Automne, ou comment cette bande-dessinée à la couverture rétro a gagné le prix de la révélation au dernier festival d’Angoulême …
Elle ne paye pas de mine : ses tons marronnasses, et son petit écureuil pourraient la classer chez les BD vintage des années 70.
Mais il n’en est rien.
Dès les premières pages, le lecteur plonge dans des planches aux allures révolutionnaires. Exit les grandes vignettes, place à des petits encarts dignes des polaroids d’antan. La scène est découpée de façon minimaliste et l’action se déploie au fil des mini vignettes. Un storyboard en quelques sortes où les images découpées s’enchaînent les unes après les autres. Un procédé extraordinaire qui découpe chacun des gestes des personnages.
Le thème tient lui en quelques mots : il s’agit de deux histoires d’arrière saison, des histoires automnales, donc, qui racontent des histoires de héros de la vie quotidienne, des gens comme vous et moi. L’un travaille dans une maison de retraite, l’autre est lycéen et a un job d’étudiant.
La BD s’intéresse donc au quotidien, le découpe et s’immisce dans la vie des gens ordinaires.
Le tout pourrait paraître soporifique. Mais il n’en est rien. Le concept est juste le génie même. Et comme à chaque révolution artistique, on se demande pourquoi cela n’a pas été fait plus tôt.
Ici il s’agit de contempler le quotidien de ces hommes solitaires. Là un écureuil, là une affiche publicitaire. Le regard se pose alors sur des choses insignifiantes, et leur donne alors toute leur noblesse. En somme, Automne est une BD qui réapprend à son lecteur à regarder le monde.
A travers ses bulles, puis sans leur intermédiaire.
L’Art réside finalement dans peu de choses. Inutile d’en faire des tonnes. McNaught le fait de façon minimaliste mais avec un véritable génie.
Marion est aussi tombée sous le charme d‘Automne : Je me suis totalement laissé happer par la poésie, par la finesse et la délicatesse qui se dégagent de ce récit atypique.
Jérôme : Des gens simples, des situations parfaitement insignifiantes, quasiment aucun texte. Il ne se passe rien et c’est ça qui est bien. On prend ce que l’on veut, on imagine, on extrapole. Ou pas. Cet album est contemplatif mais surtout très descriptif. Il s’attarde et dissèque le moindre geste sur des bandes de 4 ou 5 cases. Un procédé répétitif mais qui donne un certain rythme à la narration.
Mango : C’est plein d’humanité, de fraîcheur, de générosité. C’est tout ce que j’aime: la vie qui va comme elle vient. Elle passe pour tous. Plus ou moins lentement.
Dessinateur Jon Mc Naught
Editeur Nobrow Press
Date de parution 18/10/2012
ISBN 190770423X
EAN 978-1907704239
Illustrations couleur
18 €
Lu dans le cadre de » la BD fait son festival » organisé par Priceminister.