Dans le métro, sur les bus, on ne voit qu’elle : l’affiche des « Âmes vagabondes ». Cette adaptation du roman écrit par Stephenie Meyer, auteur de l’incontournable série « Twilight », m’interpellait. Autant les romans m’avaient plu, autant les adaptations n’avaient pas été à la hauteur. Maquillage et costumes de second ordre, allait-ce être la même chose pour « Les Âmes vagabondes » ?
En se penchant d’un peu plus près sur le réalisateur, on s’attend à avoir du mieux. « Bienvenue à Gattaca » (film magistral qui n’a pas eu le succès mérité), et « Time Out », deux des films réalisés par Niccol, projettent aux spectateurs un monde futuriste froid et aseptisé vraiment bluffant ; et si le nom du chef décorateur, Andy Nicholson, ne parlera qu’aux avertis, son travail sur « Charlie et la chocolaterie » ou encore sur « Alice aux pays des merveilles » ne peut qu’être reconnu par la majorité.
L’adaptation promettait donc d’être plus travaillée que celle de « Twilight ».
L’histoire du roman n’a d’ailleurs pas grand chose à voir avec les vampires ou les loups garous. Nous sommes ici dans un monde futuriste : la Terre a été envahie par une espèce extraterrestre qui, pour vivre, a besoin des hommes. Du moins, du corps de l’homme. Nous sommes devenus les hôtes de cette espèce. Lorsqu’ils prennent place en nous, ils récupèrent nos souvenirs, nos émotions, mais nous n’existons plus. Du moins c’est ce qu’il devrait se passer.
Mélanie est, avec son frère, une des dernières humaines à exister sur Terre, on les traque afin qu’ils puissent à leur tour devenir des hôtes. Pour protéger son frère, Mélanie va faire le saut de l’ange. Contre toute attente, son corps survit. On lui implante alors une nouvelle âme. Mais rien ne se passe comme prévu, car l’âme de Mélanie survit et cohabite alors avec celle de Vagabonde. Un corps pour deux âmes.
Nulle déception du côté de l’atmosphère du film : voici un univers futuriste aseptisé et froid. La Terre, décharge potentielle à cause des hommes, a repris de jolies couleurs, les colonisateurs extraterrestres ont réussi à éliminer toutes les traces de guerre et de violence que les hommes n’avaient pu endiguer à cause de leur nature humaine pervertie. Ainsi, s’ils ont colonisé la Terre et ses habitants, on peut aussi se dire qu’au moins eux ne font pas n’importe quoi avec leur planète. Difficile alors de ne les voir que comme des méchants. Et inversement, si ces humains traqués peuvent inspirer de la pitié, ils sont aussi fautifs de l’état de la Terre. Un côté double que l’on retrouve alors chez le personnage principal. Mélanie et Vagabonde ne forment plus qu’une seule et même personne.
Si la voix intérieure de Mélanie peut être surprenante au départ, on s’habitue vite à la coexistence des deux dans ce corps, jusqu’à trouver cela normal à la fin.
Plusieurs problématiques intéressantes sont alors abordées dans ce film. Qu’est-ce qui définit un être ? Son enveloppe corporelle ? Son caractère ?
Bien entendu on retrouve aussi les idées de Meyer à travers cette intrigue. Seule compte évidemment l’âme pure d’une personne, et nul doute qu’un parallèle avec la figure christique doit être fait … Vagabonde et Mélanie font partie de ces âmes pures qui pourront sauver le monde, quitte à se sacrifier pour y arriver. Un peu comme le lion dans « Narnia », finalement … Le retour vers un âge d’or coupé de toutes les nouvelles technologies serait alors la solution pour la nature humaine. Les rebelles, ou plutôt les survivants montreront la véritable voie, et là encore, sauveront l’humanité du désastre jusqu’alors inéluctable.
On suite alors les protagonistes avec leurs doutes et leur foi aussi. Ils aiment, ils se battent pour une cause, ils doutent aussi .. Qui est le véritable ennemi ? Puis-je vraiment aimer ? Quelle place puis-je vraiment occuper ? L’amour fraternel peut-il tout dépasser ? L’autre est-il vraiment mon ennemi ?
Ainsi, « Les âmes vagabondes » est un film avec tous les ingrédients pour réussir au box office : un monde futuriste, une histoire d’amour, de l’humour aussi, des liens familiaux attendrissants, le tout filmé avec les moyens nécessaires pour ne pas produire un film « cheap ». Ajoutons à cela des acteurs talentueux : la jeune Saoirse Ronan fera encore parler d’elle, quant à Diane Kruger il est inutile de la présenter ici.
Deux heures de film qu’on ne voit pas passer, un joli suspens et des idées pas si puériles derrière. Un film à aller voir avec ses adolescents un jour de pluie. Et ça tombe bien, en ce moment, on ne peut pas dire que le printemps soit super présent. (Plus qu’une petite semaine d’attente puisque le film sort mercredi prochain, le 17 avril.)
La Bande-annonce :
Film science-fiction
Date de sortie : 17 avril 2013
Réalisé par : Andrew Niccol
Avec : Saoirse Ronan , Diane Kruger , Max Irons …
Durée : 2h04min
Pays de production : Etats-Unis
Année de production : 2013
Titre original : The Host
Distributeur :Metropolitan