Ça commence par le discours de Langelier, un commissaire qui part à la retraite. Loin d’être adulé, il fait partie de ces flics mis au placard suite à une affaire qui s’est mal passée.
C’était il y a 10 ans, à Châtenay-Malabry. Une famille est retrouvée assassinée chez elle : femme et enfants sont morts. Etranglés.
Le père est introuvable.
Sombre histoire familiale ?
L’enquête piétine, on ne retrouve pas le père, aussi, lorsqu’une seconde famille est décimée dans les mêmes conditions, le monde est en émoi, la presse bouscule la police : le tueur va-t-il bientôt être mis derrière les barreaux ? Mais si ce n’est pas un drame familial comme on le pensait, alors un serial killer serait en liberté ?
Mais alors, il pourrait s’attaquer à n’importe quelle famille !
On enlève l’affaire à Langelier : il n’a pas su régler cette affaire, cela dérange en hauts lieux.
C’est son ami de longue date, Ferracci, qui a pris cette décision suite à un appel de la femme de Langelier. Depuis quelques temps, son mari n’est plus le même. Il ne fait que penser à cette affaire et délaisse sa famille. Elle voudrait tant retrouver son homme d’autrefois …
Langelier prend très mal cette mise au placard : il veut savoir qui est derrière tous ces meurtres sordides. Si on lui a officiellement enlevé cette affaire, il pourra toujours enquêter de son côté.
C’est de cette affaire que veut parler Langelier au moment de prendre sa retraite ! Il veut que tout le monde sache ce qui s’est passé, et Ferracci, cet homme aux dents longues en fera les frais !
Commence alors ce retour en arrière, rempli de rancoeur, qui éclairera cette affaire et y mettra un terme ! Il est temps que tout le monde sache.
Tout commence il y a 10 ans, à Châtenay-Malabry …
Le lecteur suit donc pas à pas le récit de Langelier : du commissaire il connaîtra tous les déboires et les peines endurés durant ces 10 ans. Grâce à un judicieux point de vue interne, on s’identifie à ce pauvre flic attaqué de toutes parts ! Encore un flic qui souffre à cause d’un complot ! Pourquoi ses supérieurs s’acharnent-ils sur lui ? Que veulent-ils cacher ?
Il faudra bien entendu attendre la dernière page pour que le voile se lève.
Adieu n’a rien du thriller haletant qui nous fait ronger nos ongles. Il tient davantage du puzzle que du page-turner. Et pourtant, voici un récit qui tient en haleine son lecteur.
On se prend de pitié pour ce Langelier mis au placard, avant de comprendre que ce flic n’a rien d’une bonne pâte. Quelques anecdotes, notamment à propos de ce chat recueilli chez lui, le rendent même antipathique. Mais on lui trouve des excuses : voilà comment un flic dévoué perd-il la notion des choses. Car très rapidement l’enquête de ces meurtres va tourner à l’obsession.
Alors on le plaint. Pauvre de lui.
Mais il semble tenir sa revanche ce soir. Et rien ne pourra le détourner de la révélation qu’il s’apprête à faire. Il a tant souffert.
L’intrigue, entièrement (ou presque) racontée du point de vue de Langelier entraîne le lecteur dans les pas de ce flic torturé. Si au début il ne pourra que louer ce flic dévoué à la patrie, il comprendra vite que des grains de sable empêchent le bon déroulement de cette intrigue. Qui sont réellement les personnages ? A qui se fier ? Langelier ne perd-il pas la notion des choses avec cette enquête ? Ferracci est-il vraiment le bon samaritain prêt à aider son ami ou bien essaie-t-il de sauver sa peau et sa carrière ? Connaît-on les gens qu’on côtoie ? N’auraient-ils pas tous une face cachée en eux ?
Jacques Expert s’acharne là à brosser un portrait grinçant et sombre de l’homme. Le lecteur tente alors de fermer les yeux sur ce qui pourrait être inévitable. Il ne veut pas y croire, part sur plusieurs pistes, avant de refermer le livre complètement hagard.
Quelques longueurs toutefois. Ce policier est davantage centré sur le portrait psychologique d’un homme que sur une véritable enquête haletante.
Mais quelques belles trouvailles aussi : le choix narratif du point de vue interne était intéressant tant dans l’identification de ce loser que dans la trame dramatique de l’intrigue.
Auteur : Jacques Expert
Editeur : Sonatine
Date de parution : 29/09/2011
EAN13 : 9782355840845
Genre : Policier & Thriller (grand format)
Nombre de page(s) : 327
Prix : 20 €
Intéressant ce personnage on dirait, et cet auteur français chez Sonatine, forcément tentant.
Pas du tout mon genre de lecture, mais ta chronique m’a donnée envie, je me laisserai bien tenter
la couverture ressemble à celle d’un autre livre dont j’ai oublié le titre. Ah ces pieds de cadavre à la morgue, ils sont tous similaires( ma blague est nulle et je l’assume)
Je le note, même si il n’est pas transcendant.