Les morts haïssent avec plus d’intensité que les vivants.
Tout commence sur le quai d’une gare. Nous sommes en Espagne, en 1941. Une jeune mère et son garçon se tiennent la main. Elle fuit son mari, un chef phalangiste. Ce dernier a survécu à une tentative d’assassinat et il ne fait aucun doute que son courroux sera terrible … Bien entendu, cette femme n’atteindra jamais sa destination espérée, un homme vient de lui barrer son chemin.
Son fils rentre alors à la maison : on vient de lui promettre un sabre. Sa joie ne fait qu’accentuer le caractère tragique de cet instant : plus jamais il ne reverra sa mère vivante.
Le ton est donné d’emblée : relatant une période trouble de l’Espagne, voici un roman noir qui entrechoque les époques et pose la terrible question du pouvoir des aïeux sur leurs descendants. Une terrible soif de vengeance qui ne semble ne jamais devoir s’éteindre, plusieurs générations pâtiront alors du choix de leurs ancêtres.
C’est un véritable tourbillon sans fin que nous propose ici le narrateur de cette histoire : jusqu’où iront les bourreaux ? Les victimes ont-elles une chance de survivre à ce déchaînement des passions ?
A l’origine une faute. Celle d’une femme qui a commis l’adultère.
Si cela ne pourrait être qu’un point de détail, il est tout de même le fondement de cette histoire qui démontre que tout homme possède en lui un double, un meurtrier potentiel qui ne demandera qu’à naître au gré des obstacles rencontrés dans sa vie.
On pourrait s’attendre à ce que la période contemporaine ne soit pas entachée par ces affres de la seconde guerre mondiale. Mais il n’en est rien. Pire même, il semblerait que le mal s’étende maintenant aux corps des victimes. Maladies, mais aussi tortures physique et morale, rien ne sera épargné aux personnages.
Un roman noir, porté par une écriture assez bluffante qui se joue des époques et des personnages, les faisant valser comme des pantins au gré du temps.
Noir, désespéré, La Tristesse du Samouraï n’a rien d’un roman léger.
Les deux histoires, la grande et la petite se répondent et forment à elles deux un thriller psychologique excellemment mené. Ici le glauque et le sordide ont un sens, et si le lecteur plisse son nez de dégoût, il ne peut s’empêcher de se dire que ces faits ont existé, sous une forme ou une autre, ne rendant que plus terrible cette intrigue.
Et puis derrière ces trois générations il y a aussi le cri d’un homme, celui de l’auteur, un espagnol qui parle enfin, à l’instar de « ces Indignés » qui sont descendus dans la rue l’an dernier. On ne se relève pas sans stigmates d’une dictature.
Auteur : Del Arbol, Victor
Éditeur: Actes Sud
Collection : Actes Noirs
Date de parution : 31/12/2011
EAN13 : 9782330002251
Genre : Policier & Thriller
Ce livre est en lice pour le :
D’autres l’ont lu :
Télérama : La Tristesse du samouraï résonne avec une particulière intensité au moment où le juge Baltasar Garzón est poursuivi pour avoir osé ouvrir le dossier des disparus de la guerre civile et de la dictature, trente-sept ans après la chute du régime de Franco.
Ys : Tout repose sur la complexité des personnages, sur ce que cache l’auteur, sur ce que chacun sait ou croit savoir. Des haines tenaces se sont construites sur des mensonges, qui ont engendré vengeances et crimes : une hécatombe.
Kathel garde un goût trop amer de cette lecture pour le conseiller.
Je n’ai jamais lu un livre de cette collection…Etonnant, je sais!
Ah oui, effectivement, ils sont bien « implantés » dans le « paysage », pourtant. 😉
J’ai eu un gros coup de coeur pour ce livre poignant.
Pas un coup de cœur, mais une réussite pour moi, aussi ! 🙂
Je le note, ce mélange de petite et grand histoire me tente bien !
Alors si tu aimes que l’une imprègne l’autre et inversement, tu devrais aimer car l’intrigue est superbement bien ficelée.
Emballé ^^
Je ne suis pas vraiment attirée par le sujet. Quant à cette collection, il y a eu du très bon et du très mauvais alors je suis assez circonspecte maintenant…
Arff, oui, je n’ai pas aimé les Lackbërg (orth ?) moi non plus … M’enfin, là il vaut le coup. Il a obtenu un prix dernièrement, je ne sais plus lequel …
Tu traduis bien mon sentiment… .-)
Hé hé ! 😉
Je ne suis pas tellement tentée par cette période de l’histoire, curieusement.
Ah oui ? Ces 50 ans en Espagne sont super riches pourtant … Trop violent ?
Jamais vu en bibli, donc…, mais sur le blogs, pas mal.
Ah ? Peut-être que le sujet n’ameute pas les foules … Mais c’est dommage. Parfois certains livres qui restent dans l’ombre méritent qu’on s’y attarde.
Il me tente déjà depuis quelque temps, maintenat encore plus. J’aime beaucoup cette collection.
Alors fonce ! 😀
Je ressors tout de même un peu déçue de cette lecture.
ça m’intrigue, même si j’avoue que ça m’effraie un peu quand même…
Franchement le côté sombre est intéressant, et je suis de loin celle qui aime le moins le glauque pour le glauque. Ici cela sert l’histoire.
Si vous avez apprécié « La tristesse du Samouraï » de Victor Arbol, vous avez jusqu’au 26 juin pour voter pour lui à l’occasion du Prix Relay des voyageur.
A cette occasion, tentez de gagner un ipad3, un an de livre ou un an de presse numérique. http://www.prix relay.com
Bonne chance !
Oui, j’ai mis le lien juste au-dessus du logo. 😀
Ce livre explique aussi, du moins implicitement, pourquoi la guerre d’Espagne et le franquisme sont toujours aussi présents dans la littérature espagnole aujourd’hui : même s’ils appartiennent au passé, ils sont toujours présents, à travers les héritiers des haines passées. C’est terrible.
Lecture également prévue pour moi… Une lecture que j’appréhende un peu vu le thème.
Une de mes co-blogueuses a fait un billet qui va globalement dans le même sens (mais j’avoue que ton article est plus fouillé… chuuut)
Si tu en as marre de ton blog, tu peux toujours venir chez nous (lol)
Je ne sais pas si j’aurais le courage de m’y lancer tout de suite mais je me le suis emmené pour les vacances !