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Publié le 1 octobre 2012, par dans # Parfois j'écris ..., Atelier d'écriture, Une photo, quelques mots.

Qu’en avais-je à faire de nos chaussures mouillées, du vent qui menaçait de nous faire tomber ?
Là, tous les deux, au bout du bout du monde, debout, à deux, nous étions les plus forts.
Rien n’aurait pu nous faire changer d’avis.
Pas même ma mère qui me faisait de grands signes depuis la plage. Ma douce et frêle petite mère qui s’inquiétait encore pour moi. J’avais beau avoir la petite quarantaine, à ses yeux je restais son petit.
Pas même mon beau-père et sa fâcheuse tendance à voir le mal partout. Lui, c’est sûr, il n’avait rien fait de sa vie, hormis avoir peur. Encore et toujours. Se réveillera-t-il un matin avec l’intime conviction d’être passé à côté de sa vie ?
Le sait-on un jour, d’ailleurs ? Ne préfère-t-il pas se voiler la face et subir sa vie ?

Tout avait pourtant commencé banalement. Un dimanche midi chez ma mère, pour l’anniversaire de la petite.
Marie la douce venait d’avoir sept ans. L’âge de raison, il paraît. Comme d’habitude, elle avait été exemplaire. Des sourires, des mercis, des bisous. Elle avait adoré ses cadeaux.

Mais j’avais bien vu que quelque chose manquait aujourd’hui. Un regard dans le vague, des sourires parfois figés. Je la connais ma fille, elle me cachait quelque chose.
J’ai presque compris aussitôt ce qui la chagrinait. Aussi, au dessert lui ai-je promis une balade. Une belle balade. Nous irions au bout du monde.
Elle m’avait alors regardé avec ces étoiles dans les yeux qui me faisaient fondre. Oui, après manger nous irions au bout du monde.

Nous étions alors sortis de table et avions pris la voiture pour la plage. Ma mère avait vite saisi où je voulais aller. Ses lèvres pincées signèrent sa désapprobation. Mais il m’en fallait plus pour rebrousser chemin.

Marie et moi au bout du monde.
Les pieds mouillés, l’air salé sur nos joues rosies par le vent, et surtout sa petite main dans la mienne.
Là, au bout du bout du monde, elle m’a alors tiré la main pour que je me baisse. Puis, à mon oreille, je fus le seul dépositaire de ses si riches paroles.

Oui, même lorsqu’on pense être arrivé au bout du bout du monde, il y a toujours un chemin pour aller plus loin. Ne jamais perdre espoir, la vie nous réservera toujours son mot de surprise.

©Leiloona, le 29 septembre
Crédits photo ©Romaric Cazaux

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