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Ne vous fiez pas au jeune âge de l’auteur (né en 1986), Belle famille pourrait être écrit par un romancier plus aguerri tant son style est bluffant !
Histoire inspirée d’un fait-divers réel, il s’agit bien ici d’un roman, à l’instar de Room., qui sort des sentiers battus ! Et c’est peu de dire qu’elle mène le lecteur en bateau.

Cela commence comme une banale histoire de famille : un des trois garçons se démarque du reste de la fratrie, comme son prénom le laissait présager : Madec.
Le début pourrait même être le récit de vos vacances : une famille granvillaise part en Italie et s’apprête à passer des vacances assez plates : une autre famille d’amis doit les rejoindre, les enfants se chamaillent, les parents cohabitent plus qu’ils ne s’aiment, disons qu’ils se supportent … La famille de Madec n’a rien pour se démarquer vraiment du lot des autres familles françaises. A ceci près qu’un évènement va bouleverser leurs vacances, et même leur existence.

Belle Famille n’a rien d’un roman de société lambda sur une famille française moderne. L’intrigue, inspirée d’un fait divers, ne pourra qu’estomaquer le lecteur ! Quelle tournure des évènements ! Parfois la réalité se joue de la vraisemblance et ressemble davantage à un scénario machiavélique né du cerveau torturé d’un romancier cynique !

Après avoir fait croire au lecteur qu’il lirait une chronique familiale (comme l’indiquait la longue description de Granville), le voici plongé dans une enquête policière dont on connaîtrait le coupable dès le début (n’était-ce pas le cas des épisodes de Columbo ? Un doute m’assaille soudain …), non, l’intérêt est ailleurs.

Il s’agit davantage de porter un regard acéré sur les relations familiales, de mettre à mal le fameux instinct maternel qui voudrait que chaque mère soit une véritable louve pour ses enfants.
Le narrateur pose alors un regard distancé sur cette famille, regard non dénué d’humour. Parfois très cynique. Mais le tout est fait de façon subtile, souvent appuyé par une phrase brève. Le narrateur balance, et le lecteur sourit de ce comique de situation très bien amené.

C’est là que le jeune âge du romancier étonne. Outre ce regard critique bien mené, le lexique choisi montre bien que le jeune Dreyfus possède plus de vocabulaire qu’un jeune lambda, un réel plaisir pour les mirettes !

Bon, l’affaire se corse tout de même au fil de l’intrigue. Et mine de rien, vers le derniers tiers du livre, mon plaisir s’est émoussé, un peu comme du champagne sans bulles, car tout ce qui concernait les médias était de trop, à mes yeux.

En somme, Belle Famille a tout d’un roman qui surprend, de par son style mais aussi son intrigue. Pourtant, sur le long terme, la cadence s’essouffle un peu. C’est bien dommage, mais on ne peut que voir en filigrane l’étoffe d’un grand auteur. A suivre, donc …

A noter : Belle Famille a reçu le prix Orange 2012, et il fait partie de la sélection du prix ELLE 2013.

Belle Famille
Arthur Dreyfus
Date de parution : 05/01/12
  Éditeur: Gallimard (Éditions)
Collection : Blanche
ISBN : 978-2-07-013653-7
EAN : 9782070136537
Nb. de pages : 238 pages
17 €

C’est Clara qui me l’a fait sortir de ma PAL.