Lorsqu’un copain m’a parlé de ce journal de bord, j’ai fait des bonds qui m’ont conduite tout droit jusqu’à ma librairie de quartier.
Forcément touchée par tout ce qui se passe en Ukraine, forcément curieuse de savoir comment Kourkov, un écrivain dont j’adore la plume drôle et sarcastique, rendait compte des événements récents de la place Maïdan… Journal du Maïdan était un livre hors du commun par sa forme que je me devais de lire.
Ecrit personnel, le journal de bord n’est pas censé être normalement publié. L’auteur tient d’ailleurs ce journal depuis 30 ans, et malgré les sirènes des éditeurs, il n’avait jamais voulu le publier. Les événements de la place Maïdan ont changé la donne et Kourkov a accepté de publier ce carnet de bord.
Il était d’autant plus touché par cette révolte qu’il pouvait la vivre de l’intérieur, puiqu’il habite à côté.
Le lecteur suit alors un bout de vie de l’auteur. Aux notes personnelles sont ajoutés des rappels historiques : l’Histoire de l’Ukraine est assez complexe et est assez mal connue. Il y a encore quelques années encore, nous étions souvent assimilés aux Russes … Et la guerre actuelle ne peut se comprendre sans bien connaître les tensions historiques entre l’Ukraine et la Russie.
Les rappels sont concis, des notes sont aussi ajoutées à la fin du livre, rendant alors la lecture plus limpide.
Très vite, on s’aperçoit que les premiers événements de la place n’étaient pas du tout politisés. Là s’étaient regroupés des étudiants qui souhaitaient un rapprochement de l’Ukraine avec l’Europe (ce que le président avait promis avant de virer sa cuti …). Bien entendu, les partis de l’opposition ont bientôt pris part à cette manifestation, donnant alors du poids à tout ceci. Le tout s’est alors enclenché très rapidement …
Cette révolte a tout de même un goût particulier. Etudiants sincèrement impliqués, on a retrouvé chez eux des élans patriotiques qu’on pensait d’un autre âge. Ils allaient demeurer là jusqu’à ce que mort s’ensuive (s’il le fallait.) Parfois, d’ailleurs, on a vraiment l’impression d’avoir d’un côté une vision romantique (révolutionnaire) des étudiants face à un mastodonte qui n’hésite pas à écraser ses opposants avec des pratiques staliniennes …
On ne lit pas ce livre pour retrouver le style d’Andreï Kourkov. On le lit pour son témoignage au jour le jour de la révolte de la place Maïdan. Avec un goût de soufre et de sang en bouche, le lecteur suit les pas de l’auteur. Écrivain engagé pour la cause ukrainienne, l’auteur ne fait pas dans la dentelle, mais pose un regard que j’ai trouvé vraiment objectif sur le conflit ukrainien. Enfin j’avais l’impression de lire LA vérité sur l’Histoire de l’Ukraine.
«Tout ce qui se passe en ce moment en Crimée était préparé et planifié depuis longtemps par Vladimir Poutine.» disait-il en mars dernier. Ou encore : «Tout le problème vient de Monsieur Poutine qui ne veut pas perdre l’Ukraine, avec laquelle il a essayé de construire un nouveau monde russophone, pas nécessairement l’Union Soviétique, mais un espace où on parle russe et où on reconnaît Poutine et Moscou comme le centre du monde slave. Tout dépend de lui. S’il décide d’arrêter les provocations dans l’est du pays, je suis sûr que la paix va revenir.»
En somme, voici un journal de bord incontournable pour ceux qui souhaiteraient comprendre tout ce qui se passe en Ukraine. Précis, concis et objectif, au détour on retrouve même quelques traits ironiques qu’on aime tant chez Kourkov.
Auteur Andreï Kourkov
Editeur Liana levi
Date de parution 24/05/2014
Collection Essais
ISBN 2867467330
EAN 978-2867467332
285 pages
17 €
Ce type d’écrit n’est pas ma tasse de thé, mais je découvrirais bien cet auteur, as-tu d’autres titres à me suggérer?
Ah oui, je te conseille « le Pingouin » !
J’adore Kourkov mais j’ai peur que ce livre soit trop politique pour moi… je m’intéresse beaucoup aux pays de l’Est mais plus à travers les romans du coup (mais qui en disent long, hein!)
Mais vu que c’est Kourkv (et que je l’adore), peut-être que je tenterai un jour.
(Tu parles Ukrainien du coup ? Tu l’écris?)
Alors, oui, ce n’est pas du tout romancé. Aucun suspens ou effet à le produire … je l’ai lu par petites tranches, cela fait presque un mois que je l’ai acheté …
Mais il reste le génial Kourkov et cela se voit aussi dans ses écrits.
Sinon, non je le lis mais sans le comprendre, ou seulement des bribes … Je saisis certaines phrases ou tournures grâce au russe, que j’ai appris durant 6 ans. Mon père ne voulait pas que j’apprenne l’ukrainien avant le français car il avait subi petit des moqueries et ne voulait pas que je subisse la même chose.
Je le regrette amèrement aujourd’hui.
Ce me fait penser à ma famille… je pourrais parler deux autres langues, mais non, mes ancêtres ont décidé de n’utiliser que le français, pour la nouvelle génération…
Je crois qu’ils ont souffert de manque d’intégration et ne voulaient pas le reproduire pour leur enfant. Compréhensible, même si c’était une autre époque, avec d’autres moeurs. Dommage, oui.