Adapter la célébrissime pièce d’Edmond Rostand en version clownesque ? Tel est le pari fixé par Damien Luce.
Attiré par la sincérité et le côté anti-héros des clowns, ce metteur en scène a depuis longtemps établi des ressemblances entre Cyrano et les clowns.
Loin de ne se borner qu’au nez qu’on remarque d’emblée (que ce soit le nez « version péninsule » de Cyrano ou celui bien rouge du clown), Cyrano est aussi cet homme incorruptible voué à un sentiment d’échecs, amoureux essentiellement, comme pourrait l’être un clown.
Pourquoi ne pas alors adapter la pièce en version clownesque ? Adapter et non réécrire, voici le but fixé par Damien Luce, qui souhaitait avant tout garder la version originale à jouer. Rien de mieux que les mots d’un auteur, après tout. La réduction s’est donc imposée d’elle-même.
Avec cette version qui sort des sentiers battus, l’accent est mis sur les enfants : leur faire découvrir une pièce classique, par l’intermédiaire d’un jeu très proche des personnages de la commedia dell’ arte.
Le texte classique et en vers, donc, joué par des comédiens tous formés au jeu de clowns.
Les situations s’entrechoquent, la dynamique tient la route, on rit. Souvent. On est ému. Aussi. Surtout à la fin, quand le clown, malgré son nez rouge, offre une très belle envolée lyrique.
Comment ne pas être touché par cette sincérité d’un homme ayant vécu toute sa vie dans l’ombre ?
La pièce mêle donc différents registres : comique, grotesque, dramatique, et même tragique… Mais aussi différentes supports : au texte original s’ajoutent de l’ accordéon, de la harpe, des chants, mais aussi des jeux d’ombres …
Les comédiens surfent alors sur tous les tons, jouent au pitre, font des grimaces, caricaturent, et font de façon surprenante passer le texte de Rostand comme une lettre à la Poste.
Dans la salle, de jeunes enfants captivés par le spectacle, jeux de lumières, mais aussi chants et musiques, cherchent à savoir quand ils montreront de nouveau sur scène, puisqu’ici le quatrième mur n’existe pas. Quant aux plus petits, ils suivent eux aussi l’histoire, de façon étonnante, puisque le texte en vers n’est pas des plus simples, mais la magie de la mise en scène les captive vraiment.
La sauce prend, et on passe 1 h 30 à rire de ces comédiens qui ont réussi à jouer un texte difficile devant un parterre d’enfants médusés.
L’enseignante que je suis ne peut qu’applaudir cette prouesse.
Le Dauphiné : Les spectateurs ont été pris dans le feu d’un spectacle étourdissant par des comédiens brillants, qui ont déboulé sur la scène par où on ne les attendait pas.
Informations pratiques :
Théâtre des Variétés
7, Boulevard Montmartre
75002 PARIS
Jusqu’au 25 janvier 2014
80 minutes
A partir de 10 ans
Chaque dimanche à 17 h
25 €
Succès du festival Off d’Avignon 2012.
Avec dans les rôles de :
Roxane : Stéphanie Lassus-debat, Cyrano : Damien Luce, Christian : Damien Henno, De Guiche : Guillaume Charbuy, Le Bret : Stéphane Malassenet,
Accordéon : Éric Allard-Jacquin,
Harpe : Marta Power Luce,
Auteur : Edmond Rostand.
Mise en scène : Damien Luce. Harpe : Delphine Latil.
De Guiche : Erwan Orain
Accordéon : Maxime Perrin
Roxane : Mélanie Le Duc
Le Bret : Thierry Victor
Ton billet me donne super envie d’aller voir cette pièce dont j’aime déjà tellement le texte
La fin me fait à chaque fois le même effet, et là la version clownesque ne fait que renforcer l’émotion grâce au décalage des émotions … Un sacré personnage.
Ca a l’air vraiment génial !
Une sacrée belle idée menée à bien, que demander de plus ?
Une belle idée! J’adorerais voir ce spectacle aussi…
Bises!
Qui sait, la pièce tournera peut-être en France. Il faut l’espérer pour eux en tout cas, car ils le méritent.
La démarche est vraiment intéressante ! Je regrette d’être si loin, je suis certaine que cela m’aurait plu. Beau billet!
Merci Sabine !
Oui, là je doute qu’ils viennent jusqu’à toi …