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Publié le 20 mai 2013, par dans # Parfois j'écris ..., Atelier d'écriture, Une photo, quelques mots.
rue

@Romaric Cazaux

Il était toujours là, il m’avait attendue.
Pourtant rien n’avait présagé ma fugue, ce matin. Tout s’était déroulé comme d’habitude. Il avait prévu de m’emmener en balade dès son déjeuner terminé, il avait trouvé une rue sympa qu’il voulait me faire découvrir. De grands espaces verts, de larges trottoirs, une rue idéale pour nos balades.

Nous nous promenions, profitions du beau soleil de juin. Et puis, sans rien dire je m’étais mise à courir. Un sentiment étrange, une urgence qu’il me fallait assouvir. Je ne m’étais pas retournée. Je l’entendais crier mon nom, courir aussi, mais il s’était vite essoufflé. A quoi bon vouloir me suivre, après tout, si j’avais décidé de n’en faire qu’à ma tête ?

J’avais alors erré, avais humé les différentes odeurs particulières de cette forêt attenante à cette large rue. Nombreux avaient été les couples flânant main dans la main, prenant le temps de savourer cette journée ensoleillée.

Puis j’étais revenue sur mes pas : mon escapade ne rimait à rien, j’avais trop besoin de lui, de son regard posé sur moi, de ses mains me caressant le soir devant la télé. Haletante, le souffle court, je m’étais imaginé le pire : et s’il était parti ? Et s’il en avait eu assez de mes fugues à répétition ?

Mais il était là où je l’avais laissé. Il ne semblait même pas être agacé par mon énième fugue …

Ben entendit un bruit face  à lui. Il tourna alors la tête et se retrouva nez à nez avec sa petite chienne labrador. Qu’elle était espiègle, celle-ci !

©Leiloona, le 20 mai 2013

 

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Le texte de Jacou : 

ROBE de MARIÉE

 - Dis, maman, t’as vu la robe de mariée ? Elle est belle.

- Quand je serai grande, je pourrai en avoir une pareil, pour me marier avec papa ?

Plongée dans ses pensées, maman ne répond pas. Elle se revoit, à l’âge de sa fille. Elle revit ces nuits troublées de cauchemars ; où recroquevillée dans le lit, elle attendait. L’ombre se rapprochait, se penchait sur elle ; murmurait à son oreille : « Chut, je ne vais pas te faire de mal. Tu vas voir, on va bien s’amuser. » Elle ne pouvait fuir ces gestes, échapper à ces mains, à cette bouche qui fouillaient son corps. «C’est juste un jeu pour nous deux. C’est notre secret. Ne le dis à personne. »

Les journées, repliée sur son secret, ne pas être comme les autres, mais jouer avec les autres, aller à l’école, parler avec maman.

Il y avait ces temps de vacances, chez papi-mamie ; on jouait aux cartes, on lisait des histoires, on mangeait les cerises et les fraises du jardin, on aidait à arroser les fleurs, on regardait pousser les radis. La nuit, Mitsou venait ronronner à son oreille. Elle était redevenue petite fille, blondinette insouciante.

Puis, le retour dans la voiture avec papa, silencieux, sombre déjà. Son lit, sa chambre, l’attente. Son corps apeuré, dans sa tête tournaient des questions inquiétantes et sans réponse.

Se réfugier dans les bras de maman, se faire toute petite en elle, oublier, disparaître. Mais maman est toujours fatiguée. Il ne faut pas la déranger. Se contenter juste d’un pâle sourire et d’une frêle caresse sur la joue.

- Maman, tu pleures ?

- C’est rien, ma chérie. J’ai une poussière dans l’œil.

Maman se penche sur sa fille, la serre fort dans ses bras.

 

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 Vos liens : 

Mamido : Bianca, oh, Bianca ! 

Yosha : Notting Hill Estévenens

Miss Alfie (bienvenue à toi !) : Quartier

Stéphanie : Il n’est jamais trop tard

Gaëlle : Contemplation chatoyante

Cardamome : Une robe féérique

Jean-Charles : Quarante deux

Cécile : L’attente

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