Après l’amour (atelier d’écriture)

Marion ( Twenty three peonies)

Marion ( Twenty three peonies)

Je la vois en ombre chinoise derrière la fenêtre de la salle de bain. Elle s’apprête à prendre sa douche, comme à chaque fois que nous avons fait l’amour. Elle relève ses cheveux en une arabesque de lianes, les noue avec délicatesse mais n’arrive jamais à emprisonner toute cette masse. Des mèches s’échappent alors, ivres de pouvoir encore goûter au mouvement de son corps.
Sur sa nuque, si j’étais encore derrière elle, je pourrais distinguer quelques scintillements. De la sueur de nos ébats que l’eau balaierait sans vergogne dans quelques minutes.
La voici prête à entrer sous la douche.
Je l’entends chantonner du Dalida. Je souris car je sais qu’elle s’amuse en ce moment à reproduire les mimiques de la chanteuse. Ma belle énergie ne se lasse jamais de chanter, de rire ou de s’esclaffer.

Bientôt un nuage de vapeur passera sous la porte et humidifiera la chambre. Une légère fragrance de gingembre et d’épices chatouillera mes narines sans chasser l’odeur de la cigarette qui terminera de brûler au bout de mes doigts. Je ferme les yeux. Je suis bien. La sérotonine qui envahit mon corps y est bien entendu pour quelque chose, mais je ne me lasse pas de la voir, de la toucher, ou de lui parler. Une évidence incontrôlable qui en a surpris plus d’un, moi le premier.

Mon esprit vagabonde, mes sens s’apaisent, bientôt je dormirai.
Un sursaut d’énergie m’envahit : je le lève, pousse la porte, et deviens moi aussi une ombre chinoise.

© Leiloona, le 2 novembre 2013
Crédits photo © Marion

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 Le texte de Louis : 

J’ai crié dans les nuits entières et sombres
A en perdre l’âme ton nom des profondeurs
Des profondeurs couvrant l’être, l’être de noirceurs
Je ne vois plus tes yeux, tes formes forment l’ombre

A mes yeux berçant dans cette mémoire,
A ces cieux que l’œil oublie pour ces tristes embruns
Puis aux tiens je revois, la beauté de leurs bruns.
Amour qu’as tu fait pour rendre mon âme noire !..

Et je perds de vue, dans le silence ton œil
Il existe des rivages bordés par l’écueil
Mais le tumulte de leur vie jamais ne dure

De la sourde douleur l’âme cherche à s’enfuir
Et rejoindre la mer et ses vastes soupires
Et n’entendre plus qu’en son cœur le murmure

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 Le texte de Jacou : 

EPHEMERE

 

E s-tu mon imaginaire,

P assagère de mes rêves,

H ologramme de mes espoirs.

E s-tu ce fantasme,

M essagère furtive,

E nchanteresse de mes obsessions,

R éapparition  de mes émotions,

E toile filante, à jamais disparue.

 

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 Le texte de Morgane : 

TOI

Il est de ces moments où les choses qui vous entourent paraissent douces ; ces moments qui font du bien comme l’éclat de rire d’un enfant, un arc-en-ciel après la pluie, une coccinelle au bout de l’index. Ces jours là, je me surprend à rire, à rêver, à me projeter vers demain.

Il est de ces moments où au contraire, il est difficile de mettre un pied devant l’autre pour avancer sur le chemin de la vie. Parfois lors des jours de pluie où les trottoirs sont aussi sombres que mes idées, où les balançoires et les bancs publics sont désespérément vides, où l’envie de fuir à jamais est soudain plus forte. Plus forte également ton absence, plus grand encore le vide que tu as laissé en moi, plus difficile d’être vivant alors que tes paupières sont closes à jamais.

Tu me manques tellement ! Je symbolise à moi tout seul le mot manque. Ta main chaude dans la mienne, tes joues roses après nos balades au bord de mer, tes yeux rieurs lorsque l’on se comprenait sans même se parler … Ma vie ne rime plus avec envie depuis que tu es partie : Je me lève pour faire semblant ; Je me couche pour quitter le présent.

Il m’arrive de t’apercevoir dans la maison : une image furtive qui quitte la salle de bain où la cuisine. Même si je suppose qu’il ne s’agit là que le fruit de mon imagination, cette presque présence me réchauffe le cœur, comme si une partie de toi était restée près de moi … Il me semble parfois reconnaître les effluves de ton parfum ; « le même que Maryline » aimais tu répéter … Je t’aime ma Lucie, je t’aime si fort, tout mon être te réclame … Sache que si tes visites éclairs se poursuivent, je ferai l’effort de regarder vers demain. Dans le cas contraire, je trouverai le moyen efficace pour venir te rejoindre … …

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 Vos liens : 

Yosha : La disparition

K Mill : Une ombre

Cardamone : Trois mois de rêves et plus si affinités

JAK : Aujourd’hui plus qu’hier et moins bien que demain

Stephie

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17 comments

  1. monesille says:

    Cette photo fait indéniablement penser à une salle de bain, mais m’a fait manquer un peu d’inspiration, bravo à ton esprit toujours en quête !

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  2. Yosha says:

    @ Leiloona : magnifique captation de cet instant après l’amour… et avant !
    @ Jacou : joli acrostiche en effet !
    @ Louis : très belle plume décidément…
    @ Morgane : forcément touchant ce deuil douloureux… j’aime vraiment beaucoup ton écriture !

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    • Morgane says:

      Ooohhh la la … Merciiiiiii !
      Je te retourne le compliment !! Chaque lundi, c’est TON texte que je file lire en premier … Chaque semaine m’offre une nouvelle histoire qui me ravie.

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  3. Morgane says:

    @ Leiloona : Quelle sensualité se dégage de ton texte – j’aiiiiiime …
    @ Louis : Tout à fait d’accord avec Yosha ; quel artiste des mots tu fais !
    @ Jacou : Chapeau bas Madame Jacou !

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  4. Leiloona says:

    @ Morgane : Je trouve ton texte vraiment touchant et si vrai :  » Je me lève pour faire semblant ; Je me couche pour quitter le présent. ».

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