Regards sur les ghettos (exposition)

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Il est des lieux que l’on repousse. Crainte d’être submergé par l’émotion ? Peur de l’insoutenable atrocité de l’être ?

Le Mémorial de la Shoah fait partie de ces lieux de mémoire qu’on visite alors quand on est élève.  Rarement pour une soirée. On n’y va certes pas par souci de divertissement.

J’ai alors profité d’une visite programmée avec les pétillants membres SMV (une soirée, un musée, un verre) pour découvrir ce haut-lieu chargé de mémoire. Je m’attendais à être submergée par l’émotion, à sortir du mémorial le coeur lourd de l’innommable.
Il n’en fut rien. Sans doute parce que ce mémorial ne tombe jamais dans le pathos, rien de démonstratif, tout est dans le factuel.
Dire et transmettre pour ne pas oublier.

L’exposition permanente revient sur différents points de la guerre. De la montée du nazisme à l’accomplissement de la doctrine. Sans mise en scène, si ce n’est la chronologie obligatoire, affiches, livres, extraits de journaux, objets du quotidien, photographies … le spectateur avance progressivement vers l’horreur inéluctable. La deuxième partie (le lieu est en U) revient alors sur l’après … Et se termine sur un vibrant mémorial pour les enfants.
Mettre des visages sur des noms.

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L’exposition temporaire « Regards sur les ghettos » (jusqu’au 28 septembre) met en avant la photographie. QuelS regardS pouvons-nous porter sur les ghettos ? Pourquoi ne pas montrer de ce lieu des images inattendues ?
Le Mémorial de la Shoah a eu alors envie de compiler 500 photographies de ce que furent les ghettos.
Des scènes de joie, des visages souriants malgré l’horreur, des enfants qui jouent aux osselets, des jeunes filles qui fêtent un diplôme alors qu’en arrière plan les barbelés sont bien présents, un café rempli d’une certaine dolce vita (oui, le contraste est saisissant, je vous assure), un père qui joue avec son fils, de belles femmes qui posent le regard franc et direct, posé sur l’objectif sans animosité. Des images de propagande ? Ou bien la vie qui malgré tout cherche à trouver une petite place dans cet innommable ?

De jeunes femmes qui fêtent un diplôme.
De jeunes femmes qui fêtent un diplôme.
Jouer au gendarme et au voleur. L'ironie du ghetto.
Jouer au gendarme et au voleur. L’ironie du ghetto.

 

La vie malgré tout.
La vie malgré tout.

 

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Une mère a gardé le photomaton de son fils dans sa bouche.
Une mère a gardé le photomaton de son fils dans sa bouche.

Bien entendu, d’autres images, atroces, viendront supplanter cette joie. Là aussi, des gens qui posent, un cadavre dans les bras, il porte un corps qui n’a plus rien d’humain. Et pourtant, il pose devant cet objectif …

Une mère séparée des siens.
Une mère séparée des siens.
L'horreur qui côtoie le
L’horreur qui côtoie le « quotidien ».

 

Un autre regard ...
Un autre regard …

 

Le corps de l'horreur. La distorsion de deux réalités.
Le corps de l’horreur. La distorsion de deux réalités.

 

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Différents regards, donc. Des témoignages indispensables.
On revient aussi sur l’ambivalence de l’image, vecteur de propagande, témoignage ? Comment tromper l’autre ?

J’en suis ressortie chamboulée (comment ne pas l’être ?), mais aussi avec ce fol espoir que la vie se fraie un chemin même dans l’horreur.
La formidable résilience humaine.

Une vidéo de présentation de l’exposition :

Informations pratiques :
Mémorial de la Shoah
17, rue Geoffroy-l’Asnier
75004 Paris
Horaires
Tous les jours, sauf le samedi, de 10h à 18h, et le jeudi jusqu’à 22h.
Tarifs
Exposition : entrée libre
Musée : entrée libre

Leiloona

Museo geek l’hiver, sirène l’été.
Je lis et j’écris durant les 4 saisons.
J’aime le bon vin et les fromages affinés.

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12 commentaires

  1. Je n’aurai pas le temps d’y aller, ce sont des expositions toujours impressionnantes. Je suis tentée par une expo photo qui démarre au Musée du Judaïsme, Roman Vishniac.

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  2. Je n’aurais pas le temps d’y aller mais cette expo avait l’air impressionnantes. Et de part les photos du lieu que tu montre, ce mémorial ressemble beaucoup au Mémorial pour les juifs assassinés d’Europe à Berlin.

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    1. Ah oui ? Je dois aller à Berlin en janvier, justement, donc j’irai voir. C’est très intéressant en tout cas, ce point de vue …
      Je regrette de ne pas avoir fait la démarche d’y aller plus tôt.

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  3. J’ai eu non seulement l’occasion de visiter ce mémorial mais également à une journée sur les génocides ainsi qu’un voyage à Cracovie/Auschwitz-Birkenau. J’y ai vécu mes plus grandes émotions. Leur travail et les efforts de pédagogie sont remarquables.

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    1. Je trouve aussi que le travail fait en amont est impressionnant.
      Je vais à Cracovie à la Toussaint … je ne sais pas si j’aurai la force d’aller visiter un camp d’extermination en revanche.

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  4. Peux tu dire jusqu’à quand, cette expo temporaire? Je suis vivement intéressée (même si j’aurai du mal à m’en remettre)
    Depuis quelque temps, à Tours ou hier encore à Vichy (ben oui) je remarque des plaques à la mémoire d’enfants embarqués lors de ces périodes là… Bonne idée, ne jamais oublier.
    Pour terminer provisoirement sur le sujet, je n’ai jamais oublié l’émotion et le mutisme qui ont saisi mon groupe quand on a visité Yad Vashem il y a très très longtemps(et je te jure que ce n’est pas fait dans le pathos non plus!)

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    1. L’exposition se termine le 28 … c’est peut – être trop court …
      L’émotion était palpable aussi dans notre groupe. D’ailleurs nous sommes allés prendre un verre après … sas de décompression …

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  5. C’est un très beau billet. Je ne vois pas quoi ajouter mais je voulais te le dire.

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