J’aimerais avoir
La légèreté
De cet oiseau
Qui m’apprit à voler
Mais mes ailes ont
Des plumes
Remplies
De peurs
De souillures
D’ennui
J’aurais aimé avoir
La légèreté
De cet oiseau
Qui m’apprit un soir
A voler
Mais mes griffes
S’agrippent encore
A des cadavres déchus
Pantins du passé
Qui s’agitent
Sans retenue
Bel oiseau de nuit,
Et si tu m’apprenais
Ta légèreté ?
© Leiloona, le 8 juin 2014
Le texte de Ludovic :
Troisième matin
Troisième matin… Stéphanie se lève, avec toujours ce même vide au creux de son estomac, et ce même froid dans le cœur. Troisième matin… Sans Fred, parti en claquant la porte, après un ultime orage, qui l’aura laissée, elle, seule et complètement perdue.
Troisième matin, qu’elle se lève sans y croire, parce qu’il le faut… mais que rien n’a plus de sens. Tout est devenu machinal, mécanique, sans passion, sans vie… Elle espère que le temps l’aidera, mais pour le moment, elle ne fait que surnager, se maintenir, sans plus rien attendre…
Ce matin, pourtant, elle fait un geste nouveau… Pour ne plus entendre ce silence qui la rend folle, qui lui cisaille le ventre, elle allume la radio de la cuisine… Celle de Fred. Les autres matins, il l’avait déjà allumée avant son arrivée dans la cuisine. Depuis deux jours, la radio était comme elle… silencieuse, presque morte… Alors pour combler le vide, les mots d’un journaliste lointain seront déjà un début…
Elle tourne le bouton, et regrette presque aussitôt… Cela lui rappelle les autres matins, ceux avec Fred, et en plus le journaliste annonce que le temps sera à l’orage, et qu’elle devrait sortir son parapluie…
Elle éteint la radio, se met à pleurer… cherche son parapluie, le trouve, sort, regarde le ciel… Nuageux derrière l’azur… menaçant derrière le calme…
Une goutte tombe sur son bras nu. Elle ouvre le parapluie… le manche en bois au creux de sa main la rassure, et la plonge dix ans en arrière…
Elle est à la fac, sort de la bibliothèque sous une pluie battante, et court pour rejoindre le bus. Un homme court derrière elle, et lui propose un coin de son parapluie, comme dans la chanson… Cet homme, elle ne l’a plus quitté jusqu’à il y a trois jours… Et si ce parapluie pouvait une nouvelle fois provoquer la fatalité? Elle se met en marche, prête a forcer le destin en croisant quelqu’un sans parapluie sous cet orage qui gronde déjà…
Finalement, ce troisième matin pourrait bien ressembler à un vieux matin d’il y a 10 ans…
Voici vos liens :
Jacou : Peau de chagrain
Bene : Ciel
Cléo : Entre ciel et terre
Gaëlle : la disparition des surnoms
Summum de la liberté être un oiseau…
Et le troisième jour elle revit avec son parapluie mais attention si l’histoire bégaye elle ne recommence pas !
Oui, mais tellement vulnérable aussi …
@ Leiloona: le poids du passé… quels dégâts fait-il ! Très beau texte. Le conditionnel évoque un grand regret; mais il n’est (jamais) trop tard !
Arff, oui, mais si nous n’existions que grâce au présent, nous ne serions pas non plus super intéressants. 😉
@ Ludovic: Une jolie note d’optimisme à la fin du texte, comme ces coins de ciels bleus.
Pour les deux textes, j’espère que le positif va l’emporter. Ludovic : j’aime bien la note d’espoir à la fin du texte avec ce parapluie source de rencontre. Leiloona, j’espère que le prochain poème recèlera cette notre d’espoir attendue.
Ah, je ne fais pas de suite ! 😛