C’est bien connu : l’argent montre ce que l’âme humaine a de plus noir. Il transformerait presque un agneau qui vient de naître en Godzilla puissance 10.

Volpone, un vieillard farceur, souhaite jouer un tour à ses proches. Et s’il était mourant, qui se précipiterait à son chevet afin d’obtenir son argent ?

Un véritable ballet commence alors : l’avocat véreux, le barbon d’un autre âge qui pense tout de même qu’il survivra à Volpone, une prostituée qui croit pouvoir se faire passer la bague au doigt, et même un jeune homme qui s’apprête à offrir sa femme en échange d’avoir son nom sur le testament.

Que du bon monde, me direz-vous !

Et que dire de Volpone ? Si ce jeu peut faire sourire au départ, que penser du quasi-viol de la jeune donzelle aussi pure que l’agneau qui vient de naître ?  Et ce n’est pas vraiment Mosca qui permettra de rattraper tout ceci.

Volpone, comédie de Ben Jonson du début du XVIIè, et mise en scène ici par Nicolas Briançon, est une comédie grinçante. Les plus faibles et honnêtes sont mangés par les autres, tous mus par l’appât du gain. Les espèces sonnantes et trébuchantes leur font perdre la tête … Malgré les siècles qui séparent la création de la pièce de cette mise en scène, on ne peut qu’être bluffé par son caractère moderne. Il y a bien longtemps qu’on sait que l’âme humaine n’évolue plus, mais il est toujours troublant de l’observer …

Finalement on se demanderait presque si les zanni qui ouvrent la pièce et la ponctuent de temps à autres ne seraient pas les plus heureux de tous. Au moins ceux-ci ne sont-ils pas touchés par la fourberie de tous ces personnages … Ils dansent, font des pirouettes, et semblent assez contents de leur sort, fussent-ils privés de parole …

Malgré tout, on rit lors de cette comédie, on est bluffé par ce ballet sans fin de tous ces rapaces : de rebondissement en rebondissement, on arrive à cette terrible fin : mais où est passée la comédie ?

Roland Bertin, 82 ans, campe un Volpone plus vrai que nature. Avec ses mimiques de petit poupon, le spectateur tombe sous son charme … avant d’être horrifié par son machiavélisme. Tout est bon en effet pour arriver à ses fins.
Nicolas Briançon, quant à lui, incarne le fidèle valet Mosca. Là encore, on ne peut que louer sa fidélité avant tomber des nues.
On suit leurs manigances, on se demande où tout ceci s’arrêtera … tout en étant habilement attiré par le décor « coffre-fort’ » douillé qui s’ouvre face à nous.

Qui sait, on pourrait presque monter sur scène et subtiliser grâce à nos charmes et notre verve une poignée d’or … Au final, le spectateur est lui aussi perdant quand se referme le rideau : se termine là une comédie grinçante très habilement jouée.

Volpone

GENRE : CLASSIQUE
DUREE : 2 heures environ

Lundi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi à 20H30 | Dimanche à 17H00.

Madeleine
19, rue de Surène 
75008   Paris

Pièce de Ben Jonson

Montée par Nicolas Briançon
Avec Nicolas Briançon , Roland Bertin , Pascal Elso , Anne Charrier , Philippe Laudenbach , Yves Gasc , Matthias Van Khache , Barbara Probst

Jusqu’au 6 janvier 2013