J’ai regardé à l’intérieur de tes chapeaux s’il ne restait pas une petite pensée pour moi …
Monsieur Fournier et moi partions sur de mauvaises bases. Des a priori, j’en avais beaucoup.
Après ses enfants handicapés, voilà qu’il parlait de son veuvage … Je n’aurais pas pris la peine de découvrir ce nouveau roman sans le prix des lectrices ELLE.
Je m’attendais à un humour assez mordant et cynique, et les premières phrases collent parfaitement à cette idée :
– Je suis veuf, Sylvie est morte le 12 novembre.
C’est bien triste.
Cette année, on n’ira pas faire les soldes ensemble.
Heureusement pour moi, la suite de ce récit n’est pas qu’une escalade de traits mordants.
Dans ce livre, à mi-chemin entre récit de vie, pensées du jour et documentaire, Jean-Louis Fournier revient donc sur l’après. Après la mort de l’être cher, que reste-t-il ?
Les autres se détournent de nous, comme si la mort était contagieuse, les listings s’acharnent à envoyer des lettres de promotion à cet être qui ne pourra jamais plus dépenser un rond, et puis surtout, comment vivre sans ces petits rituels qui faisaient notre vie ?
Alors voici que notre auteur revient sur son passé, sur sa rencontre avec sa femme, ses premières années, ses débuts plutôt difficiles avec ses deux petits … tout en insérant des passages sur sa vie quotidienne actuelle.
Comment faire disparaître ces objets qui nous rappellent l’autre ? Ce téléphone sur la table de nuit, cette pile de livres non entâmés, ce chapeau qu’elle aimait porter …
Tout nous rappelle l’autre.
Les gens qu’on aime devrait mourir avec leurs affaires. Garcia Marquez
Veuf est avant tout un très bel hommage à une disparue : une ultime déclaration d’amour, une ultime conversation avec cet être cher. La fiction permet bien entendu de garder l’autre près de soi encore un peu plus longtemps : Sylvie est partie si abruptement que Veuf est une belle façon de lui dire au revoir, ou plutôt adieu.
Tout ce que les machines compliquées de la Salpêtrière n’ont pas réussi à faire, moi, je le fais avec des mots. Je te réanime.
Pas de voyeurisme au final. Finalement, Fournier nous parle de lui, mais il pourrait aussi parler de n’importe quel quidam. Le deuil est universel.
En somme, agréablement surprise, émue forcément à certains passages, souriante à d’autres. Fournier a beau écrire que c’est un bourru, c’est un grand gars au coeur tendre surtout.
Auteur : Jean-Louis Fournier
Editeur : Stock
Date de parution : 05/10/2011
EAN13 : 9782234070899
Genre : LITTERATURE FRANCAISE ROMANS
Nombre de page(s) : 155
15 € 50
Choco l’a lu dans le même cadre que moi : Avec une économie de mots, une pudeur délicate et une élégance sans pareille qui se pare parfois de touches ironiques pour alléger son propos, Jean-Louis Fournier réussit avec brio à parler du deuil.
Clara : Je me suis retrouvée les yeux mouillés d’émotions. Avec une écriture minimaliste aux formulations dont on se délecte, il nous livre un beau et grand témoignage d’amour.
h oui, Delacourt est ami avec Fournier ? Marrant que je chronique les livres de deux « copains » de façon si rapprochée, sans le savoir !
Ce n’est pas un auteur qui me tente à priori mais plusieurs billets ont su me donner l’envie de découvrir celui-ci.
Saxaoul : je partais vraiment hargneuse contre l’auteur … Comme quoi !
Après la rencontre de Grégoire Delacourt, rencontré jeudi (ami de Jean-Louis Fournier) j’ai encore plus envie de lire ce livre. Mais je l’emprunterai à la bibli ou je l’attendrai en poche.
En fait, Delacourt, touché par les livres de Fournier, est allé déposer chez lui le manuscrit de son premier roman, et deux jours après Fournier lui téléphonait en disant : je suis touché, c’est bien, je vais faire le nécessaire. Le livre n’est même pas passé par la boîte aux lettres d’un seul éditeur. D’où le bandeau sur la couverture avec une citation du « parrain ». C’est une amitié qui ne date pas de longtemps mais qui est manifestement très forte.
Je l’avais beaucoup aimé dans Où vas-tu papa?
Ah ben tiens, je l’ai récupéré hier à la biblio, « pour voir »! Heureuse qu’il t’ait plu !
Au début, je voulais le lire, puis ai décliné une offre de LV, maintenant… eh bien, on verra la bibli!Un auteur dont les écrits ne laissent pas indifférent.
je n’ai pas souri à ses livres « personnels », je m’abstiendrai…
J’ai lu hier une chronique sur Ou on va, Papa? J’ai de plus en plus envie de lire cet auteur
Je suis drôlement contente que tu l’aies aimé!!!
coup de coeur absolu pour moi !!!
Même si c’est réussi, je ne le lirai pas : ça me ferait broyer du noir, sûr et certain, même pas besoin de ce genre de livre pour me faire des scénarios hyper tristes…
J’ai lu le livre de JOan Didion, L’année de la pensée magique, et pour le moment, je ne relirai pas d’autres livres sur le sujet…
Je verrai quand il sera en poche
Moi j’avais bien aimé justement la manière dont il vait parlé de ses fils handicapé alors je pense que celui-ci devrait me plaire aussi! Je l’avais d’ailleurs déjà noté dans ma LAL!
Comme Clara, je suis heureuse que ce récit est su te toucher malgré tes aprioris ! Le thème parait casse-gueule de prime abord et finalement c’est un magnifique hommage qui est écrit ici !
On m’en avait dit beaucoup de bien… Ce que tu dis me convainc davantage encore
ca a l’air vraiment, en tout cas tu donnes envie de le lire.
pas facile de parler de la mort sans tomber dans le pathétique et le voyeurisme.
je le lirai bien, mais j’ai peur aussi que ca me fasse déprimer
J’ai l’impression d’écumer toujours les mêmes rengaines mais celui-ci je vais le lire et sans trop tarder. J’avais vu Jean-Louis Fournier dans « La grande librairie » et l’avais trouvé tant drôle que touchant. Je sens que je vais aimer le bonhomme dans « Veuf » !
Pas (encore) lu, mais j’ai l’impression qu’il a vraiment su trouver les mots justes.
Un auteur à la plume acide et mordante. A lire à petites doses, je trouve.
c’est vraiment autobiographique? Moi j’avais aimé Où on va papa? qui m’avait laissé toute émue. Ce thème-là est bien difficile aussi. Comme le dit Alex, à petites doses et en sachant plus ou moins à quoi on se livre…
Je n’ai pas encore lu d’oeuvres de cet auteur non plus. Un jour peut-être.
Violette : oui, c’est autobiographique.