Quand avait-on cessé d’opérer une distinction claire entre monde fictif et rationnel ? Depuis quand l’art dramatique avait-il cessé ? Jouait-on encore la comédie ou se préparait-on à autre chose ?
Antigone, Créon, Hémon, Ismène, Polynice vivent tous dans le Suspend, un village perché sur les hauteurs, mais dont la vie n’a rien d’un jeu. S’ils habitent là-haut, c’est pour échapper à une bête, un monstre sanguinaire nommé Anna Desbrevik. Seuls les chasseurs risquent leur vie pour nourrir les leurs. Armés de lances, ils sont des hommes indispensables pour la survie du clan. Les autres mènent une vie bien curieuse : ils connaissent par coeur Antigone de Sophocle et la deuxième génération du Suspend porte de façon automatique le nom d’un personnage de cette tragédie. Les stances sont alors déclamées comme des lignes de conduite à respecter et desquelles on ne doit pas s’éloigner.
En bas, le Mal rôde, mais qu’en serait-il si un personnage du clan devenait lui aussi mauvais et tentait d’appliquer une tyrannie violente et abjecte ?
La revanche d’Ismène, la blonde, la plus jolie, la plus effacée aussi est sans doute arrivée …
Que dire de ce roman si ce n’est qu’il est à mes yeux la surprise de la rentrée littéraire de septembre ! Voici un premier roman écrit par un auteur à l’imaginaire plus que prolifique qui se sert de ses connaissances littéraires pour construire un univers décalé et à part. Nous sommes loin de l’autofiction nombriliste, mais bien dans un monde crée de toutes pièces par Etienne Guéreau ! Et quel monde ! Ancré dans le réel et la violence, le lecteur se doute bien qu’il s’agit du même monde que celui qu’il connaît, à ceci près que plusieurs choses sont étranges.
Pourquoi en effet ces hommes vivent-ils dans les arbres ? Pourquoi portent-ils en eux des croyances étranges mêlées de contes et de mythologie ? Pourquoi donc font-ils mention de Letwyn Taouher comme d’un symbole de paix et d’union ?
J’ai été happée littérairement par ce roman, outre ces références au mythe d’Antigone, c’est un véritable univers nouveau qui se déploie sous les yeux du lecteur. Celui-ci se demande alors pourquoi ces gens vivent dans les airs, quelle est alors la signification de cette ogresse qui sévit sur terre aussi. Il suit alors le cours du récit, pris dans un engrenage qui revêt alors plusieurs tonalités.
A la mythologie fait place une machination monstrueuse voire même terrifiante, à l’instar des caractéristiques de la tragédie.
Plus qu’un roman qui tient en haleine, cette histoire est aussi l’occasion de revenir sur ce qu’est l’Homme, sur ses aspirations, sur les méfaits aussi du Pouvoir lorsqu’il tombe entre de mauvaises mains.
J’ai alors refermé le livre complètement hypnotisée, hagarde presque. A presque 2 heures du matin. Impossible à lâcher. Depuis Hérode, cela ne m’était pas arrivé.
Quelle construction, quel style, quel imaginaire, quelles réflexions !
Assurément le roman le plus troublant de cette rentrée littéraire française ! Un univers que je placerais presque du côté de Carlos Somoza pour sa richesse. Et dire que c’est un premier roman.
Addictif, oui, le bandeau ne s’était pas trompé. Jubilatoire aussi.
Auteur Etienne Guereau
Editeur Denoël
Date de parution 20/08/2014
Collection Y
ISBN 220711810X
EAN 978-2207118108
20 €
470 pages
Mon Cultura fait référence à Sa Majesté des mouches. Et effectivement je ne peux que le confirmer.
Julie Lannot, toujours pour Cultura : Le clan suspendu est un premier roman très abouti, extrêmement riche et dont le scénario est d’une originalité incroyable ! Les personnages ont un caractère très fouillé, malins, intelligents, parfois dangereux, ils nous amènent dans leurs enquêtes, leurs peurs et leurs folies. Une mise en place assez longue ne doit surtout pas vous décourager, l’action arrive bientôt et là, il ne sera plus jamais possible de le lâcher !
Le roman fait partie de la sélection Talents à découvrir de Cultura, sélection qui mettait aussi en avant la merveilleuse Fractale des raviolis ou encore le Cercle des femmes.
Ce roman fait partie de mes 6 % de livres lus lors de cette rentrée littéraire, ce qui porte mes lectures au nombre de 33/36.
Je suis conquise, merci!
De rien ! 😀 C’est toujours compliqué de faire découvrir un premier roman … les gens ne s’intéressent que peu lorsqu’on leur parle d’un nouvel auteur … Alors que là, franchement, il vaut vraiment le détour. Tu me donneras ton ressenti ? 🙂
Promis!
Joyeuses fêtes à toi! 🙂
😀
Très belles fêtes également ma belle !
Je l’ai reçu et ton avis très enthousiaste me donne très envie de le lire pendant les vacances 🙂 !
Ah oui oui oui ! 😀 Je lirai attentivement ton avis ! 😉 Le début est intriguant … et j’ai mis du temps à rentrer dedans, jusqu’à ce que l’histoire se mette en place et là c’est feu d’artifices ! 😀
Oh mais voilà qui est intéressant !!!!!!!! 😉
J’ai pensé à toi, tu te doutes ! 😀 Bon, Antigone ici n’a pas grand chose à voir avec l’héroïnet tragique … tu verras ! 😉
Tu m’intrigues une fois de plus… 🙂
Hi hi, tant mieux, parce qu’on n’a pas vraiment parlé de ce bouquin qui aurait mérité une mise en avant. 🙂
Intriguant en effet …
Je l’ai été aussi, et je vais faire sa pub à mon entourage : il mérite l’éclairage qu’il n’a pas eu …
J’aime bien ce genre d’histoire truffée d’imagination, je le note.
Alors si tu aimes ces univers particuliers, tu devrais aimer ! 😀 Il sort de l’ordinaire, c’est certain.
Je n’ai vraiment pas accroché à ce roman. Une de mes déceptions de lecture de 2014. Je pense que l’univers n’était pas pour moi.
Ah ben comme quoi … heureusement que nous n’aimons pas les mêmes choses tout le temps, sinon ce serait triste ! 😀
Trèèèèèèèèès tentée !!!
Ah chouette ! 😀
De quoi finir l’année en beauté.
Tout à fait ! 🙂 Et c’était inattendu, vu le sujet. 😉
J’en ai manqué dis donc des pépites de la dernière rentrée ! heureusement que les livres ne sont pas périssables !