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Notre erreur fatale est de chercher des paradis pérennes. Des plaisirs qui ne s’usent pas, des attachements persistants, des caresses à la vitalité des lianes : l’arbre meurt mais leurs entrelacs continuent à verdoyer. Cette obsession de la durée nous fait manquer des paradis fugaces, les seuls que nous puissions approcher au cours de notre fulgurant trajet de mortels. Leurs éblouissements surgissent dans des lieux souvent si humbles et éphémères que nous refusons de nous y attarder. 

Comment ne pas fondre devant un tel titre et face à une telle première de couverture ? Associés en plus à un auteur que j’ai adoré dans Le Testament français, je me suis ruée sur ce livre lors de sa sortie en poche … Avant de l’oublier durant de très longs mois dans ma PAL … Je voyais la couverture tous les jours pourtant … Aussi ai-je profité d’un court séjour à l’étranger pour l’en sortir. Je lui devais bien ça …

Le calvaire de ce roman ne s’arrête pas là. En ce moment, je dois avoir la vitesse de lecture d’un élève de grande section maternelle. Autant dire que je suis loin d’aller vite. Trois semaines de lectures pour venir à bout de ces deux cents pages. Un non-exploit à inscrire dans mon livre des records (non, inutile de me soudoyer, même en litre(s) de bière, je ne dirai pas quels sont mes autres records.)

Trêve de plaisanterie.
Ce roman mérite mieux que mes blagues à deux francs (oui, je suis vieille, je parle encore en francs.)

En huit tableaux, le lecteur-funambule se promène sur le fil des amoureux, lui-même en parallèle avec le fil historique. De l’ère soviétique à la chute du Mur de Berlin, le voici embarqué chronologiquement dans ces histoires d’amour qui ont marqué le narrateur : de doux portraits de femmes, parfois briseuses de vie, parfois amantes incongrues …

L’amour est bien entendu au centre de tout, mais le régime soviétique totalitaire s’est aussi invité dans la partie : ainsi malgré de jolis tableaux, on sent cette épée de Damoclès au-dessus des personnages, les empêchant de vivre pleinement leur existence. Le narrateur revient alors sur ces moments éphémères mais pourtant fondateurs avec une grâce certaine.

Si j’ai été plus que touchée par certaines phrases, voire certaines réflexions, la composition du roman m’a déroutée … J’avais, je pense, besoin de corps, de vraies histoires, alors que ce livre propose au contraire des variations sur le même thème.

Malgré tout, une certaine grâce s’élève de ces tableaux.

A lire pour cette atmosphère, cet univers particuliers que l’écriture délicate de Makine crée.

Parfois je me rappelle aussi son avertissement à propos des premières fleurs de printemps, très délicates et dont les tiges fines et fragiles peuvent être brûlées par la chaleur brutale de notre sang.
Comme les âmes des êtres que nous aimons.
 

Auteur Andreï Makine
Editeur Points
Date de parution 23/02/2012
Collection Points
ISBN 2757829165
EAN 978-2757829165
195 pages
6 € 50

L’avis d’Emmyne qui la première m’a donné envie de me plonger dans ce livre : Il y a sur ces pages une conscience lumineuse des heures rares, une sensibilité apaisée sous l’élégance de la plume.

CynthiaS’attacher à l’essentiel, prendre le temps de savourer la douceur d’un instant, aussi éphémère soit-il. C’est une noble invitation que vous lance Le livre des brèves amours éternelles. Acceptez-la.