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Publié le 11 février 2013, par dans # Parfois j'écris ..., Atelier d'écriture, Une photo, quelques mots.

robes

Un petit carreau.
Le premier.
Celui de notre enfance. Nos jeux insouciants, main dans la main avec toi,  soeur de coeur, double adoré.
Moi la blonde, elle la brune.
Un même chemin de vie.
Une voie royale s’ouvrait devant nous.
Rires et délires.

Un deuxième carreau.
Celui de notre adolescence. Les sorties, les interdits. L’apprentissage de la vie. Jalousie, amitié, amour. Mais toujours ensemble. Ta main dans la mienne.
Chemin rétréci, mais praticable.
En route vers l’âge de raison.

Un troisième carreau.
L’entrée dans l’âge adulte. Ta disparition. Ce gouffre en moi. Mes mains tendues vers ce vide. A jamais seule.
Voie sans issue, voie de garage. Une vie à recommencer.

Carreaux blancs.
A jamais brillants par ton absence.
Carreaux muets.
Inutiles à consulter.

Que dire à part le silence ?

Revenir alors sur d’autres carreaux.

Les colorés.
Nos jeux dans la cour de récré. Une vie à imaginer, à façonner.

Nos robes, marelle et mosaïque de notre vie.
Petits carreaux photographiques.
A jamais enterrés. A jamais figés.

© Leiloona, le 10 février 2013

Crédits photo © Romaric Cazaux

 

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 Le texte de Morgane : 

CATHIE

 Ma très chère Cathie,

Cette semaine, je prends ma plume pour t’écrire car je ne vais pas pouvoir venir jeudi : J’ai eu beau insister auprès de mon patron sur l’importance pour moi d’être libérée le jeudi matin mais il n’a rien voulu savoir … Il n’a pas cédé … Il veut absolument que je sois là lors de la visite de ses futurs (éventuels) clients anglais. J’ai de plus en plus de mal à le supporter ! Il est aussi aimable qu’une enclume. Je me demande s’il n’avale pas un balai tous les matins au petit déjeuner …

Je joins à ma lettre une photo de nous deux, enfants, retrouvée dans un tiroir d’une commode de Mamy Colette. Le vague à l’âme, nous vidons petit à petit sa maison dans le but de la mettre en vente pour couvrir les frais indécents de son placement  en maison spécialisée. Le démon Alzheimer fait de plus en plus de ravage ce qui déculpabilise (un peu) ma mère de l’avoir placé dans cet endroit triste et médicalisé. Elle redoute le jour où sa propre mère l’appellera Madame lorsqu’elle franchira le seuil de sa chambre…

Te souviens-tu du jour où cette photo a été prise ? C’était lors d’une de ces fameuses soirées camping que l’on affectionnait tant. C’était toi qui avais pris l’initiative d’inventer pour l’occasion cette chorégraphie sur un tub de Claude François : « Alexandrie Alexandra » me semble-t-il …

Je me souviens de la petite fille volontaire et rieuse que tu étais alors … J’aimerais tellement revoir briller tes yeux de milles étoiles comme à l’époque. J’aimerais tant que tu retrouves le sourire.  Je ne t’ai pas trouvé très en forme jeudi dernier et ça m’a attristé. Je voudrais tant que tu cesses de te renfermer  dans ce sentiment de culpabilité. Il ne s’agissait que de défense : C’était lui ou toi ! Si tu étais coupable, tu serais enfermée pour plus de 20 ans et non 7. Enlève-toi de la tête que c’est de ta faute ! Tu n’en pouvais plus, tu étais à bout de force, à bout de d’espoir, à bout de tout … Et la haine a pris le dessus. L’issue de votre histoire était de toute façon fatale … Ces pluies de coups ne pouvaient plus durer. Avant que tu lui ôtes la vie, il avait ôté celle de l’enfant que tu portais sous une rafale de coups de pieds… Tu aurais été la prochaine.

Je suis là Cathie. J’ai toujours été là ; même quand tu m’as mise de côté pour éviter d’avoir à m’expliquer les marques sur ton visage. Je serais toujours là. Dans 4 ans, le jour de ta sortie, je t’attendrais devant cette grande porte bleue. Je tacherais de te faire goûter à une vie faite de petits riens qui forment le bonheur simple au quotidien. Plus que 4 ans et tu seras libre. Ma maison te sera grande ouverte.

Je te joins également un dessin fait spécialement pour toi par Lola.

Pierre pense bien fort à toi.

Je t’embrasse comme je t’aime. Tu accompagnes mes pensées chaque jour.

Ton amie de toujours.

Céline

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 Le texte de Jacou  :

La vie

 

Robes à carreaux

Sucettes et dragées multicolores

Deux petites filles

Avancent vers leur avenir

L’une brune, l’autre blonde

Mais qu’importe

Elles sont là, elles sont bien

Tout le destin du monde

Est dans leurs mains.

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 Et voici vos liens : 

Soène : La vie est belle

K Mill : Été 69

Yosha : Le fossé

Gaëlle : Mon trésor

Mamido : Les demoiselles de la Rochelle

Cardamone : Ensemble

Zelda : Soeurs

Emeralda