De la Callas, nous avons tous en tête sa magnifique voix. Sa liaison avec Onassis aussi … Mais quid de la véritable Callas ?
La pièce s’ouvre à New-York : une jeune fille et sa mère sur scène. Pour le moment, la jeune fille ne s’appelle pas encore Callas, mais Sophia Cecilia Kalos. Un peu ronde, très myope, une mère carnassière, un frère mort et pourtant omniprésent … mais déjà cette superbe voix reconnaissable entre toutes.
Nous retrouvons ces deux femmes peu de temps après. En Grèce, cette fois-ci. La voix de Sophia fait déjà parler d’elle, et tourne autour d’elle un impresario qui deviendra son mari. De lui, elle ne demande que peu de choses : maigrir, avoir un enfant… Pour ce dernier, elle est même prête à arrêter sa carrière. Mais autour d’elle, on ne vit que pour sa voix. Et aussi l’argent qu’elle peut apporter.
Nouvel acte.
Arrive alors sur scène La Callas : amaigrie, elle a laissé derrière elle sa mue de femme trop ronde.
Mais toujours pas d’enfant à l’horizon. Sous nos yeux une nouvelle créature a vu le jour.
A l’origine, donc, une blessure maternelle, qui sera vite suivie celle de cet enfant absent et tellement désiré. Sous les yeux des spectateurs, une femme atrocement blessée mais aussi courtisée. Surtout pour sa voix, d’ailleurs. De tout ceci est né un être étrange et paradoxal fait de certitudes et de blessures.
Si cette métamorphose suscite l’intérêt, et est jouée avec brio par les deux comédiennes qui incarnent La Callas, il n’en est pas de même pour les « à-côtés » qui tombent parfois dans le vaudeville. Bien trop souvent ramenée à des histoires de c** ou d’orgueil (qui sont certes véridiques), la pièce laisse finalement de côté toute la carrière éblouissante de la Callas. Mais à ce titre, comment en rendre vraiment compte ? Là encore, comment une comédienne aurait-elle pu assurer en play-back tout le pathos contenu dans la voix et la posture de la Diva ? Il saurait été presque parodique de l’imiter …
En outre, même si la pièce regorge de clins d’oeil à la tragédie grecque, comme ces Parques incarnées par Jackie Kennedy, le premier mari de Callas et la mère de celle-ci, Parques qui dévident leur bobine de vie … Nous sommes malheureusement plus proches du vaudeville que de la tragédie.
Certes, voici une femme brisée par la vie, par ces mauvaises rencontres, par un passé familial trop pesant, trop proche de cette démesure, de l’hybris propre aux hommes, mais c’est aussi une femme animée par ce désir de reconnaissance et cette soif d’être aimée, et il était sans doute difficile de traiter ce paradoxe sur scène. Ou du moins de le montrer en raccourci …
Malgré tout, le choix de faire jouer sur scène simultanément les deux Callas, la plus jeune et la femme « mûre » permet un joli dédoublement de personnalité, accentuant alors la tension dramatique. Les deux Callas se répondent en un écho enclin à montrer la souffrance de cette diva.
La voix de la vraie Callas, entre les actes, fera le reste, nous emportant au delà des rives de l’illusion théâtrale …
Un vaudeville chez les Grecs qui montre davantage la femme brisée par manque d’amour que la Diva, forteresse imprenable …
La Véritable Histoire de Maria Callas, de Jean-Yves Rogale
Mise en scène : Raymond Acquaviva
Avec : Andréa Ferréol, Pierre Santini, Sophie Carrier, Lola Dewaere, Raymond Acquaviva, Cécile Pallas, Julia Froget
Scénographie : Jean-Michel Adam
Créateur lumières : Jacques Rouveyrollis
Concepteur sonore : Raphaël Lemonnier
Créatrice costumes : Rowena Forrest
Costumière : Françoise Martel
Théâtre Déjazet • 41, boulevard du Temple • 75003 Paris
Réservations : 01 48 87 52 55
À partir du 22 janvier 2013, du mardi au samedi à 20 h 30, dimanche à 15 heures, relâche les lundis
49 € | 39 € | 29 €