Zweig et Strauss réunis sur scène. Une improbable rencontre artistique muée en véritable amitié au fil des ans. Deux hommes réunis par l’amour de l’art : la musique pour le compositeur, les mots pour l’écrivain.
Mais nous sommes dans les années 30, et la montée du nazisme pourrait bien compromettre cette belle osmose. Zweig est juif, Strauss voit de prime abord Hitler comme une bonne chose pour l’Allemagne.
Malgré tout, malgré l’Histoire, ces deux hommes traverseront de dures épreuves, mais sans jamais remettre en cause le lien si fort qui les unit.
Comment rater cette pièce qui met en scène Zweig ? Une belle douceur mêlée d’une certaine droiture s’échappe de ses livres, aussi était-il important que le Zweig sur scène incarné par Didier Sandre possède ces atouts. D’entrée de jeu, le spectateur perçoit, derrière cet homme qui ne souhaite déranger personne, l’aura d’une belle personne. Sandre EST Zweig, ce juif contraint de voir ce qu’il aimait le plus détruit par le régime nazi. En effet, cette belle Europe, cette civilisation riche était à jamais ternie par les exactions de ces rats … Sentiment à jamais ancré en lui qui le conduira à l’exil au Brésil, puis au suicide avec sa compagne …
Strauss, quant à lui, incarné par Michel Aumont, est plus fort. De lui émane la volonté de ne jamais plier. Il ne connaît guère la diplomatie … Avec sa femme, ils forment un couple abîmé par les ans, comme on en voit tant. Leurs querelles de vieux couple donnent à cette pièce une tonalité comique. Mais là aussi, malgré tout, ils resteront ensemble. Jusqu’au bout. Unis face à la démolition des hommes autour d’eux.
Voici une pièce qui, scandée par la chronologie inéluctable, soulève plusieurs questions. Que puis-je accepter sans passer pour un traître ? Que peut-on faire au nom de l’Art ? Quel sentiment peut survivre face à ces affres de la vie ? Quelle est la part d’un lien entre deux personnes dans la création d’une oeuvre ?
Des problématiques qui resteront bien entendu à jamais sans réponse fixe, une amitié qui va au-delà de tout, ce lien invisible qu’on aurait tort de vouloir de vouloir faire taire.
Happé par le jeu des acteurs, le spectateur ne peut qu’assister impuissant à la perte de deux grands hommes : voici deux pantins abîmés par les rouages de l’Histoire. Il ressortira alors soufflé par cette représentation menée avec maestria par Sandre et Aumont.
Talent, grâce, virtuosité. On aurait tort de s’en priver.
Au théâtre de la Madeleine
20h30 du mardi au samedi,
17h00 le samedi et le dimanche
Tarifs : De 20 € à 58 € selon la catégorie
Ce qu’en dit «Le Figaro» : Ils sont bouleversants, sur une ligne tendue et superbe.
Ce qu’en dit «Le Nouvel Observateur» : Il passe dans Collaboration la vérité des êtres grâce au talent étincelant des comédiens réunis dans l’élégante mise en scène de Georges Werler. (…) Au jeu très fin, très intériorisé de Didier Sandre répond l’ample et profonde palette de Michel Aumont.
Ce qu’en dit «La Croix» : Deux comédiens prodigieux (…)
Ce qu’en dit «Pariscope» : Ce qui séduit le plus dans ce spectacle est indéniablement la prestation des comédiens. Michel Aumont, Didier Sandre, Christiane Cohendy maîtrisent à la perfection l’art de l’interprétation théâtrale.
Ce qu’en dit «Les Echos» : Les deux comédiens se complètent à la perfection. (…) A la fin, la salle salue debout la performance des stars.
Je vais justement passer le WE à Paris…
Je vais étudier la question. 😉
Tu aurais vraiment tort de t’en priver, surtout que d’après mes souvenirs, Zweig est loin de te laisser indifférente. 🙂
Bonjour Leiloona, je suis contente que la pièce soit reprise après plus d’un an d’interruption (j’avais été peinée pour Didier Sandre que j’adore comme acteur). J’ai donc vu la pièce en octobre 2011: génial. Voir mon billet http://dasola.canalblog.com/archives/2011/10/15/22303234.html du 15/10/11. J’ai d’ailleurs essayer de trouver un CD de La femme silencieuse dont il est question dans la pièce, sans succès. Bonne après-midi.
Ah je file lire ton billet ! 🙂
Et as-tu essayé de trouver l’opéra sous son nom d’origine « Die Schweigsame Frau » ?
Heeeeeeeeey Dasola :
http://www.amazon.com/Strauss-Schweigsame-Frau-Alois-Pernerstorfer/dp/B000001GMS
Voici le CD ! 😉
Bonjour Leiloona, merci pour l’info, mais ce n’est pas Amazon France. J’ai surtout regardé dans ma GRANDE Fnac dans le centre de Paris pas loin d’où je travaille et je n’ai pas trouvé. C’est n’est pas le titre le plus demandé de Richard Strauss. Bonne après-midi et merci encore.
J’ai très envie de voir cette pièce mais je ne suis pas sûre d’aller sur Paris à temps. Espérons qu’elle tournera ensuite…
Oui, j’espère aussi, ce serait dommage de ne faire profiter que les parisiens !
Je l’ai vu il y a quelques mois puisqu’ils ont fait une tournée en province avant Paris. Une très belle soirée. La prestation finale de Michel Aumont est impressionnante !
Oh que oui, gorge serrée en sortant … J’ai eu du mal à revenir au réel.
je suis d’accord, les comédiens méritent leur réputation 🙂
pas mal sinon cette image avec l’affiche au milieu des acteurs
ma critique :
http://critique-ouverte.blogspot.fr/2013/02/zweig-et-strauss-dans-collaboration.html
Oui, bien aimé la symbolique aussi ! 😉 Je file découvrir votre blog !
Moi aussi je l’ai vue en province (trop la classe les spectacles qui passent à St Quentin avant Paris, je ne savais même pas que ça existait 😛 ). J’ai trouvé le jeu d’acteurs irréprochable ; après pour ce qui est du reste, c’est une pièce qui ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. Ce n’est pas que c’était mal mais c’était juste très lisse et convenu. Je n’ai pas été touchée plus que ça, dommage.
😆
Je crois que la pièce a déjà été jouée sur Paris, qu’il s’agit d’une reprise ! 😉
Ah oui convenu ? Dommage en effet.
J’en sors, enfin je l’ai vue hier soir et oui, c’est une réussite. Michel Aumont est extraordinaire.
Les deux sont extraordinaires, mais c’est vrai qu’on retient la prestation finale magistrale d’Aumont.