Touriste – Julien Blanc-Gras

Voyageur par vocation, Julien Blanc-Gras a choisi de nous relater ses différents périples dans son troisième livre : Colombie, Inde, Népal, Maroc, Polynésie, Brésil, Chine, Guatemala, Proche-Orient, Madagascar, Mozambique … Voilà comment en moins de trois cents pages, cet auteur fait presque faire un tour du monde à son lecteur. Le tout dans son fauteuil. 

Touriste n’est pas un carnet de voyage comme les autres qui se révèlent parfois poussiéreux, parfois soporifiques, quand ils n’enfoncent pas des portes déjà bien ouvertes … Non, ce carnet est une véritable tranche de vie qui permet au lecteur de prendre la vraie température d’un pays. 
En effet, les hôtels « formule tout compris » n’intéressent pas l’auteur. Comme dirait l’autre, « il voulait du vrai, du goût ».
Et c’est aussi ce qu’il transmet à son lecteur : du vrai. Voilà comment il raconte donc à son lecteur friand de détails comment il a pu visiter une favela au Brésil, comment en Colombie, dans un faubourg sud-américain délaissé par les autorités, donc dangereux, il a montré quelles étaient ses compétences en tant que salsero …

Le ton est à l’image de ce carnet de voyage complètement atypique : drôle et enlevé. 

Il existe, à l’Est de Leeds, une localité dont peu de gens soupçonnent l’existence. Un port où le soleil n’est qu’un concept lointain, une cité prolétaire où Margaret Thatcher est Satan et Tony Blair, Judas. Une riante bourgade ravagée par la crise postindustrielle, où l’on repère les étrangers à leur absence de tatouages et de cirrhose …

C’est là que l’auteur choisit de travailler pour gagner son prochain billet d’avion : à la fish factory.  
Et voici ce qu’il écrit à propos de ce travail :

Au bout d’une heure, j’avais des crampes dans les bras, les tympans anéantis par le fracas des machines et une furieuse envie de voter communiste. Germinal, de la gnognotte.  

Les préjugés volent alors en éclats. La Colombie un pays dangereux ? Et si finalement les Colombiens étaient ceux qui avaient l’urgence de vivre ?
Quand la mort rôde, la vie réplique. 

Malgré l’humour présent, l’auteur n’hésite pas non plus à nous écrire toute la vérité sur un pays, et ce, même si elle est crue. La description de l’Inde est tout simplement frappante et terrifiante : 

Des dizaines de mendiants sont allongés par terre. Ne pas croire qu’ils sont fainéants. Simplement, il n’ont pas de jambes. Ou pas de bras. Pour être admis dans le cercle, il faut avoir au moins trois membres. Certains ne tiennent même pas assis. Des grands brûlés, des aveugles. Des plaies envahies par les insectes. Ces gens-là, les estropiés, passent leur journée à chanter le nom de dieu.
(…)
Suffocante et douloureuse, Bombay reste pourtant chargée d’une beauté mystérieuse, ce genre de beauté que l’on fuit à toutes jambes de peur qu’elle nous engloutisse.

Un ouvrage qui sort des sentiers battus et qui a aussi le mérite d’être drôle sans oublier d’être vrai. Julien Blanc-Gras possède « cette petite chose en plus », cette autodérision, cet humour féroce qui fait qu’on en redemande encore. 

En plus il a oublié d’être moche … Mais ça, c’est la midinette qui parle …

 

Auteur : Julien Blanc-Gras
Editeur : Au Diable Vauvert
Date de parution : 13/05/2011
EAN13 : 9782846262958
Genre : LITTERATURE FRANCAISE ROMANS 
260 pages
18 € 

Vous êtes nombreuses à avoir lu ce livre : 
Ys :  l’esprit est toujours bon enfant, sans cynisme. Il ne fait pas la leçon mais parvient quand même à ce que le lecteur s’interroge sur ses propres pratiques de voyageur. Il manie même l’autodérision avec bonheur. Sur un ton d’une grande légèreté, il maîtrise humour et pertinence avec la même dextérité nonchalante, ce qui n’est pas aussi facile que ça en a l’air.

Saxaoul aurait voulu un livre plus épais, elle était frustrée de la terminer …

Keisha écrit que c’est un livre excellent, à lire absolument.  

Choco Les remarques sont fines, souvent pertinentes et on en redemande.

AifelleQue vous voyagiez ou que vous restiez chez vous, il est à mettre à votre programme de lectures.

Encore des réticences à découvrir ce livre ? Ah ben oui, en voici une qui n’a pas aimé : Lucie

 

18 comments

  1. saxaoul says:

    C’est vrai que j’avais remarqué aussi la photo ! Je garde un excellent souvenir de ce livre.

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  2. Aifelle says:

    Comme Saxaoul, j’en garde un excellent souvenir et tu me fais penser que je voulais me procurer son livre précédent (comment devenir un dieu vivant).

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  3. keisha says:

    Hola, mais si le prix Elle propose de telles pépites, je vais postuler (non, je rigole, aucune chance , plus envie)

    Un livre qui n’a qu’un seul défaut, trop court. Espérons un tome 2, je suis sure que l’auteur a matière à cela, le voyageur!

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  4. keisha says:

    Euh, la midinette revient, en effet, en effet…

    Hier soir rencontre avec JM Erre, j’ignore si tu le lis et l’apprécies, mais il n’est pas mal à regarder et j’envie ses élèves qui avouent lire parfois plus ses livres à lui que les livres au programme. On les comprend.

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  5. Mango says:

    En plus de son talent d’écrivain, il est très courageux de voyager de cette façon! Je désire le lire maintenant.

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  6. lucie says:

    aucun accroche pour moi, un mur lisse je ne suis pas rentrée dedans, oui beau gosse le mec !

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  7. Sara says:

    Je ne suis pas attirée par ce genre de livres mais là, ton billet me donne envie ! (et la photo de l’auteur aussi mais je suis hors sujet, là…)

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