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« Je souhaite monter cette pièce avec irrévérence, laisser libre cours à notre imagination, faire la place belle à l’humour, au second degré. Cela n’exclut en rien la vérité des sentiments et des situations car trivialité, bouffonnerie, romantisme, trouble, émotion se juxtaposent allègrement dans le monde Shakespearien … » : tels sont les mots de Serge Lipszyc sur sa mise en scène de La nuit des rois de Shakespeare.

Illusion, bouffonnerie, déguisements, travestissement :  cette comédie de Shakespeare est parfaite pour développer toute une réflexion sur l’illusion au théâtre. Et si l’illusion n’était que la vérité ?

« I am not what I am. » (Viola)

Mise en abyme du théâtre également, deux personnages jouent un rôle : Viola qui pense que son frère vient de mourir suite à un naufrage endosse son identité, et le bouffon ou le clown d’Olivia, lui, assène ses vérités sous couvert de la folie …
A cela s’ajoutent des imbroglii : l’amour est bien entendu de la partie  mais nous sommes dans une comédie et l’ordre reviendra bien à la fin de la pièce.

Serge Lipszyc propose une mise en scène vraiment personnelle de cette comédie shakespearienne …  Ainsi puisque les femmes n’avaient pas le droit de monter sur scène à l’époque du théâtre élisabéthain, le metteur en scène a-t-il choisi d’inverser les rôles : les hommes joueront les femmes et les femmes joueront les hommes … Nombreux ont été les spectateurs à partir avant la fin du premier acte. Peut-être s’attendaient-ils à trouver une mise en scène classique, sans bouffonnerie aucune, sans doute n’avaient-ils lu que le nom du dramaturge, s’attendant alors à voir sur scène des personnages torturés comme Hamlet … En tout cas, l’irrespect n’étouffe pas certains abonnés de ce théâtre …

Mise en scène personnelle mais qui se comprend aisément. A la fin de la pièce, nous nous serions presque crus revenus à l’époque élisabéthaine avec ces comédiens qui chantent et ces spectateurs qui les reprennent en choeur …

Le tout est surtout à mes yeux de prévenir les spectateurs qui seront très surpris de voir certains de leurs a priori voler en éclats. Après tout, dans les salles des théâtres élisabéthains régnait une certaine « vitalité » aussi. Mais les théâtres sont devenus des lieux trop convenus, sans doute dû au public présent … Mais c’est un autre débat.

par la Compagnie du Matamore
mise en scène : Serge Lipszyc
avec Bruno Cadillon, Gérard Chabanier, Juliane Corre, Jean-Marc Culiersi, Valérie Durin,
Serge Lipszyc, Sylvain Méallet, Lionel Muzin, Henri Payet.
scénographie : Sandrine Lamblin
lumières : Jean-Louis Martineau
costumes : Anne Rabaron
Coproduction : Compagnie du Matamore, La Barbacane, L’Aria.

Avant première le 5 janvier 2013 à la
Stazzona • Pioggiola (Corse)
Création le 12 JANVIER 2013 à la
Barbacane, scène conventionnée de
Beynes, le 19 janvier théâtre du Vésinet
(78) puis au théâtre de l’épée de bois •
Cartoucherie de Vincennes du 12 mai au
9 juin 2013