Il Babbo, Ivan Macaux

il babbo macauxUn père, un fils et une voiture.

Ils partent du Sud et font route vers la capitale : ce chemin sera l’occasion de faire pour le narrateur connaissance avec ce père si peu connu. « Il Babbo » est un personnage à lui tout seul, et pourtant, la vie filant à toute allure, jamais les deux hommes ne se sont vraiment découverts.

La route défile alors, les souvenirs aussi. Les silences et les non-dits sont aussi de la partie.

Ils ont une semaine pour se souvenir de cette vie qu’ils ont partagée, une semaine pour se connaître aussi.

Aux descriptions du paysage suivent ces retours vers le passé familial : moments de premiers bonheurs assez vite remplacés par les bémols de la vie quotidienne, sacrifice de cette mère qui au départ n’avait rien d’une faible …

Voici un premier roman étonnant. Non par son thème, déjà largement exploité en littérature, mais par sa forme, puisque les chapitres alternent entre narration et réflexions du narrateur qu’il appelle son « panthéon ».

Certes, ce fils qui découvre enfin son père par ce truchement d’un voyage en voiture n’a rien d’exceptionnel. Mais assez vite le lecteur s’attache à cet homme qui dévore les livres :

La vérité d’un être se trouve toujours dans un livre : c’est son credo. Pas la peine de dialoguer. Il n’aurait qu’une vision parcellaire de l’individu. Son interlocuteur répond forcément à un chapitre, une page, une ligne.

Au hasard des pages, le lecteur tombera sur des anecdotes truculentes qui pimenteront ce récit somme toute assez banal d’une vie de famille. Dans le désordre : ce sexe démesurément grand qui a valu à Il Babbo de se faire réformer, cette Edith Cresson que le narrateur imagine en aventurière extraordinaire, tout simplement parce qu’elle est passée sous le bureau, mais aussi ce « cul cerise » obtenu sur le trône quand un livre passionne. Du trivial qui ne viendra nullement entacher la narration à forte dominante nostalgique.

Des bouts de vie, donc, qui viennent s’interposer tel un mille-feuilles, à d’autres morceaux de vie moins tendres.

Mais ce qui étonne surtout dans ce roman est l’alternance des chapitres : au périple des petites routes et des enchevêtrements des souvenirs s’intercalent des réflexions du narrateur, ce qui donne lieu à des insertions de personnages historiques assez hilarantes comme Lindbergh, Lee Harvey Oswald, ou encore Camilla Parker Bowles. De petits interludes qui ponctuent la narration comme des pages publicitaires …

Ainsi, Il Babbo est un roman résolument contemporain, par sa forme, et son style aussi. Des phrases assez concises, à l’image de cette route qui défile, de cette urgence tacite qui unit les deux hommes malgré tout.
Des passages touchants, tout de même, mais éloignés d’un quelconque lyrisme. Comme si le père et le fils étaient deux parfaits étrangers l’un pour l’autre.

En somme, une lecture mi-figue, mi-raisin : on ne peut qu’être touché par cette découverte tardive d’une filiation peut-être impossible, mais la narration manque encore un peu de sel, ou de piment. Au choix. A moins que la musicalité des phrases soit encore inconstante … A vrai dire, qu’Ivan Macaux ait auparavant réalisé des reportages ne m’étonne pas : des phrases concises, brèves, syntaxiquement simples. Quelques envolées lyriques n’auraient pas été de trop, même si cette pudeur syntaxique colle parfaitement bien à la relation entre ces deux hommes … timides eux aussi.

 

 

 Titre : Il babbo
Auteur : Ivan Macaux
Éditeur : Stock
Date de parution : 21/08/2013
Prix 18 euros
ISBN-13 : 9782234074163
220 pages

Challenge 1 % de la rentrée littéraire : 6/6

logorl2013

Livre reçu dans le cadre de « on vous lit tout », organisé par Libfly

on vous lit tout

Leiloona
Épicurienne culturelle, elle sillonne villes, et musées, un livre dans son tote bag ... Chaque lundi, elle écrit dans un atelier d'écriture qu'elle anime depuis 5 ans. Museo geek l'hiver, sirène l'été. Elle aime les bulles, le bon vin et les fromages affinés. View all posts by Leiloona →

3 commentaires

  1. Ping : Rentrée littéraire septembre 2013 | Bric à Book - Part 1
  2. Le thème ne me tente pas trop pour le moment, mais pourquoi pas plus tard… pour l’originalité de la construction.

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    1. Hum, cela dit, il ne s’agit que de très brèves pages au sein d’une histoire qui prend vraiment pas mal de place. Un peu comme un trou normand. Je n’irais pas dans un resto exclusivement pour son trou normand ! 😛

      Répondre

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