cinq hommes-là, il y a le Bleuet, un tout jeune homme que la guerre a abîmé. De celui qu’il était avant, il ne reste rien. Un regard de naïf, quasiment illuminé. Il ne possédait pas cette peur dans son regard, au contraire même c’était un courageux, mais cette première guerre mondiale l’a salement amôché.
Le Bleuet … C’est lui que Mathilde recherche encore, trois ans après la fin de la guerre.
Elle sent au fond d’elle qu’il n’est pas mort à Bingo Crépuscule. Elle le sait.
Alors commence pour elle une enquête. Interroger les survivants, remonter la piste grâce à un maigre fil qui menace de casser entre ses mains.
Mathilde est coriace, elle connaîtra la vérité coûte que coûte.
A la fois roman historique et enquête policière, Un Long Dimanche de fiançailles a le mérite de proposer une intrigue haletante sur fond de guerre.
De cette guerre des tranchées magnifiquement décrite, le lecteur ne pourra être que touché par ces quelques hommes restés humains, même en temps de guerre, mais aussi par ce joli portrait de Mathilde, une jeune femme handicapée depuis son plus jeune âge, mais à la volonté de fer.
Car, en plus d’être une peinture réaliste des conditions de vie dans les tranchées, ce roman est aussi une formidable histoire d’amour entre Manech et Mathilde.
Quant au film de Jeunet, loin d’être une fidèle adaptation (l’infirmité de Mathilde a été atténuée par exemple), il a su amplifier et magnifier (grâce à l’interprétation de Tautou) cette jeune femme si déterminée. Une veuve blanche hantée par son Manech.
Une histoire à lire et à voir. Les deux supports sont excellents tous les deux.
Auteur : Sébastien Japrisot
Editeur : Gallimard
Collection : Folio
Date de parution : 03/06/1993
EAN13 : 9782070387366
Genre : romans et fiction romanesque
Nombre de page(s) : 375
7 €30
Ils étaient tous de la chair à canon bon marché aux mains d’incompétents , c’est la plus horrible de toutes les guerres si je peux me permettre
J’ai beaucoup aimé les deux, quoiqu’ils soient assez différent. C’est une histoire belle et émouvante, mais qui est traitée sans pathos, et ça j’aime beaucoup.
Pour les films, tiré d’un scénar de Japrisot, je te conseillerais « le passager de la pluie ».
Est-il vrai, selon le livre , que Philippe Pétain, le « bon-papa » des Poilus, aurait décidé des sacrifiés pour l’exemple ? Le commentaire du Général Fayolle, mentionné « …Où s’arrête la Résolution, ou commence la Sauvagerie ? » est-il historiquement exact ?