«Grandir et crever.»
Le pitch ferait presque peur, d’aucuns diraient d’ailleurs qu’il faudrait prendre un prozac avant de commencer ce premier roman … Malgré tout, grâce à une quatrième de couverture qui vante le style nerveux, corrosif et puissant de la jeune auteur, je me suis engouffrée la fleur au fusil dans cette sombre histoire …
Le narrateur fait un jour un AVC. Sa femme est à ce moment-là chez le boulanger, et le temps qu’elle revienne, il s’est écoulé beaucoup trop de minutes. Cet homme restera tétraplégique : la bave aux lèvres en permanence, il ne pourra bouger qu’un seul de ses membres. Et encore …
Le retour à la maison est on ne peut plus triste. Souvent, notre homme se dit qu’il aurait mieux aimé partir. Quand on meurt, au moins on est pleuré par ses amis. Là, c’est tout juste s’ils viennent encore le voir.
Autopsie de la chute d’un homme, « les affreux » ce sont en fait les vivants, ceux qui peuvent se mouvoir à côté de lui, qui peuvent l’oublier aussi … Un paralysé ne fait pas beaucoup de bruit, il est facile de le mettre dans un coin pour ne pas heurter sa vue de cette déchéance humaine.
Entre sa femme qui se trouve elle aussi emportée par ce gouffre sans fin, son frère plus brute épaisse qu’enfant de chœur, la vie du narrateur est plus que terrible. Il inspire alors de la pitié, et sa situation pourrait sans nul doute terroriser le plus costaud des hommes …
Le style est en effet très âpre, dur, à l’image de la situation du narrateur. Il mime cette décadence de l’homme, les phrases sont à l’image de cet homme qui éructe, bave et grogne dans son coin. Avec ce flot de paroles, le lecteur plonge dans les pensées les plus sombres du narrateur.
Les nombreux points de suspension qui rythment la narration imitent à merveille le style oral des différents personnages, rendant le lecteur plus intime avec eux. Néanmoins, ils laissent aussi un goût d’inachevé. Si en poésie le silence dit beaucoup, la prose admet plus difficilement ces pauses narratives, ces blancs. Ou alors dans des mails, mais il est rare de faire de la littérature dans ce type de correspondance.
En somme, cette avalanche de glauque a presque eu l’effet contraire chez moi, au lieu de m’apitoyer, j’ai eu l’impression d’être dans un film de série B qui aurait eu un budget démentiel pour le glauque.
« Faisons pleurer dans les chaumières ».
Des ficelles encore un peu trop visibles, une surenchère peu crédible qui ne sert pas vraiment l’histoire, un style qui finalement après avoir étonné et subjugué s’enferme dans une certaine routine …
L’auteur a tout de même eu le mérite de ne pas tomber dans l’autofiction, ce qui pour un premier roman est louable, mais parfois il ne suffit pas de vouloir apitoyer ses lecteurs pour écrire un grand livre.
La démesure conviendrait davantage dans une tragédie classique …
Les affreux
Auteur Chloé Schmitt
Éditeur Albin Michel
Date de parution 22/08/2012
Collection Romans Français
ISBN 2226242996
EAN 978-2226242990
189 pages
16 €
Livre lu grâce à l’opération de Libfly « On vous lit tout ».
Challenge 1 % littéraire
2/7
C’est ce que je disais, les blogueuses nous déblaient un peu le terrain! Pas sûr que ça me plaise, et puis les points de suspension? J’ai déjà abandonné un polar avec ça dans les dialogues, ça m’agaçait pas mal, l’impression qu’on m’obligeait à un rythme de respiration… (tiens, là j’en mets, mais j’ai le droit! ^_^)
Oui, tu as le droit, tu ne sors pas un bouquin, et tu mimes une conversation que nous aurions pu avoir autour d’un café. 😛
Ou d’un thé, tu me permets?!^_^
Là, je fuis, carrément.
😆
Sinon je voulais juste prévenir que j’avais publié la chronique avant la sortie du roman car j’y étais autorisée par Libfly … 😉
Pas envie de le lire. La surenchère dans le glauque, non merci.
Oui, sinon on tombe vite dans la caricature, selon moi … Disons que là ça faisait vraiment « il faut faire pleurer dans les chaumières ».
Trop difficile pour moi! Pas envie d’un tel récit. Au moins je suis prévenue!
😆
Je n’ai pas souffert, ni eu pitié lors de cette lecture : c’était tellement gro(s)-tesque …
Ce genre d’histoire ne me donne pas envie non plus … Merci de l’avoir lu pour nous 😉
😆
Z’avez vu comment je me sacrifie pour vous ! 😛
J’avais lu la quatrième il y a quelques semaines et ton avis me conforte dans ma non-envie de le lire :-p Trop déprimant. (et ils sont nombreux j’ai l’impression les livres déprimants cette année !)
Moui, il faut faire pleurer, ça fait vendre, je crois …
Décidément je ne crois pas trouver mon bonheur dans les romans français de cette rentrée littéraire. Merci d’avoir tâté le terrain mais là je passe également mon tour.
Attendons la suite, je suis certaine que certains romans français tirent leur épingle de ce marais sans nom.
Je passe là, trop c’est trop …
Tu as bien raison …
Mouais… J’ai beau être une adepte des points de suspension, peu de chance que ce roman là me plaise… Je passe…
Et … tu as bien … raison ! 😆
Pas sûre d’être tentée par tant de glauquitude.
C’est sûr qu’il faut aimer … Enfin, j’aime parfois, mais quand c’est bien fait.
Je ne l’avais pas noté, tu me confirmes ma première impression ! Pas envie de glauque…
Vous devriez me remercier de l’avoir lu pour vous.
It’s a joke, hein, on ne sait jamais … 😆
je passe !
Ah ? Tu n’as pas un bon jeu, tu ne relances pas ? 😆
Ah bon, certes certes, déjà trois avis assez négatifs que je lis sur ce livre, et tous assez bien argumentés.
Seul problème pour moi, je vais le recevoir et devoir le commenter… J’espère quand même trouver un certain bonheur de lecture, le glauque ne me déplait pas, par contre le faussement pathétique,…
Bref, on verra…