On ne peut rester de marbre face à cette couverture. Une femme tondue, digne, le regard franc. Une de ces femmes chantées par Brassens avec « La Tondue ».
Malgré le titre, ce n’est pas le destin de Juliette qu’il nous sera donné de lire, mais plutôt celui de son fils, cet enfant bâtard, né pourtant de l’amour de Juliette et d’un médecin allemand. Tristan Cabral témoigne ici de sa souffrance d’être cet enfant.
Il retrace alors son parcours : des paroles jetées à son passage, de ce père qui l’a élevé, de l’absence de son vrai père, de sa mère à jamais emprisonnée dans un amour fichu et détruit par l’Histoire.
C’est l’Absence qui résonne à travers les mots de Tristan Cabral, ce trou béant à jamais ouvert, cette blessure à jamais purulente.
Le roman revient alors sur le poids de l’histoire familiale : et si une vie entière ne pouvait s’épanouir à cause d’un passé trop lourd à porter ?
« Naufragé de naissance, j’avais très vite compris que seul l’Absent est aimé.
Les mots résonnent et se répercutent sur le lecteur, qui ne peut qu’être capté par la parole de cet homme. En filigrane se trouve toujours cet enfant qui crie sa souffrance, mais que personne n’entend.
Mais une chose est sûre : à travers ce roman, le lecteur ne pourra que recevoir, si ce n’est comprendre, ce destin déjà brisé bien avant de naître.
Une lecture toute en émotions.
Je vous glisse en dessert ce poème qui termine le roman :
Un jour, les oiseaux-feu quitteront mes paupières ;
alors dans mon cartable, il y aura du ciel,
alors mon corps aveugle s’habillera de lierre
et qu’on me couche alors dans un lit d’immortelles !
Auteur Tristan Cabral
Éditeur Le Cherche-Midi
Date de parution 25/01/2013
Collection Récits
ISBN 2749126525
EAN 978-2749126524
95 pages
13 €
Aifelle : C’est difficile de rendre compte de cette lecture à l’écriture magnifique, où perce en permanence une souffrance liée à l’enfance et une révolte qui trouvera à s’exprimer dans les années 68-70.
Keisha : Un fort joli texte, dépouillé et intense, sobre et éclairant. Son parcours et ses engagements méritent d’être connus.