A l’Encre russe, Tatiana de Rosnay

Il suffit parfois d’un titre pour avoir envie de lire un roman …
Un titre engageant, un auteur à découvrir, une thématique prometteuse aussi …

Nicolas Kolt est l’auteur d’un unique roman : L’Enveloppe. Mais quel roman ! Un tirage mirifique, une adaptation cinématographie qui a valu à Robin Wright un oscar … Un best-seller que tout le monde a sur les lèvres. On pourrait se dire que Nicolas est le plus heureux des hommes, mais il n’en est rien.
Tout le monde l’attend au tournant et ne cesse de lui demander où en est l’écriture de son second livre. Mais Nicolas Kolt est bien trop occupé à profiter des louanges des uns et des autres, à twitter, à regarder sa page facebook pour vraiment penser à l’écriture.
Rien ne lui vient. Le vide, le néant.
Alors il triche, il fait semblant d’écrire … mais sa plume devient sèche et sa page reste blanche.

Voilà qui tournerait presque à l’obsession, surtout depuis que son regard a croisé celui d’une grande éditrice, la plus grande, celle qui pourrait le rendre encore plus célèbre. Partagé par l’envie de rester tranquille avec Malvina, dans cet hôtel de la côté toscane, et celle de devenir le romancier le plus en vue, Nicolas va se faire rattraper par un mystérieux photographe qui ne cesse de poster sur facebook des photos de lui en vacances.
Un jeu de piste commence, Nicolas s’énerve et voudrait que ce jeu cesse …
Lui-même de son côté a commencé un tout autre jeu avec une femme. Des sextos savoureux qui redonnent un bel appétit sexuel et animal à Nicolas. Face à la nonchalance de Malvina, voilà qui est parfait …

Nicolas n’a donc pas la conscience tranquille. Et ce, doublement. Il voudrait vraiment commencer son second livre, mais rien ne lui vient. Il se souvient alors de l’écriture de son premier, alors qu’il était encore avec Delphine. Là, sur un coin de table, l’écriture de ce premier roman était une urgence, les mots sortaient tout seuls, il les vomissait presque sur sa page … des mots qu’il devait surtout pour retrouver un peu de ce père mort des années plus tôt …

A l’Encre russe est un roman qui fourmille d’idées et de chemins. De nombreuses thématiques s’entrecroisent et forment un ensemble bien savoureux. L’écriture, la filiation, l’amour, la renommée, le tout dans un décor plus que luxueux. Mais tout semble avoir un côté négatif et positif. Le luxe de l’hôtel est étouffant, la plastique parfaite de Malvina est à peine désirable, la renommée de Nicolas Kolt pourrait lui valoir bien des soucis, ce premier roman est une source de tourments inépuisables …

L’écriture de Tatiana de Rosnay donne à voir, à entendre et à toucher. On est là, avec Nicolas, au centre même de cette souffrance. On voudrait pouvoir le plaindre, et pourtant on ne peut pas. Non, cet homme-là est un de ceux que le succès a rendu aigre et inintéressant. Superficiel, disent tous ces anciens proches. Son ancienne petite amie, son meilleur ami, sa mère même en ont fait les frais, et c’est maintenant à lui de payer et de geindre comme un petit enfant quand il comprend ce qu’il a perdu.
Mais Nicolas Kolt a énormément de ressources, et on se demande vraiment s’il est encore possible pour lui de redevenir un homme attachant.
Pourtant, toute sa quête faite lors de l’écriture de son premier roman est admirable. On aime cet homme, ses peurs, ses recherches passionnantes.

A l’Encre russe est donc un roman ambivalent, tout en montagnes russes … Le positif et le négatif s’entrecroisent, on ne sait plus quels sont nos sentiments ni quelle va être la fin.
Un roman tout en sensations et en réflexions, un  récit bien mené qui emporte son lecteur sur le terrain de l’addiction. Le seul bémol viendrait de cette fin abrupte et décalée, de ce coup de théâtre qui permettra à Nicolas de retomber sur ses pattes. Une fin grandiose, à l’image d’une âme russe (?), mais là où j’attendais une réponse à la quête identitaire, Nicolas Kolt ne m’a servi que du romanesque rocambolesque.
C’est dommage, mais finalement attendu de la part de ce personnage.

Auteur Tatiana de Rosnay
Traduction Raymond Clarinard
Editeur Lgf
Date de parution 23/04/2014
Collection Ldp
ISBN 2253177547
EAN 978-2253177548
372 pages
7 € 60

L’IrrégulièreVoilà donc un très agréable roman, divertissant et plaisant à lire tout en suscitant une réflexion intéressante sur la littérature. Je le recommande chaudement, même si je dois avouer que je suis un petit peu restée sur ma faim concernant certains points.

24 comments

  1. Eva says:

    Je n’ai pas du tout accroché :-( je ne me suis pas du tout attachée au personnage principal et ai trouvé que tout dans ce roman était vide et creux à l image de Nicolas Kolt…bref rencontre ratée pour moi.

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    • Leiloona says:

      Je ne l’offrirai pas non plus … du moins je n’y penserai pas. Sauf si la personne est sensible au thème de l’écriture.

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  2. Laeti says:

    On y retrouve plusieurs ingrédients de la vie moderne on dirait! J’avais beaucoup aimé « Moka » et « Le voisin » de Tatiana de Rosnay, depuis, « Boomerang » et « Le coeur d’une autre » m’attendent dans ma bibliothèque. J’aime son style, simple mais efficace, et la manière dont elle mène le suspense dans ses histoires, somme toute, banales.

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    • Leiloona says:

      Oui, le roman fourmille de thèmes divers et très bien assemblés qui font de ce livre une histoire des plus sympas. J’ai même eu du mal en faisant mon billet, car tous sont importants … Elle mène bien sa barque. ;)

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  3. titoulematou says:

    Bonjour,
    C’est un livre que j’ai longtemps eu envie d’acheter et sur lequel j’ai fini par tomber à la médiathèque… Je n’ai pas du tout, du tout accroché!!!!!!!!! et je ne l’ai même pas fini!!!!!!!

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      • titoulematou says:

        c’est la chose que je dis à tous mes élèves à qui je conseille un livre: le premier droit du lecteur c’est de ne pas finir un livre qu’il n’aime pas!
        La lecture doit rester un plaisir!

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  4. Jul says:

    Le titre est effectivement accrocheur mais bon les avis sont très mitigés … Je ne sais pas … s’il est à la bibli plutôt que de l’acheter pourquoi pas …

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    • Leiloona says:

      J’ai bien aimé, sauf la fin trop too much pour moi. Le tout est bien mené, et la thématique me plaisait. :)

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  5. zazette97 says:

    Pas plus tentée que ça. Il faut dire que « La mémoire des murs » m’a laissé un tel souvenir insipide que je me suis jurée qu’on ne m’y reprendrait plus :)

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    • Leiloona says:

      :lol:

      Ah zut ! Je ne connais pas du tout ce titre … J’ai « Elle s’appelait Sarah » depuis la nuit des temps, je continuerai avec ce roman-là ! :)

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  6. valou says:

    j’ai l’impression que le final pêche souvent avec Tatiana de Rosnay, alors que le contenu de base est toujours très bon… mais ce roman me fait très envie, malgré tout !
    ton billet est super ;-)

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  7. valmleslivres says:

    C’est le deuxième livre de l’auteur que je lisais et le premier qui me plaisait (avec quelques bémols).

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  8. Nadael says:

    Ce roman ne m’a pas laissé un souvenir impérissable. J’ai trouvé le personnage principal tellement agaçant…

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